Les annonces de rencontres sur Internet. L’impact des informations sociales induisant la similarité

Un article de Christine Petr, Nicolas Guéguen (juin 2008) publié par Marsouin

Les annonces de rencontre sur Internet connaissent un développement fulgurant et de grandes entreprises sont nées de la gestion de la mise en ligne de ce type de produits. Pourtant peu de travaux ont été consacrés à ce thème. L’objectif du travail de recherche que nous présentons ici est de faire une analyse des modes de présentation et de valorisation des hommes et des femmes sur ces sites puis de conduire des recherches expérimentales tenant d’étudier l’effet de certains facteurs sociaux sur le jugement des annonces et les comportements de réponses à ces annonces. L’étude de l’impact de la perception du niveau de familiarité entre un émetteur d’annonce (celui ou elle qui l’écrit) et un récepteur (celui ou celle qui l’analyse pour prendre ou pas la décision de répondre) constituera l’objet de recherche ici. Nous avons étudié tout particulièrement l’impact des facteurs sociaux donnant le sentiment que l’annonceur est proche du récepteur (ce que l’on appelle le sentiment de familiarité).

L’objectif de ce projet était d’une part de permettre de faire une analyse exhaustive de la littérature sur le processus de séduction et notamment ceux à l’œuvre sur Internet. D’autres part, le projet avait également pour objectif d’initier des travaux orignaux visant à étudier les facteurs, et tester l’impact de la similarité informationnelle entre des cibles d’annonces de rencontres sur Internet.

Deux composants ont été initiées par ce programme de recherche. La première visait à une analyse exhaustive de la littérature scientifique d’une part sur l’imitation et l’égotisme implicite qui seront les substrats théoriques et méthodologiques des recherches personnelles que nous souhaitions conduire et, d’autre part, les travaux sur le rôle de l’Internet dans la séduction et la rencontre.
1er axe. Analyse de la littérature.

L’objectif de cet axe était de faire une analyse exhaustive de la littérature sur l’impact de la familiarité sur le comportement humain, le faire le tour des recherches sur les travaux portant sur l’égotisme implicite et enfin de faire une recherche et une lecture assez exhaustive des travaux scientifiques portant sur la séduction et la rencontre sur Internet. L’objectif était triple : 1) permettre d’installer une solide connaissance théorique, empirique et méthodologique sur ces thèmes 2) valoriser ces connaissances par la publication d’un ouvrage et de travaux de synthèse sur ces thèmes et 3) permettre de retirer de cette analyse des éléments théoriques et méthodologiques transférables au domaine de l’influence du comportement du consommateur et au comportement d’achat de l’internaute.

Les résultats de cet axe sont présentés en préambule de chaque expérience.
Expérience 1.

Préalable théorique.

La psychologie a mis en évidence, à de nombreuses reprises, l’impact d’une croyance sur le comportement. Or, la recherche montre également que, en matière de séduction, les croyances ont également un impact sur le comportement des différents acteurs. Snyder, Decker Tanke et Berscheid (1977) ont utilisé des étudiants pour effectuer l’expérience suivante. Celle-ci était présentée comme une étude des processus en jeu dans la communication sans face-à-face. On disait au sujet qu’il aurait à engager une conversation téléphonique avec quelqu’un d’autre étudiant comme lui. Ici, un garçon conversait toujours avec une fille. On remettait à chacun des sujets la photographie du partenaire ainsi que certains renseignements d’ordre biographique obtenus par questionnaire. La photo de la partenaire correspondait à celle d’une jeune fille particulièrement attrayante ou non attrayante. Bien entendu, cela ne correspondait pas à la photo de la partenaire réelle qui elle n’était pas au courant de la manipulation en cours et qui n’avait pas reçu de photo ni d’information sur son partenaire. La conversation téléphonique démarrait alors pendant 10 minutes A la fin de la conversation, le garçon devait rendre compte de son impression de sa partenaire à l’aide d’un liste d’adjectifs portant sur l’intelligence, l’attrait physique, l’adaptation sociale... Cette dernière, quant à elle, évaluait la conversation qu’elle avait eu avec le garçon en terme de plaisir, de côté agréable, de perception de son attrait physique et celle que son partenaire avait à son endroit, l’image que son partenaire s’était fait d’elle. Enfin, le contenu de la conversation de la femme était évalué par la méthode des juges et ceux-ci devaient estimer à quel point elle était enthousiaste et vivante, à quel point sa conversation était intime et personnelle, à quel point elle était de bonne humeur. Un autre groupe de juges procédait à la même évaluation à partir des enregistrements des garçons.

Les résultats montreront que les garçons qui croyaient interagir avec une fille attrayante physiquement anticipent qu’elle est sociable, qu’elle a de l’humour, qu’elle est équilibrée tandis qu’ils anticipent qu’elle asociale, sérieuse, socialement non adaptée, maladroite lorsqu’elle est supposée physiquement peu attrayante.

La méthode des juges a permis de voir que le comportement de la cible faussement attribué comme attrayante a différé statistiquement de celui des cibles faussement attribuées non attrayantes : les jeunes-filles sont apparues comme plus assurées, de meilleure humeur, manifestant plus d’animation et appréciant mieux leur partenaire. Le comportement du garçon avec la cible faussement attrayante a également été évalué comme plus sociable, humoristique, plus audacieux, avec plus de manifestations, plus osé sexuellement. Dans le même temps, les jeunes filles dont on a fait croire au garçon qu’elles étaient attrayantes jugeaient ces derniers comme plus attrayants, plus assurés et ayant une conversation plus animée.

Posté le 14 juin 2008

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