« A la recherche de l’empreinte perdue »

Le Pays Touristique de L’Oust à Brocéliande, composé de 6 communautés de communes, avait, en 2005, entrepris la création d’un circuit d’interprétation du patrimoine. Confié à un scénariste en interprétation du patrimoine, le circuit « Comment apprivoiser le dragon ? » passant par 88 étapes et par toutes les communes du territoire couvert par le pays touristique a été inauguré en 2007. Il avait vocation à la fois de créer de l’image, relier les communes entre elles, créer un lien entre visiteurs et habitants. En 2008, l’adhésion, au pays touristique, de nouvelles communautés de communes qui souhaitaient être accompagnées pour la structuration touristique de leur territoire, a été l’élément déclencheur d’une réflexion pour une nouvelle offre touristique. Dans ce cadre, l’une des premières actions mise en place est un circuit d’interprétation du patrimoine dans les communautés de communes de Locminé et Saint-Jean-Brévelay intitulé « A la recherche de l’empreinte perdue ». Ce périple devant répondre aux mêmes objectifs que le premier circuit avec une pointe d’innovation. L’entreprise spécialisée en production audiovisuelle et outils multimédias décidait d’utiliser la réalité augmentée pour valoriser le patrimoine d’une manière ludique. Sur 5 étapes, animations 3D, interactivité et mobilité seraient mises au service de la découverte du patrimoine.

– créer du lien entre toutes les communes,

– faciliter ou aider à l’émergence d’une identité touristique sur le territoire,

– créer des liens entre visiteurs et habitants,

– intégrer une dimension innovante au niveau de la mise en place du circuit.

Initié par le Pays Touristique de l’Oust à Brocéliande, « A la recherche de l’empreinte perdue » est co-financé par le Pays, les communautés de communes de Locminé et Saint-Jean-Brévelay et le Conseil Régional de Bretagne.
Sa réalisation a nécessité la mobilisation de divers partenaires techniques :
– le scénario et l’écriture du carnet de route ont été réalisés par Nina Polnikoff (scénariste en interprétation du patrimoine),
– les illustrations du carnet de route ont été réalisées par Chiara Buccheri,
– Domino Studios, entreprise spécialisée en production audiovisuelle et outils multimédias, était le maître d’ouvrage pour le compte du Pays Touristique de l’Oust à Brocéliande. Avec Int 13, ils ont fourni le système de réalité augmentée,
– Izatis Communication s’est occupée de la conception et de l’impression du carnet de route,
– les Gnomons ont été fabriqués par MAQ2,
– la conception des Gnomons a été confiée à Pig Images, agence spécialisée dans l’interprétation et la mise en valeur des patrimoines culturels et scientifiques.

Les Smartphones équipés de l’application sont mis à disposition par l’Office de Tourisme de Saint-Jean-Brévelay-Locminé en échange d’une caution de 300 euros.
L’institut Culturel de Bretagne a également été impliqué dans le processus pour valider, notamment, l’histoire et le patrimoine de Bretagne.
Des habitants relais (commerçants, propriétaires de gîtes ou de chambres d’hôtes…) répondent aux questions des aventuriers et aident à résoudre leurs énigmes.

Des visiteurs-reporters, équipés d’un carnet de route, d’un Smartphone, baptisé bidule mis à leur disposition par l’office du tourisme de Saint Jean Brévelay en fonction des demandes (moyennant une caution de 300 euros), parcourent les landes de Lanvaux en vue de résoudre les énigmes permettant de (re)trouver l’empreinte perdue.
Des marqueurs, bâtons avec un cadre et des repères permettant de déclencher des animations (personnages, sites disparus…) sur les Smatphones, sont orientés dans différents endroits au niveau des sites où la réalité augmentée est utilisée.
Un mini site (http://www.gazette-du-dragon.com) est mis à la disposition des visiteurs qui ont résolu leurs énigmes et trouvé l’empreinte perdue. Il peuvent y déposer les photos prises à l’aide du Smartphone et rédiger un article sur leur périple. Une mise en page type sur un fond du journal leur est proposée.

Le circuit touristique cible les familles avec une attention particulière aux adolescents qui sont habituellement assez peu intéressés par la découverte du patrimoine. Les parents sont plutôt attirés par le carnet de route et la rencontre avec les habitants, les enfants ravis par le Gnomon et les ados le bidule, le Smartphone.
Il vise également une clientèle citadine qui recherche de nouvelles expériences, du "fun" pour découvrir le territoire.

Le budget global du projet est de 93 694 euros. La réalité augmentée (développement pour mettre en place et gérer la technique, création graphique…) est la partie la plus importante en terme de budget. Elle a nécessité 53 000 euros.

• La Région Bretagne a financé à hauteur de 29,84% (27 960 €) la mise en œuvre dans le cadre d’un appel à projets d’actions dans le domaine du tourisme ;
• Les communautés de communes de Locminé et de Saint-Jean-Brévelay ont contribuées financièrement au projet à hauteur de 16,01% (15 000 €).
• Le Pays a autofinancé 54,15% (50 734 €) du projet sur 3 années.

Les réflexions portant sur la création du circuit touristique ont commencées en 2008 et plusieurs étapes jalonnent sa réalisation.
– octobre 2008 : rédaction du cahier des charges puis consultation des cabinets d’interprétation du patrimoine pour sélection d’un prestataire, dont la scénariste Nina Polnikoff, qui ne se limite pas à la description du site avec des panneaux mais raconte une histoire,
– Décembre 2008 : lancement des réunions de sensibilisation auprès des Elus, des professionnels du tourisme et de la population pour expliquer le projet et les inviter à le partager,
– Janvier-février 2009 : réalisation de « cafés mémoire » avec les anciens,
– avril 2009 : proposition, par la scénariste, du synopsis intégrant la réalité augmentée,
– Janvier 2009 à mars 2010 : recherche de financements avec notamment une candidature à l’appel à projets innovants lancé par la Région à l’automne 2009.
– mars 2010 à juin 2010 : écriture et réalisation du carnet de route.
– avril 2010 à janvier 2011 : achat des Smartphones et des marqueurs nécessaires pour déclencher le dispositif de réalité augmentée, création du mini site à “La Gazette du Dragon” ; développement et mise en œuvre de la partie réalité augmentée qui reste la plus onéreuse,
– Février 2011 : inauguration du circuit touristique.

La première phase consistait à réunir la matière première par le biais des rencontres avec les anciens et érudits locaux ainsi qu’auprès d’ouvrages et d’articles.
La scénariste s’est, au préalable, immergée en séjournant pendant quelques semaines sur le territoire pour aller à la rencontre des habitants et s’imprégner de la réalité du terrain. Un comité de rédaction composé de personnes qui souhaitaient contribuer en tant que passionnées du patrimoine (élus, habitants, historiens locaux, Institut Culturel de Bretagne, …) se réunissait tous les 15 jours pour corriger et enrichir le texte rédigé par la scénariste. Ce comité travaillait sous le contrôle de l’Institut Culturel de Bretagne pour qualifier l’écriture de l’histoire et les éléments de patrimoine de Bretagne.
Parallèlement, des cafés mémoire (rencontres avec des anciens dans des cafés) ont été organisés dans presque toutes les communes des deux communautés de communes pour les inciter à s’exprimer sur leur histoire, leurs souvenirs, le quotidien des bretons il y a 70/80 ans, le déroulement des mariages, des enterrements, … et collecter les informations. Ces cafés mémoires ont été pour parti filmés, pour parti enregistrés dans l’idée de servir dans le cadre de la valorisation du circuit.
Le comité de pilotage composé du conseil d’administration du Pays touristique (lui même composé d’Elus et de professionnels) élargi à un certain nombre d’acteurs comme l’Institut Culturel de Bretagne, s’est réuni trois fois : la première pour lancer le projet, la deuxième pour le synopsis et la dernière pour le scénario.

Les visiteurs disposent d’un carnet de route et d’un Smartphone mis à disposition en fonction des demandes. Des marqueurs, des bâtons avec un cadre et des repères, sont cachés dans des endroits précis au niveau de chacun des 5 sites concernés par la réalité augmentée. Ces marqueurs permettent de déclencher l’animation sur l’écran du bidule.

Le projet a été porté par le Pays Touristique de l’Oust à Brocéliande mais il a mobilisé des Elus, des habitants, des historiens locaux, l’Institut Culturel de Bretagne et l’Office du tourisme de Saint-Jean-Brévelay.

Pour une large diffusion, le Pays touristique a contacté le service relation presse du Comité Départemental du Tourisme du Morbihan pour mettre en place un plan de communication. Ce service travaille avec l’agence VinciCom qui a rédigé un communiqué de presse transmis à tout leur réseau. Des retours intéressants ont été enregistrés auprès de la presse écrite, la télévision, la radio et l’internet. Beaucoup de blogs ont relayé l’information.

4.1.1 Les objectifs réalisés

D’un point de vu qualitatif, les objectifs ciblés ont été atteints. Le circuit avait, notamment, pour vocation d’attirer de nouveaux visiteurs, beaucoup de gens sont venus découvrir le parcours pour l’innovation de la réalité augmentée. Le projet assure des retombés économiques au territoire. La clientèle attirée n’est pas forcément morbihannaise et les visiteurs réservant des chambres d’hôtes ou d’hôtels. « A la recherche de l’empreinte perdue » connaît un réel succès grâce à l’’intérêt de la nouveauté du projet, la qualité de l’accueil, le supplément d’âme et l’image portée, il a, de plus, remporté le Grand Prix du Tourisme 2011 de Bretagne catégorie « Prix Coup de Coeur ».

4.1.2 La réponse aux attentes des usagers

Même si aucune étude de satisfaction n’a encore été réalisée, le Pays essaie systématiquement de recueillir les avis des visiteurs à l’issu de leur séjour en vue d’améliorer l’offre. De manière générale, ils sont satisfaits.

4.1.3 Les points forts du projet

La méthode employée est un des points forts du projet avec une démarche partenariale impliquant l’ensemble des acteurs concernés dans le processus d’élaboration. Le circuit se présente comme un projet de territoire et pas uniquement la fabrication d’un produit touristique. Environ 200 personnes, principalement des gens du Pays, ont assisté à l’inauguration du circuit.
L’autre point fort est l’avancée technologique par rapport à d’autres circuits. L’équilibre entre média humain, média technologique et le support papier permet de toucher plusieurs classes d’âge simultanément. La réalité augmentée permet de valoriser le patrimoine de manière ludique.
Également, le circuit est une offre touristique qui fonctionne toute l’année car il est opérationnel toutes les saisons.

4.1.4 Les points faibles du projet

Un des points faible du circuit est son coût. Le projet est une expérimentation entraînant des surprises, des surcoûts, des reports, des délais supplémentaires pour la mise en œuvre. L’inauguration prévue pour novembre 2010 s’est faite finalement en février 2011. De plus, il n’y avait pas de garanties sur le résultat final et donc pas de « confort ». Mais ce risque est devenu un point fort car l’expérimentation intéresse les médias qui ont beaucoup contribué à sa diffusion.

4.1.5 Les perspectives dévolution

Le Pays a la volonté de diversifier les supports et envisage dans quelques mois, de proposer des tablettes avec un écran plus confortable.

Appréciation du porteur

« A la recherche de l’empreinte perdue » est un jeu de rôle interactif. Ce qui intéresse les visiteurs, y compris les curieux pour la manipulation de la réalité augmentée, est un ensemble, et notamment la rencontre avec le territoire et avec les habitants du Pays. Les gens reconnaissent avoir passé de bons moments, c’est une aventure humaine et pas uniquement technique et technologique. Le Smartphone et la réalité augmentée sont au service d’un scénario qui permet la rencontre avec la population. Avec les TIC bien utilisées, l’aspect humain est dominant et c’est fondamental pour le tourisme : dans la découverte du territoire… rien ne remplacera jamais le territoire.

Conseils aux futurs porteurs de projet similaire

Il faut toujours penser à la dimension ludique. L’approche pédagogique pure peut être ennuyeuse et donc contre productive en terme d’interprétation du patrimoine. Il faut également trouver l’équilibre entre la technologie, l’histoire qui est contée et la rencontre avec le territoire et ses habitants.

L’introduction de la réalité augmentée dans l’interprétation du patrimoine est innovatrice. Ce circuit est le premier en Bretagne qui utilise ce support multimédia. L’intérêt de la nouveauté du projet est un des facteurs qui ont conduit à sa sélection au Grand Prix du Tourisme de Bretagne.

Le projet a apporté une notoriété aux collectivités. Le circuit a largement était promu notamment par la presse et des revues touristiques spécialisées. Il engage le territoire sur une dynamique à moyen/long terme. Il a remporté le « Prix Coup de Cœur » du Tourisme produit en Bretagne grâce, notamment, à l’image portée.

Le projet est tout a fait reproductible sur d’autres territoires. Il faudra alors contextualiser le scénario car avant tout c’est un projet local. La technologie doit être mise au service d’un scénario. Le Pays touristique a déjà été sollicité par des acteurs institutionnels et des territoires.

Un des moyens pour résoudre l’énigme est de s’appuyer sur les habitants relais qui sont parfois des relais fragiles (commerces, particuliers, départs ou changements…). Il peut y avoir, par exemple, des commerces qui changent d’exploitants, auxquels cas il faut reprendre contact avec les nouveaux, leur expliquer la démarche et solliciter leur accord.. Il faut donc continuer à travailler sur le projet pour suivre la dynamique et le faire vivre.
Le taux de fréquentation est aussi un des facteurs qui garantiront la pérennité ou l’échec du circuit.