SavoirsCom1 contre la guerre au partage et pour de nouveaux modèles de financement

Le collectif SavoirsCom1 dénonce fermement la guerre au partage entamée par quelques grands éditeurs et le Syndicat National de L’Edition contre la team AlexandriZ. Le collectif considère avec Hubert Guillaud du blog Lafeuille et membre du collectif que :

Le piratage de livre électronique va durer comme le souligne les études annuelles du Motif. Et derrière la visibilité de la Team, il faut se souvenir que l’essentiel des échanges sont invisibles (6 % des téléchargements illégaux proviennent des sites de streaming, 23 % des échanges en P2P, et 71 % des copies illicites s’échangent de manière classique entre proches, par l’utilisation de disques durs externes, de clefs USB ou de disques gravés, selon un Memo confidentiel de la RIAA révélé par TorrentFreak). Ils se font par e-mail, par échanges de clefs USB ou de disques durs, voir par l’interconnexion des bibliothèques personnelles de livres électroniques. Demain, les échanges retourneront sur les sites P2P (où ils sont toujours) et dans des réseaux cryptés (où ils sont déjà), qu’il sera plus difficile d’observer et de mesurer. La Team permettait à tous les éditeurs de voir l’évolution du piratage, de mesurer ce qui s’échangeait… De pouvoir y réagir. Demain, ce piratage n’aura pas disparu avec la disparition de la Team, mais il sera devenu plus difficile à endiguer… Il sera devenu plus difficile aux éditeurs et auteurs de dire aux lecteurs leur exaspération face à ses pratiques.

Entrer en guerre contre le lecteur, contre son client… (ceux qui téléchargent le plus sont vos meilleurs clients assènent nombre d’études) c’est mener une guerre perdue d’avance. Accuser les pirates de déstructurer le marché du livre, c’est trouver un bouc-émissaire bien facile aux tarifs inadaptés, aux services inexistants, aux possibilités d’échanges devenues impossibles (« La possession, le partage, l’organisation de ses livres sont des principes que le lecteur numérique ne veut pas sacrifier » rappelait Philippe Aigrain au Forum de la SGDL). Les revenus de l’auteur et de l’éditeur ont toujours dû faire avec avec le piratage (depuis l’origine de la librairie).

La guerre au partage cache le besoin d’une réforme de grande ampleur du financement de la création et masque la nécessité de reconnaître un droit au partage non-marchand décentralisé. Le collectif rappelle que le point 7 de son Manifeste indique :

7. Le partage non marchand d’œuvres protégées doit être possible, et des mécanismes de rémunération alternatifs pour les auteurs doivent être explorés. De la même manière, la possibilité d’effectuer des usages non commerciaux des œuvres est essentielle au développement personnel des individus. La situation de l’auteur doit être prise en compte lors de la mise en place de nouvelles exceptions ou limitations au droit d’auteur, ou lors de la révision des anciennes.

A cet égard, Philippe Aigrain souligne la nécessité de reconnaître et d’encadrer le partage non-marchand décentralisé entre individus.

Contrairement à ce que ces éditeurs affirment, ils sont en train de répéter en pire l’erreur des majors musicales. Ils s’imaginent qu’il est possible et prétendent qu’il est souhaitable d’installer la rareté des copies des œuvres dans le monde numérique par une combinaison de verrous technologiques et d’actions judiciaires et politiques. Contre cela, je réaffirme avec force que le partage avec d’autres individus d’une œuvre qui est entrée en notre possession est un droit culturel essentiel, dont la portée est plus étendue dans le monde numérique. Pour concilier l’exercice de ce droit culturel fondamental avec une économie culturelle numérique soutenable, j’ai proposé de le reconnaître en le restreignant, d’une part aux activités hors marché et d’autre part au partage entre individus sans centralisation de contenus sur un site de prestataire. Dans mes propositions, j’ai même précisé la définition de cette absence de centralisation en spécifiant que le partage devrait être autorisé « d’un espace de stockage placé sous le contrôle souverain de l’individu à un espace placé sous le contrôle souverain d’un autre individu ». TeamAlexandriz ne centralise pas de contenus, mais utilise des sites centralisés comme hébergeurs de contenus (des usagers). On peut considérer (sous réserve de ma bonne compréhension), que TeamAlexandriz est un agrégateur de liens vers des contenus mis en ligne sur des sites centralisés commerciaux.

Pour plus de précisions sur les proposition de Philippe Aigrain et de la Quadrature du Net, nous recommandons la lecture de ce document : Eléments pour la réforme du droit d’auteur et des politiques culturelles liées

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zerkay67

L’adresse originale de cet article est http://www.revue-reseau-tic.net/Sav...

Via un article de SavoirsCom1, publié le 11 novembre 2012

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