Compte-rendu de la journée d’étude Consommation Collaborative (16 mars)

Lundi 16 mars 2017 s’est tenue la journée d’étude co-organisée par le GIS M@rsouin et la Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne sur la consommation collaborative. Retrouvez ici le programme de la journée.

En introduction, Claire de Bellefon, chargée d’étude de M@rsouin, a présenté en quelques mots l’enquête consommation collaborative. Passé en ligne en mai 2016 auprès de 2000 répondants représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus (avec des quotas par grande région, âge et sexe), le questionnaire d’enquête est le résultat d’une co-construction entre l’observatoire et les chercheurs du GIS. Structuré en grands "blocs" de questions, le questionnaires suivait ainsi la structure suivante : informations générale, confiance, mobilité / covoiturage (pratiques et motivations), pratiques de consommation collaborative sur les plateformes "bifaces", comparaison des pratiques collaboratives avec ou sans site web (motivations et valeurs), et, enfin, usages et revenus. Retrouvez ici le questionnaire d’enquête, et ici les publications liées à l’enquête.

Les supports de présentation des différents intervenants sont présents en documents joints de cet article (présentations manquantes à venir).

Matinée

- Amandine Piron, co-fondatrice de l’association Collporterre, a ouvert les présentations. L’association Collporterre est une association loi 1901 qui travaille à diffuser l’usage des pratiques collaboratives dans un objectif de développement durable et solidaire. L’association agit selon deux volets : un volet de formation / accompagnement, à destination des acteurs des territoires, et un volet recherche-action, qui vise à mieux comprendre les enjeux de notre société en transition transformée en profondeur par le numérique. C’est dans le cadre de ce second volet qu’elle nous a présenté des éléments sur les dynamiques territoriales de la consommation collaborative. Collporterre a en effet été au coeur, pendant plusieurs années, de deux projets de recherche (Dyte2Co 2012-2014, et Domino 2015-2017) qui visent à faire un état des lieux de la consommation collaborative en Bretagne, d’une part, et à analyser les enjeux territoriaux de l’économie collaborative, d’autre part. Plus de 1200 initiatives ont été recensées sur le territoire breton, majoritairement dans les secteurs de l’équipement et de l’alimentation, et avec une forte accélération ces dernières années. Une étude des dynamiques de réseaux ont permis de proposer une lecture selon trois échelles : le noyau (dispositif de portage du projet), la communauté (organisation de la mise en œuvre du service) et l’environnement réticulaire et territorial (inscription socio-économique, culturelle et politique du projet). En sont ressortis trois idéaux-types : l’urbain connecté, le collectif ancré et le participatif viral.

- La matinée s’est poursuivie avec une intervention de Sylvain Dejean (Université de La Rochelle) et Godefroy Dang Nguyen (IMT Atlantique) sur le rôle de la confiance dans le développement des pratiques de consommation collaborative. Après une introduction sur les mécanismes de confiance et de coopération (types, causes) en présence dans le monde social, les deux chercheurs ont présenté le "jeu de confiance" proposé aux répondants du questionnaire M@rsouin consommation collaborative, qui reprend le principe d’une expérience originale menée par Berg et al. en 1995, et qui a pour objectif de mesurer la confiance accordée à un inconnu dans une situation donnée et de tester les paramètres faisant varier ce degré de confiance accordée. Ici, en faisant jouer les répondants, le but est de tester le rôle des plateformes sur la confiance des consommateurs. Les chercheurs observent un effet genre important, ainsi qu’un effet léger revenu. Par ailleurs, les résultats différent selon les plateformes. Cela serait lié au niveau de garantie offert par chacune des plateformes : plus la plateforme offre de garanties, moins il y a besoin de faire confiance, et moins le joueur accordera donc spontanément de confiance à un inconnu dont il sait qu’il est utilisateur d’une plateforme "à fortes garanties".

- Enfin, Jacques-Fisher Lokou (UBS) et Emilie Huiban (M@rsouin) ont présenté les travaux menés avec Christine Petr (UBS) et Nicolas Deporte (M@rsouin) sur les valeurs et les motivations de la consommation collaborative. Lien social, économies et motivations écologiques sont trois types de motivations qui ressortent des différentes enquêtes menées sur la consommation collaborative. Les quatre chercheurs entendent ici proposer une lecture de ces éléments fondée sur la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan : les humains aspirent à se sentir autonomes, compétents et reliés à leurs pairs, et favoriser la satisfaction de ces trois besoins permet d’optimiser la motivation. Après une présentation des mesures réalisées via l’enquête M@rsouin, les chercheurs avancent que la consommation collaborative serait bien associée à un certain nombre de valeurs pour la majorité des participants (autonomie et contrôle de sa façon de consommer ; échange, partage de liens sociaux ; utilité sociale ; économie ou intérêts financiers), et que les participants présentent des profils de valeurs et de comportements différents (3 "profils").

Après-midi

- L’après-midi a débuté par une présentation par Virginie Lethiais (IMT Atlantique) de travaux effectués avec Alain Rallet (Université Paris-Sud, Jean-Marc Josset (Université Paris-Sud) et Anne-Aguiléra (Université Paris-Est) sur les pratiques de mobilité collaborative. Après une présentation générale du contexte de la question posée, elle a exposé les résultats issus de l’enquête concernant les pratiques (qui comprenne,t d’une part, le "covoiturage" avec des inconnus, mais aussi le partage de trajets avec des amis, des voisins...), les déterminants de ces pratiques, puis les modes d’organisation de ces pratiques. L’un des objectifs était notamment de déterminer le rôle joué par internet dans l’organisation de ces pratiques par les individus.

Pour en savoir plus, consultez son diaporama ici :

- Thierry Penard (Rennes 1) et Vincent Mallarde (Rennes 1) nous ont ensuite présenté leurs travaux sur le thème "Plateformes numériques et consommation collaborative : une étude économétrique des usages et des revenus". S’appuyant sur les résultats de l’enquêté, ils ont dressé un panorama des pratiques de consommation collaborative sur les plateformes et des déterminants de ces pratiques, et proposent une estimation des revenus annuels générés par ces pratiques pour les particuliers.

- Enfin, Alain Busson (HEC) est intervenu sur la question "Quelle régulation pour l’économie collaborative ?". Il nous a d’abord présenté quelques cas de dérives et actions en justice en ayant découlé, ainsi que les problèmes de régulation posés par la consommation collaborative (et notamment "l’uberisation"), que ce soit du point de vue de la concurrence (parfois jugée déloyale), du droit du travail ou encore de la fiscalité. Des propositions de solutions ont ensuite été décrites. Enfin, un court focus a été réalisé sur l’économie collaborative sans but lucratif et a permis de présenter les problèmes rencontrés par les projets appartenant à cette dernière catégorie.

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Marsouin

URL: http://www.marsouin.org/
Via un article de Claire de Bellefon, publié le 30 mars 2017

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