EcoSol Brest : Vivre la rue est une association installée à Recouvrance, dans un quartier de Brest. Pouvez-vous nous présenter vos actions et vos publics ?
Vivre la Rue s’est créée pour protéger la rue Saint-Malo, la plus vieille rue de Brest, alors menacée de destruction totale. Lorsque l’association est arrivée la rue et son secteur étaient sinistrés : abandon de la partie ancienne, éloignement des services, logements vétustes concentrant une population en grande difficulté… C’était un endroit négligé et oublié. Le défi était de sauver la vieille rue, et aussi de désenclaver le quartier, de le faire découvrir de manière valorisante et de le rendre vivant.
Actuellement, le grand rendez-vous de Vivre la Rue, ce sont les fêtes, du dimanche après-midi, des journées d’événements culturels et artistiques. Avant, il y a eu les Beaux Dimanches, depuis 2011 les P’tites Lessives au lavoir de la rue Saint-Malo. Le prix d’entrée est libre pour être à la portée de toutes les bourses et les spectacles proposés (concerts, arts de la rue, danse, théâtre…) abordent des genres variés pour favoriser le mélange des publics, les découvertes, les rencontres.
Et depuis un an, un espace associatif polyvalent ‘’Au Coin d’la Rue’’ (il s’appelait le MillePattes jusqu’au mois de novembre 2011) géré par Vivre la Rue est ouvert au public tous les jours au n°12. On voulait être présent dans le quartier tout au long de l’année, comme lieu de vie pour les habitants et les visiteurs, ainsi que de rendre l’association plus visible dans le quartier, permettre la compréhension de ses activités par les riverains et promeneurs. Le souhait est de créer un lieu de rencontres, d’échanges toute l’année et pas seulement en période de fêtes, mais aussi de réimplanter des activités et d’animer ce secteur éloigné des services…le lieu a démarré en tant que point d’accès gratuit à internet, avec un petit bar bio proposant de déguster thés et cafés du monde.
EcoSol Brest : Vous êtes lauréat de l’appel à projet pour une économie sociale et solidaire en action en 2010. Pouvez-vous nous présenter le projet soutenu et nous préciser en quoi l’appel à projet vous a aidé ?
L’espace ‘’Au Coin d’la Rue’’ a très vite été investi et apprécié, notamment par les riverains. Au cœur d’un quartier éloigné des commerces, l’envie d’une petite épicerie de proximité, solidaire, se faisait sentir. Une trésorerie était nécessaire pour acheter le premier stock ; le soutien de l’Appel à projets du Pays de Brest a permis de démarrer l’activité. On vend du potage de légumes, des pâtes et des céréales, des condiments, des biscuits… Et petit à petit on fidélise notre clientèle. En complément des réseaux du commerce équitable et à mesure des contacts avec des producteurs biologiques du coin la gamme de nos produits est de plus en plus locale, dans une logique de circuits courts et pour soutenir les initiatives de production éco-responsables du territoire.
EcoSol Brest : L’économie sociale et solidaire défend la place de l’humain au cœur des projets. Comment vous positionnez vous par rapport à ce mouvement ?
L’association est née d’une idée forte du développement durable, la capacité à transmettre un patrimoine commun, ici la rue Saint-Malo, aux générations futures. Le socle c’est cela, la volonté de partager cette vieille rue du Brest populaire, patrimoine commun, avec le plus grand nombre. Les projets de Vivre la Rue reposent sur l’envie de partager et de faire ensemble, d’envisager les rapports humains de manière participative, par la qualité des échanges, la coopération.
Dans ce cadre l’idée est d’y donner rendez-vous régulièrement à l’occasion de fêtes, événements culturels et artistiques, susceptibles d’intéresser tous les publics… c’est ainsi que beaucoup ont découvert la rue Saint-Malo, et parmi eux, les brestois eux-mêmes ! La démarche de ces journées de spectacle vivant est par ailleurs de concevoir un lieu d’expression des arts ouvert, et de soutenir la création : tous les groupes, artistes et compagnies sont rémunérés à leur juste valeur, c’est-à-dire à celle qu’ils estiment… le prix d’entrée est libre pour permettre un accès à la culture à tous. L’organisation repose beaucoup sur les contributions volontaires, et le soir tout le monde mange ensemble, artistes et bénévoles.
Concernant le patrimoine bâti en lui-même, là aussi, notion du partage est le pilier du projet : les maisons sont ouvertes le plus possible : le siège de l’association est un espace ouvert, la maison bleue et la Fausse aux Makaks sont des lieux d’exposition, d’autres espaces sont ouverts régulièrement lors des fêtes (lavoir, belle tamisier, …). Celles qui sont fermées le sont pour des raisons de sécurité… les maisons sont fragiles. Pour pouvoir continuer à partager la rue St-Malo, son atmosphère si particulière, il est urgent de l’entretenir ; la priorité est de stabiliser les maçonneries. Le souhait de Vivre la Rue est que ces bâtisses accueillent des résidences d’artistes, des lieux d’expositions, et qu’elles soient toutes ouvertes aux promeneurs et visiteurs.
La grande richesse de la Rue Saint-Malo, ce sont ses habitants et ses acteurs. Vivre la Rue entame un travail de collecte de mémoires pour donner une idée du vécu des vingt générations de brestois ayant habité ce petit bout de Recouvrance, valoriser ces paroles, ces souvenirs et ces perceptions.