Les groupes communautaires du Québec s’opposent à la page citoyenne et au vote électronique

En rendant public son rapport le 12 mars dernier, après après une consultation de deux ans menée auprès des groupes communautaires du Québec, Communautique
lance un pavé dans la mare du gouvernement en ligne et du vote électronique. Les groupes communautaires disent non au projet gouvernemental de donner à chacun sa page citoyenne et rejettent le vote électronique. Trois raisons sont évoquées : les craintes relatives à la protection des renseignements personnels, la présence d’une importante fracture numérique, les difficultés identifiées dans diverses expériences de vote électronique.

un article de Michel Monette repris du site Québecois techmocatie http://techmocratie.org/ sur technologies et démocratie, site sous licence Creative commans by sa [1]

Pour la centaine de groupes communautaires consultés, le gouvernement en ligne n’est pas une mauvaise chose en soi, mais « les services électroniques et les consultations en ligne [doivent être] des moyens complémentaires aux services offerts en direct aux personnes et complémentaires à d’autres formes de consultation de la population ». (Voir le rapport synthèse : Le point de vue des groupes communautaires concernant le gouvernement et la démocratie en ligne.)
Déjà en janvier 2006, nous faisions part de la grande méfiance des milieux communautaires envers le gouvernement en ligne (Groupes communautaires et cyberdémocratie). Dans son communiqué de presse, Communautique craint que le gouvernement en ligne ne soit qu’un prétexte pour diminuer les services à la population.

Un autre sérieux bémol émit par les groupes communautaires, celui-ci envers les consultations en ligne, est l’intérêt réel du gouvernement pour l’opinion des citoyens. Ceux-ci ne croient pas que les consultations menées par le gouvernement donneront plus de résultats.

Voilà qui est rassurant. Les groupes communautaires ont rapidement compris que la démocratie en ligne n’est pas une baguette qui changerait comme par magie les joutes de pouvoir menant aux décisions politiques.

Le communiqué nous apprend aussi qu’il y a eu des échanges avec les partis politiques et avec les fonctionnaires impliqués dans le projet de gouvernement et de démocratie en ligne. On se demande bien pourquoi les réponses de chacun des partis politiques ne viennent pas avec cette information.

Communautique confirme cependant nos appréhensions (Démocratie et NTI au Québec : rien en vue du côté des partis politiques) : « nous retrouvons très peu d’orientations claires dans les différents programmes électoraux nous permettant de cerner la direction que prendra ce projet suite aux élections et comment y seront intégrées les préoccupations soulevées par les groupes et les experts dans le cadre de nos consultations. »

Voilà bien le plus inquiétant. Le gouvernement en ligne est un projet d’une très grande envergure qui va impliquer des dépenses considérables. Pourtant, les partis politiques susceptibles de former le prochain gouvernement (libéraux et péquistes) n’ont rien dit sur le sujet depuis le début de la campagne électorale. Visiblement, ils ne diront rien non plus d’ici le 26 mars prochain.

Du côté de la démocratie en ligne, le meilleur engagement que le futur gouvernement pourrait prendre est de sortir ce dossier du gouvernement. Pourquoi pas mettre sur pied un organisme totalement neutre chargé des consultations en ligne et de développer diverses formes de démocratie en ligne, relevant directement de l’Assemblée nationale ?

Si l’initiative ne vient pas de l’État, elle va bien finir par venir de la société civile, comme cela est déjà le cas chez nos voisins du sud et ailleurs dans le monde.

J’aimerais bien qu’on s’y mette au Québec.

[1techmocratie.org/ : Les technologies de l’information et des communications peuvent contribuer à plus de démocratie. Le contraire est tout aussi plausible ! Autant nous pouvons comme jamais échanger entre nous, autant nous pouvons être surveillés et contrôlés comme jamais ; autant nous avons comme jamais la possibilité de nous exprimer et d’influencer nos concitoyens, autant il est possible de truquer les élections comme jamais.

Posté le 22 mars 2007 par Michel Briand

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