un communiqué de la Quadrature du net

Droit d’auteur en ligne : La Cour de Justice de l’UE rejette la censure privée et automatisée

La Cour de Justice de l’Union Européenne vient de rendre une nouvelle décision en faveur des libertés sur Internet dans l’affaire SABAM c. Netlog, en déclarant que forcer un hébergeur à surveiller et à filtrer les contenus en ligne est contraire au droit de l’UE. Cette décision cruciale vient à point nommé, alors que des initiatives comme ACTA ou la révision prochaine de la directive IPRED cherchent à généraliser la censure privée et automatique en ligne dans le but de défendre un droit d’auteur dépassé.

Dans cette décision importante, la Cour de Justice de l’UE suit un raisonnement similaire à celui tenu il y a quelques mois dans l’affaire SABAM c. Scarlet , en concluant que le fait de contraindre un hébergeur à surveiller toutes les communications électroniques de ses utilisateurs, dans le but de bloquer les échanges non-autorisés d’œuvres soumises au droit d’auteur, était contraire au droit de l’UE et aux droits fondamentaux. La Cour se base notamment sur la directive «  services en ligne  » de 2000 (également surnommée directive «  eCommerce  ») et la Charte des droits fondamentaux [Voir la décision ]].

Alors que plusieurs propositions comme l’ACTA ou la révision prochaine de la directive IPRED cherchent à lutter contre le partage de la culture sur Internet au travers de la privatisation des missions de police et de justice, cette décision vient à point nommé. Elle affirme clairement qu’encourager des entreprises privées à faire la police sur leurs réseaux et leurs services, pour prévenir de possibles atteintes au droit d’auteur, n’est pas compatible avec les valeurs démocratiques de l’Union européenne.

«  Cet arrêt doit sonner comme un appel pour le législateur à renoncer aux dispositifs de censure privatisée, déguisés en “coopération” entre les acteurs d’Internet et l’industrie du divertissement. Nous devons désormais rompre avec la logique répressive qui porte inévitablement atteinte aux libertés en ligne et à l’Internet ouvert, pour engager une profonde réforme d’un régime du droit d’auteur désormais malade. Il nous faut inventer un droit d’auteur qui, plutôt que de censurer Internet, encouragera l’accès à la culture et son partage, tout en permettant un financement équitable de la création.  », déclare Jérémie Zimmermann, porte-parole de l’organisation citoyenne La Quadrature du Net.

L’arrêt de la CJUE dans l’affaire SABAM c. Netlog fait suite aux poursuites engagées en 2009 par la société de gestion collective belge SABAM contre le réseau social Netlog. SABAM demandait que Netlog, en tant qu’hébergeur, soit contraint d’installer un dispositif permettant de prévenir les atteintes au droit d’auteur. Le Tribunal de Première Instance de Bruxelles avait demandé à la CJUE si de telles mesures étaient compatibles avec le droit de l’UE  [1].

Communiqué de la Quadrature du Net.

Lien permanent : https://www.laquadrature.net/fr/droit-dauteur-en-ligne-la-cour-de-justice-de-lue-rejette-la-censure-priv-e-et-automatis-e

[1La question préjudicielle est la suivante : le droit de l’UE permet-il «  aux États membres d’autoriser un juge national, saisi dans le cadre d’une procédure au fond et sur la base de la seule disposition légale prévoyant que : "Ils [les juges nationaux] peuvent également rendre une injonction de cessation à l’encontre des intermédiaires dont les services sont utilisés par des tiers pour porter atteinte au droit d’auteur ou à un droit voisin", à ordonner à un prestataire de services d’hébergement de mettre en place, à l’égard de toute sa clientèle, in abstracto et à titre préventif, à ses frais et sans limitation dans le temps, un système de filtrage de la plus grande partie des informations stockées sur ses serveurs, en vue d’y repérer des fichiers électroniques contenant des oeuvres musicales, cinématographiques ou audiovisuelles sur lesquelles la SABAM prétend détenir des droits et d’en bloquer ensuite l’échange ?  »

Posté le 17 février 2012

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