E-inclusion, contribuez aux ateliers des Assises de la médiation numérique à Ajaccio

Les 19, 20 et 21 Septembre 2011, se tiennent les assises de la médiation numérique à Ajaccio. Cet article présente la thématique e-inclusion, une approche déclinée à partir de constats.

Objectifs des ateliers e-inclusion

Texte co-écrit par :

Elisabeth Le Faucheur Joncour, Ville de Brest

Apports théoriques : Annabelle Boutet, Sociologue – Marsouin

Petit préambule :

L’idée de la thématique e-inclusion ainsi que la présentation générale qui en faite résulte d’un choix du collectif de partenaires organisateur des assises.

En qualité de référente de cette thématique chargée de la concrétisation de ces ateliers, je me suis attachée à construire la méthode et à imaginer les questions à travailler à partir d’échanges avec différents acteurs. Cette approche est également et nécessairement empreinte de mes représentations du sujet, représentations construites à partir de connaissances et d’expériences de cette question de l’e-inclusion.

Cette approche est donc singulière, partielle et partiale. Traitée par d’autres, elle serait autre.

Le paragraphe qui suit à pour objectif de faire comprendre la logique mise en œuvre dans la construction de ces ateliers pour que chacun puisse en saisir le sens que j’y ai mis.

Merci mille fois à Annabelle pour ses compléments théoriques et ce travail de co-écriture. (Les apports d’Annabelle Boutet sont en italique dans le texte.)

Au départ des constats/hypothèses

  • L’usage des TIC est une fin et un moyen : avec le développement de l’e-administration et de nombreux services en ligne, la pression sociale augmente pour ceux qui ne maîtrisent pas encore ces outils renforcant le niveau d’exclusion ou de marginalisation de ces personnes. Les TIC sont apparaissent comme un nouveau support de médiation, objets technologiques très fortement valorisants pour les personnes dans leur parcours de reconquête de l’estime de soi.
  • L’e-inclusion est partie d’un ensemble plus global, l’insertion sociale. (cf travaux d’Annabelle Boutet et de Marsouin)
  • La médiation numérique est réalisée dans les espaces multimédia mais pas seulement.
  • Certains publics « éloignés » (socialement, physiquement,….) se rendent dans les espaces publics multimédia….

Mais la majorité de ces publics n’y viendront sans doute jamais car ils ne font pas partie de ce que l’on appelle des espaces de routine ou parce qu’ils sont trop chargés symboliquement par rapport à des trajectoires de vie en crise ou en marge de la société.

  • Le travail fait dans les espaces multimédia en terme de médiation numérique est précieux mais le nombre de médiateurs est insuffisant pour une diffusion et une appropriation sociale des TIC par tous les acteurs du social, de la politique de la ville…. (Effet de masse)
    Parce que les processus d’appropriation ne sont pas uniformes mais le résultat de l’action d’un ensemble d’acteurs, dans une pluralité de lieu.
    En d’autres termes, ce n’est pas quelques heures d’initiation par jour ou par semaine qui suffisent à s’approprier les TIC. L’appropriation se fait dans un environnement peuplé de personnes et de techniques avec lesquels les personnes sont en contact/en interaction et pour cela chaque personne va construire son parcours en architecturant les différentes composantes de son environnement. Il est évident que ce qui se passe dans un espace numérique est articulé avec ce qui se passe au domicile et dans les autres sphères d’activités sociales (professionnel, scolaire, associatif, etc)
  • La médiation numérique est la compétence première des animateurs, leur cœur de métier
  • Elle est parfois, et mériterait de le devenir systématiquement, une compétence associée pour des personnes d’autres secteurs (social, socioculturel, artistique, médical…) qui au quotidien sont en proximité avec des publics fragilisés socialement,
  • Les acteurs du social, des quartiers, du champ médical… sont formés pour comprendre les difficultés de leurs publics. Cette compréhension est ce qui leur permet de réunir les éléments nécessaires pour créer un environnement rassurant propice à la mise en mouvement de leurs publics.
    En effet, certains publics ne peuvent pas aller dans des lieux ordinaires tels qu’une bibliothèque, un centre social…. Il reste dans un environnement connu où ils se sentent en meilleure confiance. Tout est lié à la construction identitaire qui est double car elle est à la fois personnelle (l’idée que l’on se fait de soi) et sociale (l’idée que les autres se font de nous) et chacun travaille à la mise en cohérence de ces 2 aspects. C’est pourquoi un SDF ne franchira jamais la porte d’une médiathèque. Il peut y avoir 2 comportements : soit on cherche les lieux où l’on va trouver les gens qui nous ressemblent ; mais dans d’autres cas on va tenter de se distinguer et chercher les lieux où ce que l’on considère comme fondamental de notre identité est ignorée. Un chômeur par exemple pourra choisir d’aller dans des lieux fréquentés par des chômeurs pour évoluer dans un milieu qui lui est familier mais il pourra aussi faire le choix dans des lieux mixtes où il y a des gens actifs pour avoir l’impression d’être comme eux. Tout dépend alors de la manière dont il construit son rapport à l’identité de ’chômeur’.
  • Le temps de l’appropriation sociale des TIC est un temps long : Dès l’arrivée d’internet dans la sphère du grand public, certains s’y sont mis. C’est le cas pour certaines structures à Brest qui ont un Point d’Accès Public à Internet depuis 1996. D’autres en font la demande simplement aujourd’hui (15 ans après). C’est le cas des Restau du cœur, qui au quotidien accompagnent leurs usagers dans une démarche d’insertion sociale et qui ont perçu l’outil comme indispensable.

Cependant, ces médiateurs sociaux ne se sont pas toujours appropriés eux même les outils et ils ont eux même besoin d’être accompagnés pour conduire des actions touchant au numérique.

L’appropriation consiste avant tout à créer un modèle dans lequel chacun va introduire des éléments de sa bibliographie, de ses expériences face à la technique, de son environnement social et culturel (autrement dit les représentations sociales) modèle qui va lui permettre d’apprivoiser la technique, de se la rendre familière. Toute démarche de médiation doit tenir compte de ce processus et la seule compétence technique ne suffit pas, encore faut-il avoir les outils, les méthodes pour comprendre et interpréter les trajectoires d’un SDF, d’un chômeur de longue durée ou d’un migrant analphabète.


Tout ceci induit que :

  • Des tas d’acteurs d’autres secteurs que le numérique ont besoin des compétences des animateurs multimédia
  • Mais les animateurs multimédia ont aussi besoin des autres
  • Cet accompagnement donné par les médiateurs numériques induit d’autres postures professionnelles, celles de participant, de partenaires à part entière ou encore de facilitateur,
  • Les actions en direction de certains publics doivent être pensées hors les murs de l’espace multimédia,
  • En partenariat, dans une logique d’intelligence collective et d’interconnexion de réseau
  • Les partenaires habituels évoluent et s’ouvrent alors vers d’autres : les élus, les professionnels, les bénévoles du social, du culturel, de l’économie sociale…. peuvent devenir de nouveaux interlocuteurs pour les animateurs multimédia sur un même territoire….
  • Le champ des possibles s’élargit et tout est alors à construire ensemble.

Objectifs des ateliers
(formulés apriori mais toute action à des effets non escomptés…)

En octobre 2005, se sont tenus à Brest des rencontres entres des porteurs de projets e-inclusion (on parlait à l’époque de publics éloignés) venus des 4 coins de la France pour tenter de mettre en commun leurs pratiques. L’idée était également de tenter d’en retirer des éléments de méthode sur la conduite de projets en direction de publics fragilisés.

Après deux jours d’échanges, chacun a pu se rendre compte que la singularité des territoires, des acteurs, des publics…des contextes rendaient impossible la déduction de méthode.

Pas de « recette » toute faite en matière d’e-inclusion….
A défaut de recettes, le travail qui sera réalisé dans les ateliers e-inclusion en septembre prochain à Ajaccio ont pour objectifs :

  • De donner aux animateurs et aux acteurs locaux, une grille de lecture qui aide à la compréhension des composantes d’un projet d’e-inclusion, les aide à s’interroger sur leur pratique, sur la singularité des contextes locaux…
  • De tenter de retirer de toutes les contributions, non pas une recette, mais bien des points communs, des points d’attention, des points forts repérés dans plusieurs projets e-inclusion.
  • D’ouvrir le champ des possibles en permettant à chacun de prendre de la hauteur et de trouver eux-mêmes les pistes en matière d’accompagnement de projet d’e-inclusion.

1. Approche de la thématique

Une présentation des projets selon une typologie liée aux porteurs et aux partenariats

  • Projets/actions portés par les espaces multimédia
  • Projets portés par les Institutions (en partenariat)
  • Projets portés par acteurs des quartiers, du social

Une triple approche pour interroger les pratiques : Des personnes, des structures dans un contexte territorial et partenarial

  • La posture : de la médiation numérique au rôle de facilitateur
  • Le territoire, les territoires : du quartier, à d’autres échelles territoriales
  • Les partenaires : l’interconnexion de réseaux

2. Si vous êtes porteur d’un projet d’e-inclusion, contribuer vous aussi, dès maintenant par un itv et une présentation du projet

N’hésitez pas à mettre en partage votre projet ! Pour ce faire deux méthodes complémentaires :

  • En répondant à ces quelques questions, cet ITV qui sera ensuite mis en ligne (réponses à adresser par mail à Elisabeth Le Faucheur Joncour.

En quoi consiste le projet que vous animez ou coordonnez ?
En une quinzaine de ligne merci d’aborder le contexte, l’origine du projet (un constat, une décision…), son objectif, les publics concernés, les partenaires impliqués, le territoire concerné.

Dans ce projet (ou action qui fait quoi ?
(Quel est votre rôle (médiateur, accompagnateur, facilitateur….), celui des partenaires ? Comment s’est construite cette répartition des rôles ?)

Quels ont été les difficultés, les facteurs facilitants, les surprises que vous avez rencontrés dans ce projet ?

Si vous deviez mettre en partage avec d’autres acteurs sur d’autres territoires, quel est pour vous le facteur de réussite déterminant de ce projet ?

L Idée est de présenter des projets différenciés en matière de publics (difficultés sociales, handicap, difficultés psy, age….) et de montrer différents types de projets partenariaux (avec des rôles différents pour chacun).

Posté le 22 juillet 2011 par Elisabeth Le Faucheur

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Nouveau commentaire
  • Juillet 2011
    09:39

    E-inclusion, contribuez aux ateliers des Assises de la médiation numérique à Ajaccio

    par michelmo

    C’est un beau projet, une belle initiative. Continuez comme ça ! C’est en continuant dans cette voie qu’on contribuera à améliorer notre quotidien à tous. www.telephone-rose