Face à cette extraordinaire mutation, la première réaction d’une grande majorité des acteurs impliqués (sociétés d’auteur comprises) a consisté au blocage pur et simple, les tentatives pour criminaliser les dynamiques d’usage les plus perturbantes
étant nombreuses et largement médiatisées. De nouvelles offres "légales" de vente en ligne sont apparues, donnant l’impression (provisoire) que limitation de l’usage (par renforcement des protections et contraintes) et répression permettraient d’éviter une trop grande remise à plat du fonctionnement d’ensemble. Le coup est pourtant bel et bien parti.
Loin du tambour médiatique des majors, des alternatives passionnantes se multiplient et apparaissent de plus en plus crédibles. Pour les auteurs, qui voient les circuits traditionnels se fermer toujours plus à la pluralité créative au moment où explosent les facilités d’autoproduction, les réseaux offrent de nouvelles opportunités de voir leurs créations exister, se diffuser. Des outils apparaissent, qui permettent aux artistes de définir les modalités d’accès et rémunération associés à une œuvre (Creative Commons). Certains d’entre eux décident ainsi de les mettre en accès libre et gratuit sur des sites comme Donwload.com ou Musique-libre.org
. C’est le cas Steve Coleman, qui considère qu’au moins une partie de sa production appartient au patrimoine commun et ne doit pas donner lieu à paiement.
Sur la question centrale des modèles économiques susceptibles d’assurer une "juste" rémunération des ayants droits tout en libérant les dynamiques d’usages, de nombreuses pistes restent à creuser (P2P légal, taxation des supports matériels et immatériels, modèles indirects...). La vitalité du débat actuel indique toutefois que le temps des blocages systématiques est en train d’être dépassé, en particulier du côté des sociétés d’auteur (voir les propositions émises
- par le professeur Terry Fisher d’Harvard). Une bonne nouvelle pour la pluralité.