Tendances et polarités pour l’action publique

Convaincu que les acteurs des politiques publiques doivent trouver des polarités à mettre en récits pour orienter l’action, je me suis amusé à croiser des tendances profondes qui ont de puissants impacts pour détecter des orientations possibles. Ce petit exercice m’a permis de dégager 4 polarités selon les choix de circulation d’une sphère à l’autre. Il s’agit bien de polarités donc de directions possibles qui ne sont pas exclusives les unes des autres, mais celle vers laquelle nous seront les plus orientés dessine le monde de demain.

Et si ce schéma pouvait nous aider à trouver les voies d’un monde habitable ?

Teandances et polarités pour l'action publique

Définitions pour clarifier certains concepts, classés par ordre alphabétique :

Capacitation citoyenne : « Ce mot venu du Brésil et du Sénégal place l’individu et le groupe au centre de la démarche, comme acteur de sa propre transformation, et de la transformation de son environnement. « C’est aussi comprendre les raisons de sa situation pour mieux pouvoir la faire évoluer avec d’autres. » »

CivicTech  : Ensemble des technologies et innovations numérique permettant d’améliorer la démocratie, de l’outiller, de la transformer ou de la dépasser.

Communs : ressource partagée, gérée, et maintenue collectivement par une communauté ; celle-ci établit des règles dans le but de préserver et pérenniser cette ressource tout en fournissant la possibilité le droit de l’utiliser par tous1. Ces ressources peuvent être naturelles : une forêt, une rivière ; matérielles : une machine-outil, une maison, une centrale électrique ; immatérielles : une connaissance, un logiciel. Les communs impliquent que la propriété n’est pas conçue comme une appropriation ou une privatisation mais comme un usage2, ce qui rejoint la notion de possession de Proudhon dans Qu’est-ce que la propriété ?. Hors de la propriété publique et de la propriété privée, les communs forment une troisième voie. Elinor Ostrom a obtenu un « Prix Nobel » d’économie pour ses travaux sur les biens communs. Elle parle de faisceaux de droits pour caractériser la propriété commune3.

Communs de la connaissance  : « Les Biens communs qui peuvent être créés, échangés et manipulés sous forme d’information, et dont les outils de création et le traitement sont souvent eux-mêmes de la connaissances (logiciels). Il peut s’agir de données, de connaissances, de créations dans tous les médias, d’idées, de logiciels. Les biens communs de la connaissances sont des biens publics parfaits au sens économique, contrairement aux biens communs physiques, qui gardent toujours une part de rivalité ou d’excluabilité. »

Communs urbains et ruraux  : Processus de(d’) (ré)appropriation dont le caractère commun dépend essentiellement de l’action collective qui les investit, que ce soit dans la ville (jardins partagés, agriculture urbaine) ou en milieu rural (tiers-lieux ruraux).

Connaissance ouverte : L’ensemble des mouvements d’ouverture de manière à rendre réutilisable et virale la connaissance. Cela concerne des données (open data), la science (open science), les logiciels (logiciels libres), les contenus pédagogiques, de tous les contenus (open content), des objets (open hardware). Ce mouvement repose sur l’utilisation de licences de libre diffusion à réciprocité, c’est-à-dire que ce que les contributeur.trices mettent au pot commun doit y retourner indépendamment du caractère commercial de l’usage de la connaissance.

Decidim à Barcelone : « Decidim, dont le nom vient de l’expression catalane signifiant “décidons maintenant”, est une infrastructure numérique dédiée à la démocratie participative, entièrement conçue et réalisée de façon collaborative selon les règles du logiciel libre. Sur un plan technique, Decidim est un framework (ou environnement de développement) conçu avec le logiciel de développement Ruby on Rails. Decidim permet aux utilisateurs de créer et de configurer une plateforme ou un portail web à usage de réseau social permettant l’exercice de la participation des citoyens. Ce portail permet à toute organisation (conseil municipal ou de quartier, association, université, ONG, collectifs locaux, coopératives) de mettre en place des processus massifs de consultation tels que des budgets participatifs, des enquêtes publiques ou des appels à idées. »

Démocratie post-électorale  : Selon Pierre Rosanvallon, « cette démocratie post-électorale serait une démocratie permanente. Favorisant les interactions, elle serait davantage en mesure de répondre aux attentes des habitants et des citoyens. Redditions de comptes, transparence, évaluation et interaction avec la société civile sont les quatre qualités de cette troisième forme de démocratie. Véritable démocratie de « proximité », elle permet aux citoyens de se rapprocher et de s’approprier leurs institutions, par opposition à la technocratie. »

Design : selon Stéphane Vial : « Je propose d’appeler effet de design ce à quoi œuvre le design. Par là, j’entends que le design, avant d’être un espace, un produit ou un service, est principalement un effet qui advient dans un espace, un produit ou un service. Cela signifie que le design n’est pas un étant mais un événement, non pas une chose mais un retentissement, non pas une propriété mais une incidence. Comme le dit très justement Kenya Hara, le design ne consiste pas à concevoir « des choses qui sont » – things that are – mais à concevoir des « choses qui se passent » – things that happen[4][4] Kenya Hara, op cit., p. 467.. Autrement dit, le design est un événement performatif : avant d’être quelque chose, il est quelque chose qui a lieu. »

Hig-tech : « Les techniques de pointe ou, abusivement, hautes technologies ou technologies de pointe, aussi connues sous l’anglicisme high-tech (pour high technology), sont des techniques considérées comme les plus avancées à une époque donnée. »

Innovation publique : Ensemble de valeur et de méthodes pour refonder l’action publique au sens du Manifeste de l’innovation publique de Mars 2017.

Low-tech : « Technologies issues de matériaux recyclés ou directement de la nature. Elles sont souvent peu gourmandes en énergie et respectent donc l’environnement. »

Open Design : discipline dans laquelle les documents, les objets et les données de conception sont placées sous licence de libre diffusion à réciprocité. (cf : connaissance ouverte.)

Participation citoyenne : « mettre les citoyens au centre de l’action publique », sachant qu’il existe de nombreuses manières de le faire.

Résilience : Capacité à s’organiser après la survenue d’un incident ou d’une catastrophe.

Solutionnisme : Pour Evgeny Morozov, « ce qui pose problème n’est pas les solutions proposées, mais plutôt la définition même de la question ». Bref, le solutionniste possède un marteau (le Web, Internet, de puissants ordinateurs…) et tout ressemble à un clou. La réflexion sur les questions de société disparaît devant l’attrait de la nouveauté.

Surveillance : dispositifs intrusifs et systèmes publics ou privés visant à prévenir les risques. Leur développement excessif est de nature à provoquer l’auto-censure et à menacer la libertés d’expression et les libertés fondamentales.

Urbanisme tactique : initiatives locales, communautaires et ciblées, visant à dynamiser les espaces publics en se les réappropriant. L’urbanisme tactique, ou acupuncture urbaine, est l’un des visages de la transformation de la ville

Symbioses citoyennes

URL: http://www.symbioses-citoyennes.fr/
Via un article de admin, publié le 1er décembre 2018

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