Paris asseoit l’opendata en France

Un texte repris de l’article publié par Libertic et reprise du site de Libertic

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Et de deux ! Après Rennes, la ville de Paris a lancé sa plateforme de données publiques Opendata.paris.fr le 27 janvier.

Avec cette plateforme, c’est toute la France qui découvre désormais l’opendata. L’annonce reprise dans les media nationaux confère au mouvement une large visibilité et une assise nationale. On sort du cadre expérimental rennais, l’ouverture devient un courant national.

LA PLATFORME PARISIENNE

L’objectif affiché par la Ville de Paris :

  • les chercheurs peuvent y trouver matière à nourrir leurs travaux et expériences
  • les développeurs peuvent créer des services innovants utilisant ces données
  • les citoyens et journalistes y trouvent des informations brutes
  • les entreprises peuvent fournir une valeur ajoutée à ces données, et ainsi créer de l’emploi et de la richesse pour la collectivité

C’est dans cet esprit d’innovation ouverte que le Conseil de Paris avait voté la délibération du 14 décembre 2010 et validé l’ouverture.

La licence

Paris est la première ville en France à adopter la licence OdbL, licence libre et internationale permettant une réutilisation gratuite des données, y compris à des fins commerciales.

Les contreparties :

  • Licence valable pour un an
  • Obligation de citer la source des données
  • Obligation de redistribuer sous la même licence, donc gratuitement

Il s’agit d’un équivalent de la licence Créative Commons by-sa, adaptée aux bases de données. Les entreprises qui ne souhaiteraient pas se soumettre à cette condition de partage à l’identique pourront souscrire une licence payante non-exclusive.

A noter que la version initiale de la licence parisienne n’autorisait pas la réutilisation commerciale gratuite des données (voir les délibération des 7 et 8 juin 2010) mais grâce au concours de Regards Citoyens et Veni Vidi Libri, la ville s’est finalement prononcée pour l’adaptation de l’ODbl en droit français.


Les données

Le site permet d’accéder à 19 bases de données publiques classées sous 6 thématiques :

  • Citoyenneté  : résultats d’élection, cartes des bureaux de vote, cartes électorales, décès, mariages, naissances, répertoire des prénoms déclarés
  • Urbanisme  : fonds de cartes des plans de voirie, tracés des routes, description des trottoirs
  • Déplacements  : nomenclature des voies
  • Services  : liste des établissements scolaires, les écoles maternelles et élémentaires, les crèches, les halte-garderies, les piscines

  • Environnement  : liste des parcs et jardins, carte des arbres d’alignement, bâtiments référentiels de la flore
  • Culture  : listes d’ouvrages, notices des œuvres de fonds des musées, statistiques des prêts dans les bibliothèques en 2010

Paris a donc opté pour du melting-data et de nombreux jeux de données viendront s’ajouter à ce catalogue dans les semaines et mois qui viennent, au fur et à mesure des contributions des services municipaux. A noter que certaines données sont déjà plus vivement plebiscitées que d’autres :

  • Liste des prénoms donnés à la naissance (2000 téléchargements)
  • Liste des batis (1000 téléchargements)
  • Liste des parcs et jardins (900 téléchargements)
  • Prêts dans les bibliothèque (800 téléchargements)

Au vue des thématiques, nous pourrions imaginer trois catégories de visionneurs : les développeurs dont forte communauté SIG, les archivistes et les néophytes qui se rabattaient sur des données plus compréhensibles ?

Photograĥie fournie par M. Jacques Cesbron de Cap Fifty

Les formats

  • .CSV
  • .XLS
  • .ICAL
  • .XML
  • .RTF
  • .ODT

Mais également : .ESRI, .KML, .Z3950, .TXT, .RSS, .PDF, RASTER TIFF, .REST et .ODS.

Certaines de ces données sont donc téléchargeables dans des formats informatiques courants, propriétaires (XLS pour les tableurs) ou ouverts (ODS, ODT, etc.), tandis que d’autres ne peuvent être lues qu’avec un logiciel spécialisé. Exemples : cartes et données spatiales.

 

Fiche d’informations et forum

Sur la fiche d’informations des données, on trouve le nombre de téléchargements effectués, les appréciations laissées par les internautes et la date de l’enregistrement. Les données sont classées grâce à un système de mots clefs, téléchargeables en quelques clics, sous réserve de l’acceptation de la licence, Le forum est une remontée de questions et contributions des internautes. Principe très efficace et utile à l’amélioration continue du site.

 

Les usages

Originalité de cette ouverture parisienne, les visualisations apparues dès les premiers jours du lancement. Bluenove et Mapize ont en effet mis à disposition des internautes une illustration de la valeur apportée par un travail de visualisation sur ces données publiques.

- Leur carte affiche la répartition géographique par arrondissement des différents types d’actes civils réalisés par la mairie de Paris durant l’année en cours.

- Voir également la carte des arbres de la ville.

Autre travail d’interprétation sur la liste des prénoms déclarés à l’état-civil. Un bloggeur a créé ce wordle reflétant la popularité des prénoms parisiens.

Ses commentaires :

« Le prénom préféré des parents parisiens est Gabriel sur ces 7 dernières années. Le prénom Nicolas subit un certain recul, la question est de savoir si cette courbe suit la cote de popularité du chef de l’état… »

Réaction d’un(e) internaute

clem 3 février 2011

le graphique en haut de la page http://paris.mapize.com/ est amusant car on y voit :

  • l’effet fiscal sur la fréquence des mariages dans l’année : plus de mariages en juin.
  • L’effet attractif des équipements de santé de Paris, où il y a plus de naissances que de reconnaissances (faites sûrement ailleurs)

    La suite du commentaire de « Clem » est plus critique mais très pertinent car il (elle ?) identifie les limites de la « valorisation spontanée » et les erreurs d’interprétation liées à la data-visualisation. A lire ici.

    « Le reste des cartes et des graphiques n’échappe pas à l’écueil désormais classique de la néo-cartographie sur le net, depuis l’essor de GoogleMaps : des cartes jolies, bien réalisées, mais qui n’apprennent rien. Faute de représenter des informations pertinentes pour renseigner réellement le lecteur, ces cartes cartographient pour cartographier : on peut le faire, alors on le fait. »

     

    En bref

    Il ne s’agit pour l’instant que d’un site éditorial en beta qui regroupe des fichiers sans mise à disposition d’API ni interrogations pour une mise à jour en temps-réel. On attend donc les traitements automatisés et l’alimentation du catalogue en données riches qui devraient suivre ?

    Malgré certains aspects relevés (limites de la datavizualisation, fautes d’ortographes sur le site), les commentaires sont plutôt encourageants et les internautes félicitent Paris pour cette démarche « qu’elle n existe nulle part ailleurs en France ».

    De plus, la plateforme Opendata.Paris a un design soigné, la navigation est très agréable et intuitive y compris pour les non-initiés. On pense enfin aux usagers ! Bravo Paris !


Binary Data
Via un article de libertic, publié le 7 février 2011

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