Contribuer à une mise en réseau des acteur-ice-s de l’innovation sociale au pays de Brest

Vers un pair à pair de l’innovation sociale ouverte ?

En donnant à voir des dizaines d’initiatives, nous nous rendons compte que l’innovation sociale ouverte est abondante sur le territoire du pays de Brest (et ailleurs si la même démarche est engagée).

Les centaines de personnes concernées ont souvent en commun un souci de partage, de solidarité, de territoires en transition.

En appliquant les méthodologies collaboratives issues du logiciel libre et des projets autour des biens communs numériques nous souhaitons explorer un pair à pair des acteur-ice-s de l’innovation sociale ouverte qui contribue au mieux vivre ensemble et à la transformation du territoire.

Vers un pair à pair de l’innovation sociale ouverte ?

La société du numérique nous confronte à la gestion de de l’abondance.

Donner la liberté à d’autres d’utiliser un contenu numérique ne me prive pas de ce contenu. Ainsi un article une musique, une photo peuvent être facilement lu, entendu ou vu sur le web. Et dès lors que l’auteur le souhaite son contenu peut-être largement diffusé et réutilisé.

Les acteurs du logiciel libre nous ont fait découvrir la pertinence de ces 4 libertés, [1] d’utiliser, de lire, de copier, et de modifier un logiciel. A l’opposé des systèmes de monopoles qui enferment et nous interdisent la diffusion, le logiciel libre facilite l’accès aux outils du numérique et contribue à sa démocratisation.

Cette compréhension d’un objet mis librement à disposition de tous a remis d’actualité la question des biens communs. Sur ce modèle des communautés se sont constitués pour crée de nouveaux bines communs tel l’encyclopédie collaborative wikipedia, les cartes ouvertes d’open street map. Des licences comme les Creative Commons ont été créées pour élargir les droits d’usage et des milliers de blogs, de sites d’images, de musique font le choix de ces libertés élargies.

Apprendre à collaborer entre des milliers de personnes à reconnaître le travail de chacun à organiser les apports contributifs est une révolution méthodologique dans une société habituée à gérer la rareté. C’est du fonctionnement des communautés de contributeurs du logiciel libre et de wikipédia que nous avons appris de nouvelles méthodologies qui crée de nouvelles richesses partagées. Ce sont de nouveaux rapport sociaux qui encouragent et valorisent le pouvoir d’agir des contributeurs et ne sont plus essentiellement basés sur la fonction, le titre ou la place hiérarchique.

Dans un monde numérique où la copie ne coûte rien, les données ouvertes, les logiciels libres, les ressources éducatives libres, et nos pratiques de la musique ou des films copiés sont issus de ce changement de paradigme de la rareté vers l’abondance qui nous fait découvrir la richesse des échanges de pair à pair et du partage.

L’apprentissage des méthodes collaboratives

A Brest c’est à travers les projets coopératifs du CD bureau libre, de wiki-brest,, du médiablog coopératif , des fermes de services que nous avons découvert et appris l’efficience de ces outils et méthodologies collaboratives.

En quelques semaines un groupe de personnes a pu concevoir, maquetter et réalisé un CD d’outils de bureau qui au fil des années a été copié et diffusé à 300 000 exemplaires. Des centaines de rédacteurs contribuent à l’écriture collaborative des carnets du patrimoine et du vivre ensemble de wiki-brest. Des dizaines de sites ont été réalisés avec la ferme à blog en logiciel libre d’infini et de la maison du libre.

La coopération ouverte est un profond changement de culture dans une société où le travail est organisé de manière cloisonnée et hiérarchique. Apprendre à donner à voir, copier, réutiliser, partager demande du temps parce que ce n’est pas dans nos habitudes.

L’expérience nous montre que la coopération qui partage et mutualise est une expérience souvent irréversible. Nous prenons goût à cette forme de co-production où chacun-e est invité-e à co-produire, où sont reconnus celles et ceux qui font plutôt que les responsables hiérarchiques.

Sur Brest ces réseaux d’acteurs qui co-produisent et font le choix du libre s’élargissent chaque année : cartes libres, circuits électroniques libres, ateliers de fabrication (fablab), collectes de photos, coopération avec le musée pour faciliter l’accès aux œuvres, cours massivement ouvert, archives ouvertes,formation à l’animation de projets coopératifs, réseaux de la consommation collaborative.

Et mieux encore beaucoup de ces nouveaux projets sont directement portés par les acteur-ice-s, qui se regroupent et s’organisent pour innover ensemble tel la foire à la bidouille. La ville ou l’agglomération interviennent en soutien et en facilitateur.

C’est tout un mouvement des biens communs qui s’étend petit à petit aux acteurs de l’économie sociale et solidaire, de la culture, de l’éducation populaire, de la recherche et des services publics

L’innovation sociale est abondante

Aujourd’hui l’innovation ouverte progresse dans les entreprises où elle stimule la créativité, dans les services où elle favorise l’implication des personnes, dans le tiers secteur où elle est facteur d’innovation sociale. Stimulé par la sessiondu Forum des usages coopératifs où nous avons pu énoncer plusieurs dizaines d’innovations sociales en quelques minutes nous avons voulu tester la pertinence de l’abondance de l’innovation sociale au pays de Brest.

Et à partir d’un noyau initial de projets soutenu dans l’appel à projet annuel sur le multimédia nous avons élargi la collecte des initiatives dans les champs de la participation des habitants, de la solidarité, du vivre ensemble, du développement durable et de l’économie sociale et solidaire.

En quelques semaines nous sommes passés d’une vingtaines de fiches d’initiatives à 54 projets donnés à voir  et des dizaines d’autres sont en attente d’écriture.

Vers un réseau de pair à pair de l’innovation sociale ouverte

Dans notre société en crise écologique et sociale, la transformation se tisse au sein des territoires : des milliers d’innovations préfigurent un changement possible. Et lorsque nous voyons que l’innovation est abondante parce que les envies de faire société sont partout, nous nous posons la question d’utiliser sur nos territoires ces outils et méthodologies de la coopération pour favoriser un mieux vivre ensemble.

Après avoir montré une première série d’innovations nous souhaitons explorer maintenant ce que pourrait être un travail en réseau des acteur-ice-s de l’innovation sociale ouverte.

Un peu à la manière du centre de ressources de l’accès public mis en place en 2003 sur la pays de Brest nous pensons qu’il est possible de mettre en place des ateliers où chacun peut apporter et apprendre à la fois. Une sorte de réseau d’échanges qui pourrait être une brique de ce pair à pair de l’innovation sociale.

En réalisant une cartographie des initiatives nous souhaitons faciliter l’interconnaissance des acteurs. C’est aussi un des enseignements du bilan de l’appel à projet sur le multimédia qui nous a appris que la rencontre des personnes et la coopération qui en découle était pour elles aussi importantes que l’aide au démarrage du projet.

Cette démarche est celle aussi du croisement des cultures d’acteurs de champs très différents mais qui ont en commun des valeurs de coopération, de partage, de solidarité et d’économie durable.

C’est aussi des portraits croisés qui valorisent l’action de celle et ceux qui font tels ces portraits de la médiation numérique ou de la coopération.

Dans l’innovation sociale nous apprenons souvent en marchant nous avons une idée qui nous motive mais le comment faire s’invente au fur et à mesure. Une fois le projet mis en œuvre il est possible d’aller un peu plus loin dans la formalisation en explicitant le comment faire, les freins et facilitations. Dans ce pair à pair de l’innovation sociale nous pensons que le porteur d’un projet peut devenir ambassadeur, consultant qui aide ensuite d’autres à s’approprier la dynamique qu’il su développer.

Des dizaines d’innovations sociales données à voir c’est aussi favoriser l’initiative de personnes qui n’osent pas se lancer dans une société qui ne sait pas bien encourager les initiatives sociales. Et il nous appartient de chercher à augmenter le pouvoir d’agir qui transforme une envie de faire en projet réel.

Et enfin créer un réseau de dizaines, de centaines de personnes porteur de transformations sociales c’est aussi initier à une autre forme de l’action politique publique celle qui encourage, anime accompagne e rend possible l’implication des personnes vers plus de solidarité et un mieux vivre ensemble.

Voilà quelques trait d’un pair à pair de l’innovation sociale qu’il nous reste à inventer.

La route est longue mais la voie est libre [2]

D’avance merci à celles et ceux qui sur d’autres territoires voudront bien échanger autour de cette démarche et toutes celles et ceux qui sur le pays de Brest participent à ce mieux vivre ensemble.

Quelques liens

[2d’après la phrase de Framablog

Posté le 24 février 2013 par Michel Briand

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