Utilisation des outils géomatiques pour valoriser la forêt privée dans le Mercantour

Description du projet : Le Centre Régional de la Propriété Forestière a réalisé un état des lieux des forêts privées des vallées du Mercantour en utilisant des outils SIG et GPS. Il a permis un travail de sensibilisation des propriétaires conduisant au lancement d’actions de valorisation et de gestion de leur bois.

Type d’initiative : Valorisation de la forêt privée
Territoire de projet : Vallées du Mercantour
Porteur(s) du projet : Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) - Provence Alpes Côte d’Azur
Date de lancement : 04/2003
Avancement (à la date de recueil) : Opérationnel
Date de recueil de l’information : 10/2007
Cible : Les propriétaires des parcelles ainsi que élus des vallées concernées par le projet

1- Contexte et objectifs du projet

1.1 Contexte et origine du projet

La forêt privée du haut pays des Alpes-Maritimes est caractérisée par sa grande étendue (voir tableau ci-dessous) et le morcellement de ses parcelles. Faute d’une gestion cohérence, sa durabilité et sa valorisation en tant que source de revenus pour ses propriétaires sont difficiles.

Les espaces forestiers privées qui la composent sont d’anciens terrains agricoles difficiles d’accès, souvent à l’abandon et mal connus de leur propriétaire.

On constate en outre une multitude de petits propriétaires sur ces parcelles.

Surfaces de forêt concernées
Vésubie 7 communes 9000 ha
Tinée 13 communes 11600 ha
Haut Var 9 communes 4372 ha
Roya-Bevera 7 communes 7583 ha

1.2 Objectifs et enjeux

Les objectifs du projet pilote mené par le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) sur les vallées du Mercantour (Haut-Var, Tinée, Vésubie, Roya-Bévéra) étaient d’améliorer l’état des peuplements forestiers, de valoriser et gérer le patrimoine forestier, et d’émettre des recommandations de gestion auprès des propriétaires ainsi que de sensibiliser les élus.

2- Description et organisation du projet

2.1 Les acteurs du projet

Le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) est un établissement public ayant une mission d’orientation de la forêt privée, de conseil technique, d’aide au regroupement et d’agrément des plans simples de gestion.

Le projet a été mené en partenariat avec l’Office National des Forêts (ONF), la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt (DDAF) des Alpes-Maritimes et le Parc national du Mercantour.

L’ONF a apporté son concours pour la mise en vente de coupes de bois en regroupant les offres situées dans les mêmes secteurs. La DDAF a collaboré dans l’instruction des dossiers de subventions et dans la mise à disposition de données géomatiques. Le Parc a mené une démarche permettant de mesurer les contraintes environnementales sur les zones d’interventions.

2.2 Les services proposés

Une fois les données collectées et exploitées sur forme de carte dynamique, le CRPF a pris contact avec les élus des communes concernées et avec les propriétaires des parcelles pour leur proposer une assistance consistant à définir un projet de valorisation de leur bois.

Ce travail d’animation a débouché sur la mise en oeuvre de plusieurs chantiers destinés à montrer concrètement aux propriétaires les différentes possibilités de mise en valeur de leur bois.

2.3 Les publics bénéficiaires

Le projet était destiné aux propriétaires des parcelles ainsi que les élus des communes et des communautés de communes des vallées concernées par le projet.

2.4 La dimension financière

Le budget du projet s’est élevé à 151 000 euros.

  • 61670 euros pour la partie connaissance de la forêt privée de la vallée, de la Tinée, de la Vésubie, du Haut Var, de la Roya et de la Bévéra ;
  • 33672 euros consacrés à la présentation des données aus élus et à l’animation en direction des propriétaires.

3- La mise en oeuvre du projet

3.1 Les étapes de mise en oeuvre

  • Avril 2003 à décembre 2003 étude de terrain sur la Vésubie et la Tinée avec relevé GPS de terrain et retranscription sur SIG.
  • Janvier à février 2004 : traitement des données et réalisation des cartes relatives à la Vésubie et la Tinée.
  • Mars 2005 à avril 2006 : étude de terrain sur la vallée de Roya-Bévéra et haut var avec relevé GPS de terrain et retranscription sur SIG.
  • Mai et juin 2006 : traitement des données et réalisation des cartes relatives à la Vallée de la Roya-Bévéra.
  • De septembre 2005 à septembre 2006 : contact des propriétaires de parcelles et mises en œuvre des opérations.

3.2 Les méthodes

L’opération s’est déroulée en 2 grandes phases :

  • une phase d’enquête : réalisation d’un état des lieux des forêts privées par l’intermédiaire d’une étude de terrain réalisée grâce à l’utilisation du GPS et d’outils SIG (Systèmes d’Information Géographique).

Cette étude a permis de décrire sous forme de cartes, les peuplements et les dessertes des parcelles. Elle a permis de définir les enjeux propres à chaque vallée.

  • une phase d’animation : sensibilisation des élus locaux et des propriétaires forestiers.

De nombreuses actions de valorisation et de gestion du bois privé ont été identifiées et ont fait l’objet d’une animation et d’un suivi spécifique. Des interventions forestières ponctuelles regroupant plusieurs propriétaires de parcelles ont déjà pu être programmées et réalisées.

Ces actions d’animations ont été le plus souvent regroupées en fonction d’attentes précises (mise en place d’une filière locale de bois de feu, mise sur le marché de bois d’œuvre pour les scieries…).

3.3 Les moyens techniques


Les moyens techniques se composent de 4 GPS permettant d’effectuer des relevés de terrain puis d’intégrer les données dans le Système d’Information Géographique (SIG).

Le SIG est composé de plusieurs couches :

  • les données externes fournies par le CRIGE : IGN, Orthophoto, etc.
  • une carte des forêts relevant du régime forestier (fourni par l’ONF) et des forêts ne relevant pas du régime forestier réalisée par le CRPF après enquête foncière au cadastre.
  • le cadastre informatisé lorsqu’il était disponible.

3.4 Les moyens humains

Quatre salariés du CRPF dont un chargé d’étude à plein temps ont été mobilisés sur le projet, soit un total de 535 jours de travail.

3.5 La communication sur le projet

La communication du projet s’est appuyée sur des réunions, des lettres spéciales d’information, des articles dans la presse locale ainsi qu’une plaquette de synthèse pour chaque vallée.

4- Bilan et perspectives

4.1 Les éléments de bilan

  • 36 communes ont été concernées par le projet.
  • 250 propriétaires ont été contactées et sensibilisés à la valorisation économique de leur bois.
  • 148 cartes dynamiques ont été réalisées (cartes des peuplements, carte des enjeux forestiers, cartes des dessertes).
  • 15 chantiers à vocation démonstrative ont été réalisées sur les vallées de la Vésubie, de la Tinée et de la Roya-Bévéra (3 fois plus que les prévisions).

Points forts

Ce projet est parvenu à fédérer et coordonner des partenaires privés et institutionnels agissant dans le domaine forestier (communes, ONF, sociétés de chasse, Parc national du Mercantour,…) qui ont travaillé ensemble pour initier une gestion de ces zones précaires dont les ressources sont exploitables sur le marché et peuvent constituer des sources de revenus pour les propriétaires.

Certaines interventions forestières ponctuelles ont déjà fait l’objet de ventes de bois ou de travaux, et des actions d’aménagement plus globales ont été initiées avec les communes et la forêt publique.

Le projet a contribué ainsi à l’émergence de la filière bois-énergie, avec une création attendue d’emplois directs et indirects.

Points faibles

Si l’utilisation d’un SIG a facilité l’identification des propriétaires en permettant de croiser les données recueillis avec le cadastre informatisé, il faut noter que l’absence de certaines données a limité ce travail de repérage. Le cadastre informatisé n’a pu être utilisé pour identifier les propriétaires que sur la Boléne Vésubie uniquement.

Perspectives

Suite à ces actions, le Conseil Général des Alpes-Maritimes a pris conscience des problèmes liés au morcellement et à la dispersion des propriétaires et de l’importance d’une meilleure gestion de ces espaces boisés caractérisés par des enjeux économiques et environnementaux.

Il finance désormais depuis octobre 2006 un technicien du CRPF, chargé de mission à hauteur de 60 jours/an poursuivre les actions en cours et les étendre au reste du département .

4.2 Appréciation du porteur de projet

Pour la première fois, le CRPF a réussi avec les acteurs locaux des actions concrètes ayant un fort impact territorial et qui concernent l’ensemble des fonctions de la forêt.

Pour le CRPF, il a permis de recréer du lien avec des propriétaires avec lesquels ils étaient difficile d’entrer en contact. La mise à disposition de données les concernant comme support aux entretiens avec les propriétaires a facilité le travail de sensibilisation.

5- Critères d´évaluation

5.1 Innovation

Au lancement du projet en 2003, l’utilisation de GPS de précision pour le relevé de données était innovante de même que la saisie des données sur SIG générant des cartes dynamiques car auparavant le CRPF devait s’appuyer sur un logiciel de traitement d’image comme photoshop pour produire des cartes.

Aujourd’hui ces technologies sont complètement adoptées par le CRPF.

5.2 Impact

De nombreuses actions de valorisation et de gestion du bois privé ont été identifiées et font l’objet d’une animation et d’un suivi spécifique. Des interventions forestières ponctuelles regroupant plusieurs propriétaires de parcelles ont été programmées et réalisées.

5.3 Reproductibilité

Le projet a été est facilement reproductible sur d’autres territoires, notamment en bénéficiant de la diminution de coûts des équipements.

5.4 Pérennité

La pérennisation du projet est acquise avec la généralisation de l’outil à l’ensemble des organismes de la forêt privée (mutualisation des données, échanges en réseau entre organismes).

Via un article de Benoît Dumolin, publié le 21 septembre 2011

©© a-brest, article sous licence creative common info