Québec : Le RESOLL prépare une conférence sur les logiciels libres et les organisations publiques

À la demande du Secrétariat du Conseil du Trésor de Québec, le RESOLL (Réseau d’Expertise en Standards Ouverts et Logiciels Libres et ouverts) présentera, les 16 et 17 mai prochain, une conférence sur les logiciels libres et les organisations publiques. L’événement aura lieu au Centre de formation continue de l’Université Laval, à Québec et réunira environ 200 décideurs technologiques, administratifs et financiers des secteurs publics et privés.

Par Dagrain Valérie -
26.01.2005

Nous avons interrogés Mr Robert Gérin Lajoie, directeur exécutif du Groupe Commerce électronique de CIRANO (Centre Interuniversitaire de Recherche en ANalyse des Organisations) et animateur du groupe RESOLL, afin de situer les enjeux qui y seront débattus ainsi que les orientations futures au sein du privé et des administrations publiques.

  • Au cours de ces deux journées, les conférenciers dresseront un portrait précis des initiatives et de l’utilisation des logiciels libres au sein des organisations publiques au Québec et ailleurs dans le monde [1].

V. Dagrain : « Quelles sont les attentes particulières qui seront débattus durant la conférence ? »

R. Gérin Lajoie : « Les conférences feront le point sur les réalisations et les utilisations du logiciel libre dans l’administration publique québécoise et canadienne. Où l’on tirera une leçon et un bilan des actions passés. »
La conférence s’appuiera sur une multitude d’initiatives en cours, notamment celles du Secrétariat du Conseil du Trésor (projet pilote Postes de travail en Linux, etc.) et d’autres acteurs québécois comme le CRIM (projet MILLE et études), le RESOLL (plusieurs études) ou le CEFRIO (Communauté de pratique).
R.G.L. : « Les grandes questions sont surtout dans les secteurs d’utilisation, domaines (bureautiques infrastructures, poste de travail), afin de ventiler les domaines d’utilisation par rapport aux secteurs activités comme dans l’éducation, les administrations publiques et la santé. On effectuera particulièrement le point sur activités bénéfiques pour l’administration. »

  • Piloté par le (CIRANO) et le CRIM, le RESOLL est un partenariat entre des centres de recherche en technologies de l’information, des organismes utilisateurs gouvernementaux et privés et des entreprises oeuvrant dans le domaine des standards ouverts et des logiciels libres.

V. Dagrain : « Nous avons assisté a un déséquilibre crée par l’appropriation des TIC et des outils du libre [2] par les entreprises et des services du gouvernement. Comment le RESOLL peut participer à manager ces choix tout en préservant, également, l’esprit du libre en terme de « production collaborative ? »

R. Gérin Lajoie : « Le seul moyen est de piloter les actions du gouvernement et guider les entreprises afin d’instaurer un équilibre. Dans les secteurs professionnels et administratifs, il y a une infrastructure générale accessible a travers le libre. Les acteurs de l’industrie y trouvent leur avantage. Le libre re-équilibre entre le producteur et le consommateur. Le gouvernement, l’administration, consomment de l’informatique et sont avantagés face aux solutions du standard du libre, c’est un écosystème du libre compétitif.

D’une part l’avantage c’est que les grandes entreprises en demandant des solutions standards ouverts permettent d’avoir une indépendance technologique, cela permet de faire jouer les appels d’offre, cela permet de faire jouer cet écosystème de services et donc de mettre de la compétition.

D’une autre part, le gouvernement a besoin de solutions propres car il est le seul acteur. De plus, il produit pour le consommateur des solutions spécifiques. Certains disent que c’est bien de redonner les droits de propriété intellectuelle a moyen et long terme : ces développements financés ainsi par les biens publics restent, pour garder la compétition et permettre une amélioration.
La propriété intellectuelle est garante d’une compétition des fournisseurs de services. Cela induit un écosystème qui au fil des années est dynamique. Si seule une entreprise fait le travail, seule celle là peut continuer et donc on devient captif : donc il faut maintenir les appels d’offre.

Le gouvernement est pourvoyeur et demandeur de solutions. Le RESOLL produit des études scientifiques rigoureuses, des outils et bilans de pratique, organise des conférences pour sensibiliser les entreprises et le gouvernement sur ces enjeux.
Dans les acteurs du gouvernement, Mr Patrice Di Marcantonio (SSIGRI) a mis en place un comité interministériel. Ce projet-pilote met en avant l’utilisation de Linux au sein de l’appareil Québecois ainsi qu’une demande auprès du CRIM sur l’étude et l’utilisation de logiciel comme le MILLE, modèle d’infrastructure libre pour l’éducation. Secteur dans lequel le gouvernement et la commission scolaire a le plus investi. Tout cela représente diverses initiatives. »

  • V. Dagrain : « Face à ces projets ambitieux, comment vont se coordonner les actions croissantes, quelles proviennent du tissu associatif tel que Linux-Québec ou le Gulus(Sherbrooke), des entreprises où Michel Dumais (Comité / Communication RESOLL) faisait remarquer le besoin de la « représentation de l’industrie naissante » ou du gouvernement ? »

R. Gérin Lajoie : « Effectivement le réseau associatif est très fort. Le RESOLL est centré sur le réseautage d’expert pour produire des études scientifiques mais on est ravi que les acteurs de l’industrie se regroupent au sein d’une association. C’est le mandat du [FACIL-http://facil.qc.ca/]. Mais il y a effectivement un travail de coordination à faire.

A ce sujet le gouvernement Canadien a pris en main l’examen des solutions du libre. Le secrétariat au conseil du trésor du Canada, Marc Leblanc (CIO) du gouvernement Fédéral et Mr Joseph Potvin, font aussi examiner cette problématique du logiciel libre. Les acteurs institutionnels sont en train de se coordonner.
Pour le secteur industriel, je ne suis pas inquiet . Autrefois les seigneurs vivaient des taxes qu’il y avait sur les routes, maintenant les routes sont libres !

Finalement, pour 2005, ce qui m’apparaît important est de créer du logiciel réutilisable dans le secteur public et para public. Le dépôt fédéral Américain a commencé cette initiative, le dépôt fédéral Canadien en parle et le provincial également. L’émergence de ce dépôt de bibliothèque de ces logiciels par et pour les administrations, va avoir un grand effet, ça va devenir des lieux de partage donc ça va accélérer la visibilité. Ce sont des initiatives majeures. »

Références :

[1] Programme de la conférence

[2] Pierre Mounnier, Le logiciel libre : avant-garde révolutionnaire ou ghetto communautaire ?
23.09.2004

Posté le 27 janvier 2005 par Valérie Dagrain

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