Gouvernance ou indifférence : cinq questions aux gouvernants

En quelques années les outils du numérique ont pris une place importante dans la société, modifiant profondément le travail, accélérant la mondialisation de l’économie, ouvrant de nouveaux usages pour l’accès aux savoirs, à la culture et les échanges entre personnes.

Cette évolution, si elle est rendue possible par les formidables technologies de l’information est d’abord du point de vue des hommes et des femmes une mutation sociale.

Le développement à la fois local et global des réseaux et des biens numériques s’appuie sur de nouvelles pratiques collaboratives inventées hors du politique et des systèmes educatifs.

Les organisations pyramidales héritées de la société industrielle et de l’économie des biens rares habituées à une culture hirérachique à l’information de quelques uns sont souvent en repli face à ces nouvelles cultures du tous pour tous.

Aujourd’hui les associations, les réseaux qui portent ces changements au sein de la société sont en grande difficulté, une à une les initiatives innovantes sont confrontées à une absence de prise en compte financière, politique de ceux qui gouvernent les politiques publiques.

Pourtant il est essentiel d’accompagner le long chemin des administrations, des services publics locaux, des systèmes éducatifs vers cette évolution des sociétés.

Et dans le même temps quelques quasi monopoles de l’informatique ou de la diffusion audioivisuelles, des marchands de brevets tentent de faire main basse sur cette aubaine des biens numériques si faciles à reproduire.

Il est urgent dans le long chemin des hommes et des femmes vers les sociétés de l’information de rétablir l’équilibre et d’entendre les questions posées par celles et ceux qui s’impliquent dans une appropriation sociale des technologies de l’information.

à propos des fractures sociales et "numériques"

L’accès des publics éloignés aux usages de l’internet et au multimédia est dite comme une priorité.

Oui mais sur quel financement public s’appuyer pour l’accompagnement humain de ces projets ? quelles mesures collectives pour faciliter l’accés aux équipements des personnes qui n’en ont ni les moyens ni les habiletés nécessaires ?

à propos de l’e-administration

Les services publics en lignes s’élargissent chaque jour et facilitent la vie quotidienne de ceux qui peuvent y accéder. La volonté d’un accès pour tous est dite.

Mais comment
accompagner, former à, reconnaitre, valoriser les tâches nouvelle des centaines de milliers d’agents des services publics locaux concernés par cette médiation ?

à propos de l’ingénierie sociale des réseaux

La
société rémunére les ingénieurs, les directeurs les spécialistes. Les réseaux coopératifs émergent, inventent de nouvelles façons de coopérer, produisent des logiciels libres.

Qui peut financer celles et ceux qui
inventent, expérimentent, aident à s’approprier les outils du logiciel libre et de la coopération, comment sont reconnues, les
compétences rares et précieuses d’animateurs de réseau ? , qui acceptera de nous y former
 ?

à propos des nouveaux biens communs

Le numérique ouvre de nouveaux possibles pour la création, la diffusion, la réappropriation des oeuvres artistiques et de l’expression personnelle. Des millions de personnes s’enrichissent mutuellement sur les réseaux d’échange en pair à pair.

Pourquoi la loi tend-telle essentiellement à protéger les monopoles des brevets, des droits voisins des royalties et non à encourager, rémunérer les créateurs et la diffusion de la richesse collective ?

à propos des savoirs publics et écrits publics

Des dizaines de milliers de
personnes écrivent publiquement ((spip, wiki, blogs ..) pour donner à voir réalisations, projets, savoirs, oeuvres artistiques et montrent que la coproduction de
savoirs, de débat public est possible et répond à un besoin.

Pourquoi dans les universités et centres de recherche la mise à
disposition de savoirs publics n’est pas reconnue ? et pourquoi si peu d’information publique est-elle rendue publique et librement accessible à tous ?

Voilà quelques questions qui m’interpellent et que j’aimerais poser à toutes celles et ceux qui participent à la gouver&ance de la société qu’il-elle soit dans un ministère, à
la direction d’un service public local d’un laboratoire de recherche, d’un lycée ou élu d’une collectivité locale.

Michel Briand

Trame de l’intervention lors de la soirée des voeux de l’internet vendredi 21 janvier au ministère de la recherche (vu le temps la question 3 n’a pu être reprise).

Quelques commentaires en complément :

Selon les chiffres du secrétariat d’Etat aux personnes handicapées, 1,5 million de personnes sont malvoyantes, dont 60.000 sont aveugles. Les livrens numériques sont une formidable opportunité mais les deux associations impliquées ont reçu en tout et pour tout une subvention de 5.000 euros, de la part de la direction du livre, du ministère de la Culture.

court extrait d’un article du journal du net

Posté le 21 janvier 2005 par Michel Briand

©© a-brest, article sous licence creative common info

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  • Janvier 2005
    18:07

    > Gouvernance ou indifférence : cinq questions aux gouvernants

    par Roger Nifle

    Chacun voit le monde de sa fenêtre. Or Les "fenêtres de conscience" dépendent du Sens dans lequel on regarde le monde et ensuite ce qu’on y voit des instruments d’optique dont on dispose.

    Nous sommes dans une mutation qui remet en question les Sens habituels. On nous dit que le politique est une affaire de pouvoir (même dans démo-cratie) Or vous nous parlez du bien commun c’est une toute autre science du politique qu’il faut concevoir (Où est-elle pensée ?)

    On nous dit que l’intérêt général ou particulier est le moteur et la légitimation de toute économie (l’intérêt général n’est qu’un intérêt particulier prétenduement général ex : national, corporatiste, idéologique, etc.) Vous nous dites que ça doit se compter selon la valeur des contributions au bien commun. Où sont les penseurs d’une économie de ce type ? dans les écoles et universités ? Dans les sphères des hauts fonctionnaires ? Dans les Syndicats ? Où ?

    La mutation dans laquelle nous sommes entrés remet tellement de choses en question qu’il faut, au-delà des aventures pionnières, prendre au sérieux ce qu’il y a à repenser, ce qu’il y a à rebâtir que l’on prennait pour certitudes et selon quoi nos élites ont été sélectionnées.

    La crise des représentations rend obsolètes la plupart des modèles de pensée et d’action. Cela veut dire que l’on découvre qu’ils ne sont pas omnipotents mais très relatifs. La crise de Sens nous met face à la pluralité des Sens possibles. Il nous faut les discerner et choisir de façon responsable. Nos modèles mentaux ne nous en disaient rien surtout si on croyait à la suffisance de la Raison.

    Si vous dites à quelqu’un "changez" que croyez vous qu’il va se passer ? Rien ou résistance au changement.

    Nous en sommes là. Si nous prennons au sérieux ce qui se passe il nous faut non seulement en comprendre le Sens mais aussi contruire des alternatives conséquentes et les processus pédagogiques appropriés.

    Le paysage que vous décrivez et que nous sommes nombreux à voir n’est pas intelligible par tout le monde surtout ceux qui ont été formés aux vertus de conformité et par ceux qui ont intérêt à ce que ne soit pas dévoilé le Sens de leur activité (quelle belle invention que la raison pour en trouver toujours une bonne).

    C’est là mon point de vue mais aussi ce à quoi je travaille avec l’Humanisme Méthodologique.

    Voir en ligne : Journal permanent de l’Humanisme Méthodologique