Logiciel Libre & Bien Commun, Comment réussir avec le « libre » sans se trahir ?

un texte repris du site Entreprendre libre informatique, un site sous licence creative commons qui propose une formationautour du libre et de l’entrepreunariat

Tenir une cohérence professionnelle en tant que développeur autour du logiciel libre n’est pas un engagement facile :

  • Le fait même d’avoir un engagement économique et une activité commerciale reste encore suspect de détournement de l’esprit du « libre » au regard de la communauté. Certes le débat a considérablement évolué, mais la promotion du libre reste encore perçue comme un engagement exclusivement bénévole.
  • Le fait de ne pas avoir de titre de propriété dans le cadre d’une législation qui considère qu’un logiciel est une création de l’esprit et de renoncer au copyright , ne facilite pas les conditions d’accès au capital. D’autant plus que ce qui motive l’engagement entrepreneurial, c’est essentiellement de pouvoir vivre correctement de son travail, d’avoir une cohérence entre ses engagements et son métier d’informaticien. Certes le développement par une économie des services est possible, mais reste fragile par le fait même de ne pas pouvoir amortir des coûts de recherche liés à la conception d’une solution qui vaut pour plusieurs clients.

La relation marchande est forcément source d’innovation puisqu’il s’agit de satisfaire un client au-delà de ses propres intérêts, de satisfaire un besoin et non de permettre au client de bénéficier d’un avantage concurrentiel sur la solution proposée puisque le caractère ouvert du format permet également au concurrent d’en bénéficier.

Le développement économique d’une démarche entrepreneuriale dans le Logiciel Libre dépend de la manière de transformer des intérêts, parfois contradictoires, en intérêts communs pour garantir le développement de sa propre activité. Les conditions de réussite dépendent donc de la manière dont l’entrepreneur arrive à « faire société » avec ses clients, la communauté du libre, les informaticiens, mais aussi d’autres secteurs de la société qui sont conduits à reposer la question du bien commun pour défendre leur travail, préserver leur savoir et leur culture, partager des œuvres.

Face au développement d’une société de la surveillance qui enrôle l’informatique et les technologies de la communication dans une approche exclusivement sécuritaire et de divertissement, de flicage des individus dans leur vie professionnelle et privée, de formatage des usages aux besoins du marché, c’est donc autour d’un projet de société qui sous tend le développement du « libre » que se construit un langage commun, une capacité à « faire société », à promouvoir une société de la connaissance capable de répondre démocratiquement aux défis écologiques, sociaux et économique auxquels l’humanité est confrontée.

Posté le 20 octobre 2010

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