Le logiciel libre : avant-garde révolutionnaire ou ghetto communautaire ?

Introduction de l’article publié par Pierre Mounier dans homo-numéricus

Cet article est publié dans le magazine en ligne homo numéricus

Le libre est à la mode. Longtemps considéré comme, au mieux, une curiosité exotique réservée aux communautés de hackers, le logiciel libre a su, en Europe au moins, convaincre bien au delà des cercles de programmeurs dont il est issu, jusque dans les rangs des utilisateurs individuels [1].

Cette logique de la dissémination suit deux axes essentiellement : premier axe, celui des organisations publiques et privées qui investissent le champ à la fois comme consommatrices de logiciels, mais aussi comme contributrices, voire productrices. Rien de nouveau à cela pourrait-on penser ; les entreprises proposant des services associés à des logiciels libres - les sociétés de commercialisation de distribution, les sociétés de support, ou même de développement "à façon" à partir de briques logicielles libres- existent depuis longtemps ; l’utilisation, au sein d’entreprises ou d’administrations de logiciels libres - comme le serveur Web Apache ou le serveur de listes de discussions Sympa n’est pas non plus nouveau. On verra cependant que les conditions dans lesquelles ces organismes publics utilisent ou produisent des logiciels libres ont bien évolué.

Le deuxième axe de propagation du logiciel libre est beaucoup plus lointain : il s’étend avec la diffusion d’un « esprit du libre » dans des communautés ou des activités qui n’ont rien de commun avec la programmation logicielle. Evidemment, beaucoup s’interrogent sur la légitimité d’une telle notion, aussi floue, et sur sa capacité à survivre hors de la communauté dont elle est issue. Les questions et polémiques soulevées par la propagation du libre le long de ces deux axes, interrogent de manières différentes la signification politique du logiciel libre ; sa dimension modélisatrice pour, dans un premier temps un mouvement de contestation étroit d’une forme très précise de capitalisme, ou, de manière plus large, de contestation globale d’un système économique fondé sur l’appropriation privative.

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Crédit Illustration : "Copyright (C) 1999,2000 Georg C. F. Greve

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[1Le site Framasoft par exemple se fait l’écho de l’existence nouvelle d’un « peuple migrateur »

Posté le 27 septembre 2004

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