Ludovia 2011, le jour d’après

Après quatre journées intenses, je me retrouve dans mon bureau à gérer les « affaires courantes » liées à la rentrée de nos élèves. J’ai peu écrit pendant ces quelques jours, mais pris pas mal de notes, twitté #ludovia2011, rencontré et discuté avec beaucoup de gens, profité des moments de détente pour mieux en connaître certains, bref j’ai vécu dans l’instant et n’ai pas su/Pu/voulu m’isoler pour synthétiser à chaud tout ce qui se passait. Cela dit, cela correspond bien à ce que je suis, il me faut du temps pour digérer les nouveautés.

Qu’est ce que je retiens aujourd’hui :

  • La mobilité en éducation, est une notion beaucoup plus large que ce qui est défini dans le mouvement de recherche appelé « mobile learning » et englobe différents type de mobilité (l’équipement, l’élève, l’enseignant, la classe … ). On peut y intégrer les problématique d’informatique ambiante, ou utiliser le concept de mobiquité que François Bocquet a présenté en janvier ;

  • Les tablettes numériques semblent redynamiser le débat. Équipement mobile, convivial, multi usages, il semble bien placé pour servir de base au concept de cartable numérique. Et permettre par l’occasion de faire évoluer le rapport au numérique dans l’école. J’y reviendrai dans un prochain billet ;

  • La question du modèle économique pour équiper les élèves n’est pas tranchée. Équipement dans l’établissement pris en charge par les collectivités ? Équipement par les familles, aidées suivant leurs revenus ? Ce n’est pas encore tranché, il préoccupe clairement les collectivités locales. Il faudra sans doute construire un argumentaire solide, sur les apports pour les jeunes, sur les coûts, mais un rapide calcul semble faire pencher vers la deuxième solution, surtout si on considère que le prix des tablettes devrait rapidement baisser. Il faudra néanmoins intégrer dans la réflexion le problème de l’infrastructure des établissements, et de l’accès aux ressources, ce qui nécessitera sans doute de prévoir un plan sur plusieurs années ;
  • Le thème de l’ouverture ne me semble pas avoir été vraiment traité ou alors ramené aux problème des licences sur les ressources numériques, ce qui est clairement réducteur. C’est sans doute le débat suivant qui l’a camouflé ;
  • Le débat sur les ENT est un gigantesque gâchis. Ce n’était pas un thème de Ludovia, mais clairement un sujet important pour un certain nombre de participants. Clairement, le principe de l’ENT est une vue d’organisation, d’administration qui cherche à couvrir les besoins du numérique, et clairement les enseignants utilisateurs du numérique ne se reconnaissent pas dans cette vision (j’ai écrit un billet il y a – mois là dessus : Utiliser le Web2.0 après la classe, pourquoi pas. L’ENT ? non merci). Du point de vue des explorateurs numériques, les ENT cherchent à imposer des pratiques dans un cadre existant, alors que celles-ci évoluent rapidement à l’extérieur de ce cadre. Un table ronde qui chercherait à rapprocher ces points de vue et à définir une architecture qui fusionne les deux points de vue reste à organiser. Un sujet pour Ludovia 2012 ? Cela dit, ce débat ne fait que focaliser d’autres sujets : B2i contre culture ou litéracie numérique, réseaux sociaux dédiés contre réseaux sociaux ouverts. Et pourtant, les différents protagonistes sont d’accord sur les fondamentaux : éducation, citoyenneté, responsabilité… Une autre question qui se pose derrière ce débat est également la place de l’école dans la société, et de son ouverture, on touche là sans aucun doute au débat politique, que certains prédisent qu’il va s’inviter aux prochaines élections. On verra bien si on dépasse le pour ou contre Facebook pour avancer des arguments plus solides comme l’a fait si bien Laurence Juin. Et si l’éducation nationale arrive à se réconcilier avec ses forces vives que sont les enseignants. La confiance (et pas seulement numérique) est à construire d’urgence si l’on veut pouvoir avancer ;
  • Derrière ce débat, on a quand même parlé d’éducation citoyenne numérique, de communauté éducative, d’accès aux ressources, d’utilisation du numérique hors de l’école, qui sont des éléments du concept d’ouverture ;
  • La formation et la valorisation des enseignants a été évoquée en séance, comme étant un élément essentiel pour avance, mais les discussions plus informelles semblent indiquer que cela fait partie des parties sinistrées de l’éducation nationale, dans le contexte de réduction des effectifs ;
  • La 3D était également à l’honneur. Elle complète avantageusement l’ensemble des ressources disponibles pour expliquer des phénomènes physiques ;
  • J’ai également entendu parler d’évaluation dans le contexte numérique. L’académie de Créteil se propose de s’y atteler, c’est une excellente chose ;
  • Des termes comme confiance, communauté de pratique, motivation, plaisir d’apprendre, restent à être utilisés plus souvent ;
  • Et pour finir, je retiens les échanges formels et informels avec les autres blogueurs, notamment ceux mis à l’honneur par Thierry Foulkes.

Et je suis bien conscient d’avoir raté un certain nombre de choses, mais c’est intrinsèque à ce genre de manifestations, presque autant que sur la toile.

Un grand bravo également à l’organisation, qui nous a offert une grande fête.


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Via un article de Jean-Marie Gilliot, publié le 3 septembre 2011

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