Les usagers des Centres Publics d’Action Sociale Belges au regard des TICS

Présentation d’une étude effectuée en Belgique ...

Depuis novembre 2005, la Cellule Interfacultaire de Technology Assessement(CITA)
et le Centre de Recherche Informatique et Droit (CRID) issus de l’Université de Namur en Belgique
s’intéressent à l’informatisation des Centres Publics d’Action Sociales Belges, équivalents
des Centres Comuanux d’Action Sociale en France. Après une série d’entretiens, de visites de CPAS et surtout,après
une grande enquête quantitative menée dans l’ensemble des CPAS de Wallonie, nous avons pu
avoir une vue panoramique sur l’informatisation des CPAS. Nous pouvons dégager une série de résultats marquants d’un point
de vue socio-organisationnel, juridique et psychosocial.

D’un point de vue psycho-social, nous nous sommes intéressés à l’utilisation des TIC par les usagers des CPAS.
Dans la littérature, il est fréquent de dire que les TIC tendent à créer une nouvelle ségrégation sociale liée à leur accès. Le concept de « fracture numérique » s’est vite imposé pour désigner ce processus sélectif de diffusion d’Internet au sein de la population, concept à priori empreint d’un certain déterminisme technique puisqu’il induit l’idée d’une rupture entre les « chanceux », c’est-à-dire ceux qui ont accès à l’information numérique et les « exclus », c’est-à-dire ceux qui n’y ont pas accès...

Qu’en est-il des usagers de CPAS ? Font-ils partie d’office des « exclus » d’Internet ? Aucune étude ne nous permet d’affirmer que les usagers font partie des « exclus numériques », nous pourrions donc penser le contraire... En effet, la plupart des travailleurs issus de CPAS ou de mouvements associatifs que nous avons interviewés ont constaté qu’il n’était pas exceptionnel qu’un usager de CPAS possède, à titre personnel, un ordinateur connecté à Internet. Au même titre que le GSM il y a quelques années, l’ordinateur connecté semble donc progressivement s’immiscer au sein de la population des usagers des CPAS et ce, même si une part de ceux-ci a sollicité le CPAS pour des problèmes d’origine financière. Notons que si le non accès aux TIC n’est pas sans effet discriminatoire, l’acquisition d’un matériel informatique connecté à Internet par des personnes fragilisées n’est donc pas sans risques : risques financiers, risques d’usages, risques psychologiques...
La réalisation d’actions de proximité destinées à encadrer et à sensibiliser un large public à l’usage des TIC s’est donc vite imposée..., l’accès généralisé à ceux-ci apparaissant comme une nécessité autant économique que sociale ... Constatons que si les principaux acteurs sociaux de proximité se mobilisent progressivement pour mettre en place, seuls ou avec d’autres organisations, des projets technologiques destinés à leurs usagers, rares sont les projets institutionnels sollicitant directement les CPAS pour mettre en place de telles actions. Bien que les CPAS n’aient pas une politique forte de déploiement de l’accès public à Internet, ils ne se désintéressent pas du rôle des Technologies de l’Information et de la Communication au regard de leurs usagers puisque 40% des CPAS ayant répondu à cette enquête participent à un ou plusieurs projet(s) destinés à ceux-ci.
Cette mise en œuvre d’une politique publique de réduction de la fracture numérique repose sur une diversité d’acteurs publics et de mouvements associatifs avec lesquels les CPAS composent. La nécessité d’identifier, de répertorier et de coordonner toutes les initiatives en la matière, qu’elles soient prises en charge par des pouvoirs publics, des mouvements associatifs ou d’autres organismes, s’impose comme une préoccupation et un besoin important pour les CPAS. Si la mutualisation des expériences et des analyses s’avère plus que jamais nécessaire, celle-ci devrait également s’accompagner d’une définition claire et précise des finalités poursuivies par les différents systèmes, activités ou plans d’action mis en place dans les domaines de la promotion ou de l’utilisation des TIC pour les usagers de CPAS et ce, en vue de pouvoir poser une évaluation de ceux-ci.
Mettre les technologies de l’information et de la communication au service des usagers des CPAS passe par la nécessité, pour les travailleurs sociaux, de recourir à des initiatives communautaires et donc de repenser leurs pratiques et leurs méthodes de travail. Toutefois, la volonté d’élargir le travail social individuel à la recherche de solutions collectives ne suffit pas ! Encore faut-il que les travailleurs sociaux possèdent une représentation claire des principaux problèmes et des opportunités de ces technologies et puissent compter sur les moyens nécessaires à la réalisation conjointe d’un travail communautaire et d’une aide individuelle.

Notre recherche conduira à la publication d’un livre au dernier trimestre de l’année 2006 destiné à mieux informer

Vous pouvez retrouver le compte-rendu de notre enquête quantitative sur le site http://www.fundp.ac.be/recherche/projets/page_view/05299007/ ou dans le document ci-joint

Nous présenterons d’avantage celle-ci à l’atelier du vendredi 7 juillet 2006 sur "Lien social, précarité et TIC : invitation au dialogue entre chercheurs
et acteurs" organisé par M@rsouin.

Pour l’équipe de recherche,
Véronique LAURENT (vla@info.fundp.ac.be)
Claire LOBET-MARIS (clo@info.fundp.ac.be)
Françoise NAVARRE (frn@ciger.be)

Plus d’informations sur nos centres de recherche ...
http://www.fundp.ac.be/cita

http://www.crid.be

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Posté le 7 juillet 2006 par Véronique Laurent

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