Lutte contre l’exclusion numérique : que proposent les 2 candidats à la présidentielle ?

Politique fiction - scénario N°1 : Sarko Président

Si Nicolas Sarkozy est élu le 6 mai, voici le cadre politique dans lequel son action en matière de luttre contre l’exclusion numérique pourrait être encadré.

Voir aussi le Scénario N°2 : Ségo Présidente

Le Journal du Net publiait le 20 avril 2007,

une tribune de Nicolas Sarkozy "La France à l’ère numérique" dans lequel il expose ses idées et ses projets sur le sujet.

Voici un extrait de ses propos concernant la lutte contre l’exclusion numérique :

« Lutter contre les inégalités numériques est un impératif. Tous les Français, quel que soit le lieu où ils vivent ou travaillent, doivent avoir accès au haut débit à 1 mégabit minimum, demain au très haut débit. Mais l’accès ne sert à rien sans équipement et la France accuse un retard urgent à combler. Je m’assigne le triple objectif de 100% des écoles connectées en haut débit et 100% des universités en WiFi, de doubler le nombre de foyers équipés et de créer un point d’accès public à internet dans au moins un tiers de nos communes. »

(...)

« Je ferai de la formation numérique une priorité. Je réviserai profondément les programmes et référentiels, trop centrés sur la pratique à l’heure où c’est par la connaissance de la technique qu’on s’affranchit de ses contraintes. J’engagerai aussi une politique adaptée aux besoins de ceux qui ont du mal à franchir le pas du numérique, je pense notamment aux seniors, souvent déroutés face à ces nouvelles technologies, aux foyers ou aux étudiants à faibles revenus et aux TPE et PME qui les négligent faute de temps alors que c’est une condition du maintien et du développement de leur activité. »

On trouve aussi sur le site de l’UMP avec la clé d’accès « fracture numérique », les extraits suivants d’interviews parues dans la presse en mars 2007 (L’Ordinateur individuel et

Internautes Micro) :

http://www.u-m-p.org/propositions/index.php?id=fracture_numerique

« Tous les Français n’ont pas les moyens d’acquérir un ordinateur, ni le temps d’acquérir les

connaissances nécessaires à sa bonne utilisation. Je ne veux pas de « laissés pour compte » du

numérique, qu’ils soient seniors, sans emploi, étudiants, personnes isolées, ou autres. C’est

pourquoi je souhaite renforcer considérablement l’usage d’Internet dans l’éducation ; mais aussi

créer un véritable réseau de formation de proximité à l’Internet, appuyé par exemple sur le réseau

des points d’accès publics à l’Internet. »

Le Monde Informatique avait envoyé à tous les candidats à la présidentielle un questionnaire. Voici un extrait des

réponses

fournies par Eric Walter, responsable Internet et chargé des TIC à l’UMP

 :

Dans la question concernant l’Education, on peut lire ceci :

« "l’UMP souhaite étendre le réseau des espaces publiques numériques car le problème de la formation aux TIC ne concerne pas seulement l’Education Nationale, il existe toujours une ’fracture numérique’ chez certains publics, notamment les seniors ou les ménages défavorisés." »

Commentaires :

Il y a 36.700 communes en France, l’objectif d’« un point d’accès public à internet dans un moins un tiers des communes » nous amène à environ 12.000 lieux d’accès publics à internet, contre environ 3.500 répertoriés actuellement, soit quatre fois plus

Toute la question est de définir ce que l’on entend par « Point d’accès public à internet ». C’est sur cette définition qu’il va falloir faire des efforts de pédagogie à destination des élus et rappeller que si la formation numérique des seniors, des foyers à faibles revenus, des TPE et PME ... est la priorité de ces lieux, alors il ne peut s’agir de simples bornes d’accès ou de cybercafés et il convient de renforcer le cahier des charges et les moyens affectés aux espaces publics numériques.

Sur la base du cahier des charges NetPublic (1 animateur à temps plein et 5 PC connectés), on arrive à une estimation des coûts suivants pour 8.000 « Point d’accès public à internet » supplémentaires :

  • investissement (hors locaux) : 6.000 € par lieu soit un total de 48 M€, étalés sur 5 ans cela représente la création de 1.600 lieux par an pour un coût annuel de 9,6 M€.
  • fonctionnement annuel (salaires chargés) : 25.200 € par lieu soit un coût annuel de 201,6 M€ uniquement pour les lieux nouvellement créés, auquel il faut ajouter 88 M€ pour l’existant.

Pour avoir connaître les bases détaillées de calcul, se reporter à

un article précédent,

e-inclusion 2010 en France : quels moyens pour quellepolitique ?

dans lequel nous proposions quelques données de cadrage pour une politique alternative en matière d’accès mutualisé aux TIC, avec une simulation chiffrée détaillée.

Moralité :

Si votre lieu d’accès public à internet se trouve dans une commune administrée par un maire UMP, que votre conseiller général ou votre député soutient Nicolas Sarkozy, n’hésitez pas à adresser à chacun d’eux, à l’occasion de la campagne pour les élections législatives un rapport succint de l’activité de votre espace, en prenant soin de rappeler dans votre courrier les promesses de leur favori devenu Président.

L’adresse originale de cet article est http://www.creatif-public.net/article729.html

Posté le 9 mai 2007 par Philippe Cazeneuve

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