« Ces ménages ont souvent moins accès aux technologies de l’information et de la communication que les autres ménages.
Ce constat est particulièrement visible dans le cas du micro-ordinateur et de l’Internet, technologies globalement moins diffusées que la téléphonie (mobile ou fixe) ou la télévision.
Les chômeurs et les étudiants, qui sont surreprésentés parmi ces ménages, ressentent des manques spécifiques liés à l’absence de l’Internet. Près de la moitié des chômeurs considère que ne pas avoir l’Internet limite leur recherche d’emploi et trois étudiants sur dix que cela les gêne dans leurs études. »
Pour consulter l’étude :
http://www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er557/er557.pdf
A première vue, rien de nouveau sous le soleil pour les personnes qui s’intéressent à l’e-inclusion, les données statistiques utilisées proviennent de l’Enquête permanente sur les conditions de vie réalisée par l’INSEE en octobre 2005 et comportant un volet TIC. Ces données ont déjà été exploitées et analysées par Régis Bigot dans l’étude du CREDOC de novembre 2006 « La diffusion des technologies de l’information dans la société française », commandité par l’ARCEP.
Disponible sur : http://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/etude-credoc2006.pdf
L’étude insiste sur des écarts d’accès à la micro-informatique et à internet qui s’expliquent en grand partie par le faible niveau de diplôme des ménages les plus pauvres.
Ce qui m’a étonné, c’est que certains sous-titres annoncent le contraire de ce qui est écrit dans l’analyse et des chiffres présents dans les tableaux ...
Cela concerne notamment les justifications données par les ménages non équipés de micro-ordinateur et d’internet. Le chapeau nous annonce que la raison principale est financière, alors que les résultats réels de l’enquête INSEE placent ce critère en troisième position, et que 50 % des ménages non équipés mettent en avant d’abord la complexité, puis la non-utilité.
On peut aussi se reporter à l’étude menée par le laboratoire MARSOUIN « L’équipement technologique des ménages français en 2006 : taux d’équipement, motivations et freins » et dont les conclusions sont publiées ici :
http://www.creatif-public.net/ecrire/?exec=articles&id_article=688
Ce n’est pas la première fois que je constate cette interprétation erronée sur cette question, dans des études pourtant sérieuses. Comme si les commanditaires de ces enquêtes ne voulaient pas entendre les résistances volontaires des non-utilisateurs et préféraient les voir comme des victimes d’une inégalité de pouvoir d’achat.
L’étude insiste sur le fait de ne pas avoir accès aux TIC comme un manque ressenti, alors que les chiffres montrent que 70 % des personnes non connectées à internet à domicile n’en ressentent pas le besoin. Encore une fois, l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein !
Pour conclure, une donnée intéressante qui provient de comparaisons européennes faites par EUROSTAT.
Ecart d’accès aux TIC selon le niveau de vie
Micro-ordinateur
Internet
Taux accès
Ecart entre 4e et 1er quartiles
Taux accès
Ecart entre 4e et 1er quartiles
France
56 %
31
41 %
37
Allemagne
77 %
40
67 %
48
Suède
82 %
29
77 %
37
Danemark
85 %
26
79 %
34
(EUROSTAT- enquête 2006 sur l’utilisation des TIC dans les ménages et par les particuliers)
Lecture : en 2006, 56 % des ménages français disposent d’un micro-ordinateur et l’écart d’accès entre les ménages appartenant au 1er quartile de niveau de vie (25 % les plus pauvres) et ceux appartenant au dernier quartile de niveau de vie (25 % les plus aisés) est de 31 points.
On constate que l’Allemagne possède un taux d’accès des ménages au micro-ordinateur et à l’internet,nettement supérieur à celui de la France, mais que les écarts entre les plus riches et les plus pauvres y sont plus élevés qu’en France. Il faut sans doute attribuer cela à la réunification allemande et il faudrait analyser les écarts région par région pour le vérifier.
On ne peut que souhaiter que la France évolue vers un modèle à la scandinave, où la Suède et le Danemark disposent à la fois d’un taux d’accès plus élevé des ménages et d’écarts plus restreints entre les ménages les plus pauvres et ceux les plus riches.