Comment résoudre l’inégalité de la participation en ligne ?

Reprise d’un article publié par Internet actu
Dans : Education et formation, eDémocratie, Usages, Brèves - Par Hubert Guillaud le 18/10/2007

(magazine en ligne sous licence Creative Commons)

Les critiques les plus pertinentes de l’idée d’une culture de la participation ont pointé du doigt qu’il y avait seulement un faible pourcentage de gens qui généraient ou partageaient du contenu avec les autres. Même ses meilleurs avocats, comme Bradley Horowitz, ont montré que la pyramide de la participation était surmontée d’un petit groupe de créateur à son sommet, les autres aidant à faire circuler et critiquant ce que les premiers créent. “Doit-on accepter que la nouvelle culture de la participation soit seulement, modestement, un peu plus démocratique que celle que nous avions avant ? Quelles sont les implications de ces inégalités de participation ?”, s’interroge Henry Jenkins, directeur duProgramme d’études comparatives des médias du MIT.

jeanburgess.jpg“Si la culture de la participation est un site citoyen et que la plus active part des participants est déjà une élite privilégiée, alors nous avons un problème : la démocratie a un problème. (…) L’inégalité de la participation n’est pas une conséquence de l’absence d’accès aux logiciels, aux machines ou à la connection internet, mais celle de l’inégalité des motivations et des compétences (literacy)”, lui répond Jean Burgess (blog), une doctorante du Centre d’excellence pour les industries créatives à l’université de Queensland en Australie, qui vient de terminer sa thèse sur la “créativité vernaculaire”, c’est-à-dire la créativité courante de tout un chacun - et qui collabore également avec Joshua Green dans un projet d’étude sur les usages de YouTube.

Burgess montre comment par exemple leCentre pour des ateliers d’écriture numérique (digital storytelling), qui travaille a développer la pratique des ateliers d’écriture numérique, est une tentative pour résoudre ce types de blocages en permettant à des gens ordinaires de travailler avec des producteurs de média plus expérimentés pour créer des textes ou des vidéos basés sur l’histoire de leur propre vie, comme le montre le projet d’histoire partagée de KelvinGrove. Alors que les plate-formes du web 2.0 comptent sur l’autonomie des participants, les ateliers d’écriture numérique travaillent à une plus large participation en connectant les expériences et les pratiques courantes à des supports et des expertises professionnelles.

“Mais ces ateliers d’écriture numérique sont trop souvent axés sur une production finale - la création d’objets artistiques ou culturels, même dans des ateliers profondément sociaux. Or, beaucoup des choses intéressantes à faire dans le contexte des nouveaux médias sur le web, pour ceux qui sont capables de participer plus activement, nécessitent d’être hautement qualifié dans la maîtrise de la nouvelle culture de l’information. Ils s’adressent, en particulier, aux alphabétisés du réseau, c’est-à-dire ceux qui sont capables de participer en bloguant, vloguant (…)…

La question n’est pas seulement parler de ceux qui sont capables de créer quelque chose de grand et de le diffuser, mais bien de comment s’intégrer dans des réseaux sociaux. En fait, la valeur culturelle et sociale générée par ces communautés en ligne est surtout le produit à la fois de pratiques créatives et de réseautages sociaux, dans une relation convergente. Ce n’est pas que des contenus de qualité, ce n’est pas seulement de la connectivité, ce n’est pas non plus seulement de la “trouvabilité” et de la pertinence, mais c’est tout cela à la fois. C’est de cela que cause l’algorithme qui repère les photos les plus “intéressantes” de FlickR, comme un moyen de re-présenter les images les plus valables du réseau.

S’engager dans des communautés créatives est vital pour la participation effective, autant que les compétences créatives et l’alphabétisation esthétique le sont pour comprendre la forme d’art que vous avez choisi, que ce soit la photographie, la musique, la vidéo ou quoi que ce soit d’autre. Et dans le même temps, ceux qui veulent en apprendre plus sur les techniques photographiques, ne peuvent pas faire mieux que de participer activement à un réseau social organisé autour de la photographie, comme FlickR.”

L’interview complète (1ere partie, 2nde), via NetworkedPerformance.

Posté le 21 octobre 2007

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