« Téléchargez-moi »

l’appel de quatre-vingt-six artistes contre le projet de loi Creation et Internet

Pour la première fois, la scène du Net s’unit pour publier un texte manifeste intitulé « Téléchargez-moi », qui dit non au projet de loi « Création et Internet », projet présenté en juin par la ministre de la Culture que le Parlement est supposé adopter cet automne.

Quatre-vingt-six artistes de milieux et de pratiques différents (art contemporain, art urbain, net-art, design, architecture, graphisme, littérature, poésie, son, théâtre…) signent cette pétition publiée sur Poptronics.fr lundi 8 septembre et dans « Libération » mercredi 10 septembre. Ce texte exige du gouvernement qu’il revoie sa copie en matière de « riposte graduée ». Concrètement, cette expression désigne une politique fondée sur la surveillance généralisée des réseaux et sur la mise en place d’une politique d’exclusion des internautes via leurs fournisseurs d’accès en cas de comportement contraire à la loi, c’est-à-dire en cas de téléchargement illégal de fichiers musicaux ou de films.

Cette pétition est désormais ouverte à tous sur le site d’Internet mon amour, le collectif d’« artisans » du réseau (chercheurs, artistes, critiques, observateurs et activistes) à l’initiative du texte. Elle sera au centre d’une Rencontre Internet Mon Amour « hors les murs » à Strasbourg le 27 septembre 2008, à deux pas du Parlement européen.
Les Rencontres Internet Mon Amour ont été initiées à Paris au Centre Pompidou au début 2008.

Pourquoi le parlement européen ? Parce qu’il étudie en cette rentrée le « paquet Télécom » grâce auquel la France tente de gagner du terrain en termes de « riposte graduée ». Des signataires et un représentant de la Quadrature du Net, un des groupes d’influence qui œuvrent contre ce texte, seront présents à Strasbourg dans le cadre du festival de musique électronique de l’Ososphère, le 27 septembre à 15h.

La pétition :

« Téléchargez-moi »

Le projet de loi « Création et Internet » que le Parlement doit adopter cet automne nous préoccupe. Il est en total décalage avec notre réalité, bien loin de la « Création » et encore plus de cet « Internet » dont il prétend vouloir réguler les pratiques. Cela dit, il semble très naturel qu’une communauté de cinéastes « défendent cette loi sans réserve » et se fendent d’une tribune intitulée « Culture ne rime pas avec gratuité » dans « Le Monde » du 8 juillet. Comme il semble naturel que l’enjeu industriel soit au cœur de cette loi.

Sauf que. Depuis les débuts du World Wide Web, nous nous sommes pris au jeu de cette mutation et existons 1.0, 2.0, et demain 3.0. Nous sommes les créateurs de demain, sans prétention aucune. Très sérieusement et depuis longtemps, nous nous posons la question du droit d’auteur, celle de la diffusion des œuvres sur les réseaux et de leur réception. Tout comme nous nous posons la question de l’économie de la création, sur l’Internet et ailleurs.

Ce projet de loi est contraire à nos pratiques, tout comme il est extrêmement méprisant des usages et totalement ignorant d’un monde simplement contemporain.

  • Nous souhaitons qu’un projet de loi intitulé « Création et Internet » prenne en compte nos processus de création. C’est un droit.
  • Nous désirons partager et être téléchargés, sans filtrage aucun. C’est une nécessité.
  • Nous espérons que le principe démocratique selon lequel l’œuvre existe ou n’existe pas au travers du regard de l’autre s’applique à cette multiplicité que d’autres nomment « piratage ». C’est une revendication.

L’auteur, le créateur, le spectateur, a muté. L’œuvre est regardée, écoutée, partagée, comme jamais auparavant. Et c’est pourquoi créateurs et regardeurs ne peuvent être filtrés par une loi obsolète et crétine. Une loi qui asphyxie la « Création » et « l’Internet ».

Premiers signataires :

Adrien Mondot, Agnès de Cayeux, Alain Escalle, Albertine Meunier, Alexandre Perigot, Anne Laforet, Annie Abrahams, Arno Fabre, Bérénice Belpaire, Bruno Samper, Caroline Hazard, Cécile Babiole, Cédric Pigot, Chloé Delaume, Christian Vialard, Christophe Bruno, Christophe Fiat, Christophe Jacquet dit Toffe, Claude Closky, David Guez, Dinah Bird, Electronic Shadow (Yacine Ait Kaci et Naziha Mestaoui), Emmanuel Maa Berriet, Emmanuelle Gibelo, Eryck Abecassis, Etienne Cliquet, Etienne Mineur, France Cadet, Franck Ancel, Francis Mizio, Gilbert Quélennec, Grégoire Courtois aka Troudair, Grégory Chatonsky, Invader, Jacques Perconte, Jan Kopp, Jean-Noël Montagné, Jean-Philippe Renoult, Jean-Philippe Roux, Jérôme Joy, Joachim Montessuis, Julien Lassort, Karine Lebrun, Karen O’Rourke, La Boîte Blanche, Louis Bec, Loz, Luc Dall’Armellina, Luc Martinez, Lucille Calmel, Lydwine van der Hulst, Lynn Pook, Magali Daniaux, Martin Le Chevallier, Mathieu Briand, Michaël Borras aka Systaime, M. Chat (Thomas Vuille du Collectif Chat), Nicolas Boone, Nicolas Clauss, Nicolas Frespech, Olga Kisseleva, Olivier Auber, Olivier Le Gal (collectif MU), Pascal Lièvre, Pascale Gustin, Paul-Armand Gette, Pavel Smetana, Pierre Beloüin (Optical Sound), Philippe Castellin (Akenaton/Doc(k)s), Philippe De Jonckheere, Philippe Langlois, Philippe Quesne, Pierre Bongiovanni, Pierre Giner, Ramona Poenaru, Roland Cahen, Shu Lea Cheang, Stéphane Sautour, Sylvie Marchand (Gigacircus), Thierry Théolier aka THTH, Triny Prada, Valéry Grancher, Vincent Elka aka Lokiss, Vincent Epplay, Wolf Ka (Compagnie Respublica), Xavier Cahen.

Contact :

  • petition@internetmonamour.fr
  • info@poptronics.fr
Posté le 15 septembre 2008

licence de l’article : Contacter l’auteur