Avons-nous toutes les cartes en main pour franchir le pas ? (Dujol CC-BY-SA )
Plusieurs bibliothèques départementales m’ont demandé de préparer une intervention sur les offres de ressources numériques en bibliothèque. Le cahier des charges étant à chaque fois de faire un panorama exhaustif des plateformes disponibles sur le marché « afin que les bibliothécaires aient une vision précise de ces nouvelles offres documentaires ». Une approche très réductrice de la question puisque que les enjeux liés aux modèles d’accès à ces ressources numériques sont totalement oubliés. Comme si le fait de bien connaître le catalogue des offres suffisait pour appréhender la pertinence de celles-ci. Malgré la figure imposée, j’ai proposé que ce panorama des offres ne soit pas la colonne vertébrale de cette formation, considérant que chacun peut se plonger dans le catalogue Carel ou Couperin. Il m’a semblé plus intéressant de donner des éléments de compréhension de la complexité des offres et de leurs modes d’accès, d’insister sur les problématiques liées aux contraintes techniques et juridiques et de démontrer qu’une offre pertinente de ressources numériques en bibliothèque est le choix d’un bibliothécaire averti.
La formation est proposée à des bibliothécaires totalement novices sur ces questions et qui selon les motivations exprimées lors de l’inscription, se sentent totalement dépassés. Le challenge étant de faire passer toute la complexité de cette question à des professionnels qui n’ont pas de culture numérique. Je me suis donc attaché à donner du sens en prenant le risque délibéré d’être moins précis sur certains points. Tout mon propos s’est structuré autour d’une seule question : que doit avoir en tête un bibliothécaire pour pouvoir choisir en toute autonomie face à un prestataire qui lui explique que son offre est la meilleure du marché ?
Ma présentation est donc de « niveau 1″, peut être caricaturale par moment. J’ai pris le parti de défendre ce que je répète lors de mes conférences : notre rôle est de défendre un accès du plus grand nombre aux ressources numériques et non de soutenir des modèles d’accès qui méprisent nos usagers. Pour cela nous devons connaître les dessous des offres, les contraintes explicites et implicites, les services proposés, les difficultés liées à un cadre juridique inadapté. En d’autres termes, donner pouvoir aux bibliothécaires de faire un choix averti et non subi. Cette approche stratégique des ressources numériques est un enjeu majeur de la formation professionnelle qui ne peut se résumer en une approche purement descriptive des offres. Le formateur que je suis ne sait pas faire autrement que d’essayer de convaincre les collègues que nous ne sommes pas des bibliothécaires béni-oui-oui et que nous ne devons rien lâcher sur cette question au nom de nos usagers. Mais j’ai bien conscience qu’une « formation engagée » est toujours contestable. De la formation à la déformation …
Je vous rassure sur l’absence de chiffres sur les pratiques numériques, le marché des e-books ou celui de la musique numérique, ils étaient traités lors d’une intervention précédente.
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