Qu’attendent les citoyens en matière de concertation territoriale ?

Tinkuy, société spécialisée dans l’accompagnement et la mise à disposition d’outils destinés à la dynamisation de l’intelligence collective a réalisé une étude sur les attentes des citoyens en matière de concertation territoriale via les réseaux sociaux.
Cette étude apporte quelques pistes pour les collectivités locales et acteurs publics souhaitant se positionner en matière de Web collaboratif, c’est-à-dire interagir avec les citoyens via les nouveaux espaces numériques de participation citoyenne, qu’il s’agisse de réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, ou d’autre outils collaboratifs comme les blogs et autres plateformes.

Un intérêt pour l’utilisation de tels outils, mais des collectivités encore trop peu impliquées


82 % des personnes ayant répondu au questionnaire estiment que les réseaux sociaux contribuent à une certaine forme de concertation.

Cela permet selon eux une plus grande interactivité, la prise de parole, la mise en place d’échanges constructifs, la structuration des débats, et l’émergence d’idées fiables.
→ il est intéressant de voir que les réseaux sociaux sont perçus comme un espace de construction solide, fiable, où l’on peut échanger de façon structurée, en rupture avec l’image d’espace « fourre-tout », où les forums pouvaient notamment être le lieu d’un grand déballage généraliste, et donc peu utile en matière de concertation territoriale.
Cependant, les répondants ont bien conscience du fait qu’il ne s’agit là que d’un espace de concertation parmi d’autres (concentrer les débats sur les réseaux exclurait ceux qui n’y ont pas accès) et que cela ne peut être efficace que lorsqu’une ligne éditoriale claire est définie en amont, afin d’éviter tout risque de monopole ou d’instrumentalisation, réelle ou crainte, des débats par certains acteurs.

81 % des personnes interrogées considèrent que les collectivités locales n’utilisent pas suffisamment les réseaux sociaux et autres outils collaboratifs.

Les raisons évoquées sont diverses :
– retard en matière d’appropriation des outils de base, se répercutant sur l’utilisation d’outils plus « avancés ».
– manque de moyens humains et financiers. Ces dispositifs nécessitent une animation permanente.
– ils pointent également du doigt le fait qu’un tel déploiement nécessite la mise en place d’une réflexion plus globale sur la question. Question qui ne suscite pas toujours un intérêt chez les élus ou personnels en place, ou du moins pas une priorité budgétaire.

Un réseau social de concertation territoriale doit être, selon les participants, un espace de débat, de dialogue et doit faire remonter de l’information utile et simplifiant le quotidien des citoyens. Il doit permettre de faire émerger des idées et des initiatives, de valoriser et partager des expériences sur des thèmes divers.

→ rupture dans la circulation des informations et des idées. C’est la fin de la « verticalité ». Les individus doivent pouvoir interagir avec la collectivité (la circulation d’idées et d’infos se fait réciproquement), et aussi entre eux.

L’étude nous révèle que l’échelle territoriale jugée la plus pertinente concernant la mise en place de tels outils est celle de la ville (64%). Il s’agit du niveau où le citoyen estime avoir une bonne vision des acteurs présents et des enjeux qui se jouent sur le territoire.

→ Les régions sont évoquées dans seulement 9 % des cas, les communautés de communes ou d’agglomération dans 20 % des cas. Ces acteurs, s’ils souhaitent développer la mise en place d’outils de concertation devront également réaliser un important travail de mise en avant de leur compétences et montrer aux citoyens qu’ils sont aussi concernés par les actions menées à ces échelles.

L’étude cite ensuite quelques pratiques et initiatives innovantes en la matière, menées en France mais aussi à l’étranger :
– Anneau citoyen valenciennois : permet des échanges avec les citoyens via des forums thématiques (associations, citoyenneté, sports, jeunesse etc.),
– Nantes métropole a mis en place un blog dédié au développement durable et à son action climat. Elle invite également les citoyens participer à la réflexion prospective sur l’évolution de la ville en 2030 via la plateforme mavillededemain,
– L’expérience « Participatory Chinatown » menée à Chicago : les habitants du quartier sont sollicités pour la création d’un plan d’urbanisme par le biais d’un jeu en 3D.

Conclusion

L’étude explique que si certaines collectivités sont très en avance dans le déploiement d’outils de concertation territoriale, le niveau d’interactivité proposé peut rester assez sommaire.
Le déploiement de tels dispositifs constitue une réelle opportunité pour les collectivités. Leur permettant de servir au mieux l’usager, et de « s’enrichir » d’idées et remarques que ce dernier peut faire remonter.
L’étude pointe du doigt que la mise en place d’outils de concertation territoriale nécessite un investissement humain et financier constant, ainsi que la définition d’une stratégie de communication et d’une ligne éditoriale claires et précises.
La généralisation de tels procédés ouvre la voie à la mise en place d’une forme de démocratie locale nouvelle, plus constructive et « mutuellement enrichissante ».

En complément voir l’analyse de l’OTeN publiée en juin dernier : Facebook, Twitter, les Régions et les Départements

Elsa Baron, Chargée de mission OTeN

Étude réalisée entre le 1er et 24 juin 2011, via la diffusion d’un questionnaire par téléphone, ou via le hub viadeo. Quinze réponses significatives ont permis d’obtenir ces résultats. Un tiers des participants sont issus de collectivités et d’établissements publics, un quart de société de conseil, 20% du milieu du marketing et associatif.

Via un article de Philippe OURLIAC, publié le 5 octobre 2011

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