Forum de l’administration electronique

A propos de l’accessibilité

Intervention de Bernard Descargues chargé de mission accès public à la Délégation aux usages d’internet delegation.internet.gouv.fr

L’usage des TIC tend à imprégner toutes les activités économiques et sociales rendant la question de leur utilisation par l’ensemble de la population de la plus haute importance.

Le temps étant compté je vais essayé d’être direct en posant les questions qui me paraissent les plus importantes :

1/ l’accessibilité des tic et en particulier de l’administration électronique concerne deux catégories de public qui ont chacun des besoins spécifiques et dont les solution ne sont pas toujours compatibles et peuvent même être contradictoires.

  • les personnes éloignées de l’internet, en raison de difficultés économiques, sociales et culturelles qui ne pourront utiliser l’administration électronique qu’à condition de bénéficier d’un accompagnement soutenu. ceux d’entre eux qui à l’heure actuelle n’utilise pas eux-mêmes l’administration papier continueront à avoir besoin d’un intermédiaire pour leur démarche administrative, par exemple un travailleur social. Le seul moyen que les illettrés accèdent eux-mêmes aux services de l’administration, qu’elle soit électronique ou traditionnelle, c’est qu’ils apprennent à maîtriser l’écrit. ;
  • les personnes à besoin spéciaux (handicap&es ou personnes âgées) affectées par des incapacités fonctionnelles fruit d’une déficience motrice sensorielle ou mentale et qui utilisent les TIC grâce à des interfaces matérielles et logicielles adaptées (dispositif remplaçant le clavier et la souris pour les déficients moteurs, synthèse vocales et plages braille pour les déficients visuels).

La démarche de « design for all » ou « accessibilité universelle » développé par des universités, centres de recherches et industriels, généralement des pays anglo-saxon se propose d’élaborer une réponse opérationnelle au défi de l’accès d’internet pour tous. Selon cette conception, les produits et les services de la société de l’information doivent être conçus pour l’ensemble de la population, et prendre en compte pour cela la diversité des capacités à les utiliser. Pour répondre à cet objectif ils doivent intégrer la contrainte d’accessibilité aux personnes présentant des besoins particuliers dès l’origine de leur conception. Ils doivent donc pouvoir être. utilisés directement par la population la plus large possible, tout en intégrant les moyens de fonctionner avec les aides techniques adaptées aux besoins spécifiques des personnes handicapées.

Pourtant si on n’y prend garde il peut y avoir conflit d’intérêt parce qu’on va privilégier la réponse à une catégorie de besoin aux détriment d’autres.

C’est le cas de trois villes, Parthenay, Le havre, Tourquoing, récompensées par le jury ville internet pour la diversité des contenus et des services numériques mis à la dispositions des habitants, mais qui sont difficilement utilisable par les personnes malvoyantes parce qu’ils méconnaissent les règles de base à mettre en pratique pour que les synthèse vocales et plages brailles puissent décoder l’information. En particulier l’utilisation systématique de techniques graphiques pour une présentation plus attractive de l’information peut rendre celle-ci inaccessible aux déficients visuels.

2/ Comme pour l’accessibilité des bâtiments ou des transports aux personnes handicapées, l’accessibilité des TIC est réalisée par l’application de règles générales aux contenus et aux services Web : la largeur minimales des portes ou l’obligation de plan incliné dans les bâtiments a ses correspondants pour les contenus et services internet dans le commentaire textuel des images, et la recommandation d’utiliser des polices de caractères qui soient d’une taille suffisante et de les définir en pourcentage plutôt qu’en valeur absolu de manière a adapter leur présentation à l’utilisateur.

Dans le premier cas il s’agit de permettre aux fauteuils roulants d’accéder à l’intérieur du bâtiment, dans le second de rendre l’information compréhensible par l’interface sonore ou braille.

L’accessibilité de l’administration électronique c’est l’application de ces règles générales qui permettra aux personnes handicapées, quelque soit leur déficience d’utiliser les services numériques proposés à l’ensemble du public.

Les sites d’administration électronique adaptés et spécialisés à un type particulier de déficience ne doivent être envisagés que lorsqu’on se trouve en présence de contenus pour lesquels n’existent pas d’interfaces adaptées permettant de convertir facilement, presque automatiquement l’information.

Relève de la mise en accessibilité le commentaire textuel d’une photo par son titre, relèverait de l’adaptation la description précise de cette phot :
(drapeau européen) (description du drapeau européen).

je suis désolé de citer le très mauvais exemple du site internet de la cité des sciences qui nous accueille aujourd’hui : l’ignorance systématique des recommandation du WAI n’est pas du tout compensée par la mise à disposition d’un site spécialisé pour handicapé qui est loin de reprendre l’ensemble des contenus figurant sur le site. Il est assez paradoxal pour une personnes aveugle de ne pouvoir accéder aux conférences audio existantes sur le site.

3/ La mise en œuvre de l’accessibilité par l’administration électronique aura un impact immédiat sur les conditions de vie des personnes handicapées et devrait avoir un effet d’entrainement sur la mise en accessibilité des tic dans leur ensemble, notamment dans le secteur privé, notamment par l’impact des marchés publics sur les fournisseurs de contenus et diffusion de l’exemple.

C’est pourquoi, a l’exemple des Etats-Unis, l’ensemble des pays occidentaux adoptent des dispositions obligatoires prévoyant l’obligation d’accessibilité des contenus et services web des administrations publiques, l’article 25 de la loi sur les personnes handicapées est en train de le réaliser pour la France.

Pour atteindre l’objectif d’une administration électronique accessible il est nécessaire d’avoir un pilote clairement identifié et doté des moyens d’action suffisant pour animer le réseau des acteurs publics et diffuser largement l’information sur les méthodes et évaluation.
En France, l’ADAE a vocation à être ce pilote, et je regrette qu’elle n’ait pas figuré dans cette table ronde.

4/ Secteur récent totalement immergé dans la dynamique de la mondialisation, les TIC évoluent en permanence ce qui oblige d’adapter sans cesse et rapidement les règles d’accessibilité » pour maintenir l’accès effectif des contenus internet aux personnes handicapées.

Seul un renforcement de la coopération des acteurs à l’échelle internationale, et en premier lieu au niveau européen est de nature à relever ce défi en permettant confrontation d’expériences et mutualisation des bonnes pratiques.

Bernard Descargues

chargé de mission accès public à la Délégation aux usages d’internet delegation.internet.gouv.fr

Posté le 5 janvier 2005

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