repris de l’aricle publié par Frédéric Sultan sur le site de Vecam -> http://www.vecam.org/article.php3?id_article=761 avec le rpogramme de la rencontre
Pour accéder à l’information disponible sur internet, la question de l’accès physique et matériel doit être résolue. Mais ensuite, comment se repérer dans l’abondance de contenus disponibles ? Comment juger et apprécier ? Comment réagir et produire sa propre information ? Comment se former, non seulement aux techniques mais aussi aux médias ? Finalement, comment exercer son pouvoir citoyen ?
Une centaine d’habitants du Puy-en-Velay et des environs ont participé à une action européenne pour développer un regard critique sur l’internet, pour mieux connaître le web et pour perfectionner leurs techniques de recherche. Ils sont, avec d’autres citoyens européens, force de propositions qu’ils présenteront le mardi 20 décembre après-midi, de 14h à 17h30 à la Commanderie Saint-Jean.
Texte du manifeste présenté lors de la rencontre du Puy en Velay du 20 décembre
Garantir le libre accès aux TIC et favoriser l’utilisation du logiciel libre
La première étape pour favoriser l’usage démocratique des TIC est de créer un environnement social qui fournit un accès facilité et gratuit aux nouvelles technologies.
Des horaires d’accès et de formation adaptés à nos besoins. Nos conditions de vie étant très variées, les lieux d’accès à Internet et les centres de formation doivent s’adapter à nos disponibilités pour n’exclure personne. En effet, il est nécessaire de commencer par garantir l’accès aux ordinateurs pour réaliser l’objectif d’une société de l’information accessible à tous.
Utiliser le logiciel libre pour construire une culture de la connaissance partagée. Un logiciel libre n’est pas caractérisé par son absence de coût (même si ceci reste un facteur décisif pour la plupart d’entre nous). "Libre" signifie que nous sommes libres d’utiliser le logiciel, libres de le copier et de le diffuser, libres d’étudier son fonctionnement, et surtout libres de le modifier et l’adapter pour améliorer ses fonctionnalités. Les concepteurs de logiciels décident simplement de distribuer leur création comme création libre : ils demandent alors aux utilisateurs de respecter leur volonté par un accord de licence. Ces libertés garantissent que les logiciels libres restent libres et sont disséminés pour tous les utilisateurs sans discrimination. Même si nous n’avons pas les connaissances techniques pour modifier le logiciel nous-mêmes, nous pouvons contribuer au développement du logiciel libre en proposant des améliorations aux créateurs, en signalant des problèmes rencontrés, en écrivant de la documentation, en diffusant à nos amis et en les informant sur l’importance de cette liberté de la connaissance. Généralement les logiciels libres ont un site web dédié, maintenu par une communauté d’utilisateurs prêts à aider et partager leurs expériences. Les logiciels libres favorisent une culture de partage et d’entraide qui lutte contre l’individualisme et la coercition. Beaucoup de gouvernements, d’organismes internationaux (comme l’Unesco), ou d’organisations non gouvernementales, soutiennent et font la promotion des logiciels libres. Nous pensons qu’il est important que tous les responsables institutionnels prennent en compte ce facteur dans leurs actions.
De la consommation à la production d’information
L’étape suivante pour avancer dans une société de l’information est de favoriser un modèle démocratique d’éducation aux médias. Nous souhaitons savoir trouver de l’information par les différents médias, mais aussi la discuter, l’analyser, et partager nos avis à travers ces mêmes médias.
Nous voulons passer du statut de récepteur à celui de producteur de notre propre information. Nous proposons de créer des espaces de dialogues selon le modèle mis en place dans e-Quality. Il est important de croire en nos capacités à apprendre pour créer un environnement où les interactions entre individus sont basées sur un dialogue égalitaire. C’est la seule manière de nous sentir libres de transmettre nos avis et nos savoirs. Ainsi, les individus impliqués s’enrichissent par le dialogue. Nous encourageons la participation de personnes socialement marginalisées, sans qualifications scolaires, issues de l’immigration, handicapées, jeunes ou sans emploi. La diversité des participants permet d’enrichir les contributions et montre que ces espaces sont adaptés à tous. L’objectif du groupe est de discuter un thème par la recherche et la sélection d’informations sur Internet, puis de l’analyser en élargissant notre compréhension critique. Nous commençons par chercher de l’information sur un thème choisi en commun (par exemple le racisme, la violence, l’éducation, etc.) en consultant des sites institutionnels (comme ceux d’administrations publiques), des sites de médias classiques (journaux, télévision) et des sites issus de la société civile (d’associations ou de particuliers). Par ce processus, nous apprenons à chercher et sélectionner l’information, mais aussi à utiliser les logiciels nécessaires à la consultation. Nous avons constaté que les données ne sont pas toujours fiables et que l’on doit savoir chercher ce qui nous convient le mieux. La deuxième étape consiste à rassembler toute l’information sélectionnée et à concevoir un dossier classé selon les sources précédemment citées. Le groupe confronte ensuite cette information avec des expériences et des avis personnels. Tous les apports sont pris en compte sauf ceux qui ne respectent pas les droits de l’Homme. Cette lecture critique élargit la connaissance des thèmes présentés et des réponses apportées par les différents organismes, médias, et citoyens. Nous voulons également souligner que beaucoup d’entre nous sont immigrés. En participant aux groupes, ils acquièrent une meilleure compréhension de leur nouvelle société et sont plus motivés pour améliorer leurs compétences en langue.
Nous voulons que cette façon d’apprendre soit reconnue, par exemple par un certificat qui valide les savoirs acquis durant ce processus.
Société multiculturelle solidaire : égalité des différences
Dans ce projet nous avons eu la chance de travailler avec des personnes de cultures et d’origines très diverses : Suède, Écosse, France, Grèce, Espagne, Pakistan, Inde, Japon, Maroc, Europe de l’Est, Afrique et Amérique du Sud. Le fait que nous ayons tous parlé d’égal à égal sur des thèmes qui nous concernent contribue à renforcer le dialogue multiculturel européen.
Les politiques européennes doivent favoriser ce type d’expérience. Nous pensons qu’une société basée sur le multiculturalisme et la solidarité doit vivre avec l’égalité des différences. Une étape importante discutée dans le forum citoyen était d’identifier le droit des personnes immigrées à participer activement à la société qui les accueille. Nous voulons qu’en Europe tous les habitants soient traités comme des citoyens à part entière.
D’autre part nous demandons aux pouvoirs publics de développer des actions pour lutter contre le racisme dans les différents pays. Plusieurs de nos compagnons ont éprouvé des situations de racisme qui ne devraient pas exister. L’éducation de tous et même celle des médias est nécessaire pour qu’ils luttent contre le racisme au lieu de le favoriser comme c’est parfois le cas.
Vivre les différences comme source d’enrichissement pour nos sociétés. Quand tous les citoyens se respecteront de façon égale, indépendamment de la couleur, de la religion ou de la nationalité, nos sociétés seront des lieux précieux à vivre. Nous tous avons la responsabilité de rendre ce rêve possible.
Qualité de l’information
Nous nous sommes questionnés sur la qualité de l’information disponible qui n’est pas toujours conforme à ce que nous en attendons. Nous souhaitons donc que les critères suivants soient pris en compte par les institutions et les médias.
Transparence et clarté. Les actions menées par les organismes publics ne sont pas toujours clairement énoncées, et quand elles le sont, il manque parfois la description des moyens utilisés. Souvent on ne connaît pas les circonstances et les sources qui permettent à un média de publier telle ou telle information. Ceci devrait être expliqué plus clairement.
Respect des droits de l’Homme. Nous avons constaté que quelques médias ne respectent pas les droits de l’Homme. Par exemple, les nouvelles qui traitent de l’immigration la présentent généralement comme une menace pour la société. Nous exigeons que les médias qui ont tant d’influence respectent les droits de l’Homme et encouragent l’égalité et la solidarité dans le traitement des informations qu’ils produisent.
Un langage accessible. Nous voulons que la langue et les expressions employées soient plus compréhensibles, pour que tout le monde puisse accéder à l’information.
Favoriser le rôle des médias sociaux. Nous voulons que le travail fait par les mouvements sociaux soit pleinement reconnu car il offre une information de qualité et favorise la démocratie dans la société.
Faisons entendre notre parole.
Pour beaucoup d’entre nous, c’était la première fois que nous pouvions exprimer notre avis aussi ouvertement. L’occasion de partager des opinions dans le groupe mais également dans le forum avec des personnes d’autres pays a favorisé la confiance et a encouragé la participation. Notre parole est importante et pendant le projet nous avons agi pour la faire entendre. Nous avons expliqué notre action dans un congrès international pour l’alphabétisation. Ainsi, nous avons aussi envoyé un courriel à un Ministère pour protester contre un projet de loi. Il est important que nos contributions soient prises en compte pour avancer dans la société que nous voulons de plus en plus démocratique.
Il faut encourager la participation des personnes qui n’ont pas l’occasion de s’exprimer dans des espaces de débat y compris sur Internet, au sein des organismes de formation et des associations.
Les pouvoirs publics doivent écouter ce que nous disons et promouvoir des actions pour que nous puissions toutes et tous participer activement au développement de notre société.
Avec e-Quality nous avons amélioré nos compétences en TIC
et réalisé que nous pouvions employer ces technologies
pour faire entendre notre voix et construire le monde que nous voulons.
Plus d’individus doivent accéder à cette façon d’apprendre :
nous demandons aux politiques éducatives de favoriser ce type d’action .
Des femmes et des hommes du Greta du Velay en France, de l’université de la région du West Lothian au Royaume-Uni, du centre pour l’apprentissage ouvert de Söderhamn en Suède, de Wegre en Grèce et de Facepa en Espagne ont participé à la rédaction de ce manifeste.