Actes : Internationaliser la communication Cultures, acteurs, organisations, machines

Actes du congrès de Béziers, 2 au 4 juin 2004

Parution de
Internationaliser la communication
(722 pages)

Les Sic et l’internationalisation à l’heure des Sommets mondiaux sur la Société de l’information

Bruno Ollivier *

Université des Antilles et de la Guyane & Laboratoire « Communication et politique » (Cnrs, Upr 36)
& Groupe d’études et de recherches en espace créolophone et francophone (Gérec-f)

La question de la relation du savant aux affaires de la cité n’est pas nouvelle. Celle de l’opposition entre recherches empiriques et modélisation non plus. Elles occupent une place centrale dans ce volume, même si elles n’apparaissent pas en tant que telles dans la table des matières. Elles sont comme en toile de fond de nombre des communications présentées lors du xive Congrès des Sciences de l’information et de la communication (Sic), avant le sommet mondial consacré à “la société de l’information”, congrès qui marque les trente ans d’existence institutionnelle de notre discipline dans l’université française.

À la différence des précédents congrès , plus centrés sur la discipline elle-même, ses enjeux, ses méthodes et ses objets, celui-ci traite des processus d’internationalisation de la communication.

Il pose dès lors plusieurs questions, qui ne sont pas nouvelles, mais traversent les textes proposés, et se voient ravivées par la lecture qu’on peut en faire.
La première concerne tout intellectuel : quel type d’implication accepte-t-il dans les débats de la cité ? Elle s’impose quand des chercheurs s’intéressent à des processus sociaux, économiques, politiques, idéologiques, qui concernent leur société et ses changements actuels, donc des choix en débat. C’est le cas ici, quand traite par exemple de sommets sur la société de l’information, de fracture numérique, de la définition de politiques européennes et de relations de coopération avec le Sud en matière de Tic, et du contexte de changement des structures universitaires (réformes française et européenne, système universitaire de formation à distance...).

La seconde est propre à la recherche. Quelle relation établit le chercheur entre le récit, l’empirique, l’observation d’un côté, le modèle, l’analyse, l’abstraction de l’autre ? Cette question tient aux choix que le chercheur fait entre méthodes empiriques et élaboration de discours critique, choix qui peuvent à leurs extrêmes mener l’un à la narration et l’autre à une modélisation mathématique.

La troisième tient aux Sciences de l’information et de la communication et aux travaux présentés.

  • Qu’apportent-ils de nouveau dans ce domaine ?
  • De plus que les discours médiatiques, les expériences de chacun, la vulgate de l’époque et les travaux des autres disciplines ?
  • Quelles questions permettent-ils de faire surgir ?
  • Quelles situations permettent-ils de comprendre et d’anticiper ?
  • Quelles solutions permettent-ils d’élaborer ?

C’est à partir de ces trois questions, vues comme trois fils qui courent dans le volume, qu’on présentera ici les textes du xive congrès des Sciences de l’information et de la communication (2004) qui composent ce volume. En cette période où les questions liées à l’internationalisation touchent aussi bien à l’aspect le plus dramatique de l’actualité (qui n’est pas étranger à l’abandon d’Istanbul, choisi initialement comme lieu de ce congrès) qu’aux discours techniques les plus utopiques, ce recueil montre ce qu’un champ scientifique, celui des Sic, peut apporter, dans le cadre d’un certain type de sélection de textes, qu’on précise plus loin.

Premier fil. L’intellectuel dans la cité, entre distance critique et implication

De l’image de l’intellectuel engagé au chercheur critique, dont la qualité de la réflexion dépend de son abstraction des contingences, toutes les réponses ont été inventées. Celle du philosophe qui conseille le roi (de Platon à Voltaire) comme celle de l’“intellectuel engagé” (i.e. opposé au pouvoir, à l’image de Sartre).
S’agissant d’information et de communication, il est difficile de rester étranger au monde. Socrate, fustigeant les sophistes qui instrumentalisaient la parole dans le débat politique et la conquête du pouvoir, questionnait les idées reçues. Il y laisse la vie quand le pouvoir politique lui devient adverse . Le chercheur en « information et communication » peut donc s’impliquer auprès du pouvoir (comme expert par exemple, tel un philosophe près de la Cour royale) pour que de bonnes décisions soient prises. Il peut rester engagé dans une conscience critique et militer, critiquer, déconstruire ce qu’il observe.

De toute façon, la recherche et la production de la connaissance scientifique sont impliquées dans les questions politiques, qu’il en plaise ou non au chercheur. La recherche, et on l’oublie souvent, sert souvent à faire la guerre en premier lieu... La cybernétique naît des recherches militaires, pendant la Seconde guerre mondiale quand l’analyse systémique et la rétroaction sont développés à partir de travaux visant à empêcher les missiles de l’Allemagne nazie de toucher le sol états-unien ou britannique. La linguistique structurale connaît son essor grâce aux crédits de l’armée Us qui doit, dans les années 1940 fournir à ses soldats les moyens d’apprendre les langues du Pacifique en quelques semaines... Internet n’est que (naît de) l’application, laissée aux civils, d’un outil d’abord militaire et stratégique. L’État, et avec lui la recherche militaire, sont les principaux commandeurs de recherche. Et quand elle ne tire pas ses moyens de l’État, la recherche les demande à l’entreprise, dont l’objectif est le profit.

Double paradoxe pour le chercheur qui souhaite développer des analyses et une pensée critiques : il demande les moyens de travail aux structures qu’il sera amené à dénoncer. Quand il ne produit pas des analyses directement pour celle qui l’emploie La distance (recherche critique) et l’implication (aux côtés du décideur) peuvent se trouver dans des configurations paradoxales. Il travaillera parfois en information et veille stratégiques pour des militaires ; il collaborera peut-être en communication des organisations avec des Drh qui préparent des “plans sociaux” ; il étudiera parfois les usages des Tic pour le compte de firmes informatiques et d’industries culturelles.

Cet aspect pratique, politique, de la condition du chercheur, qui est souvent le plus souvent un fonctionnaire ou un employé de l’entreprise qu’il analyse, coexiste dans un paradoxe fréquent avec sa volonté de produire une pensée autonome de son employeur, critique, capable de prendre du recul.
Distance critique et/ou implication aux côtés du pouvoir ? Le choix demeure quand, dans notre champ, en une quinzaine, d’années, par le développement des réseaux informatiques, la concentration des firmes d’industries culturelles, le développement des transports, et des échanges, l’internationalisation s’impose comme une donnée de fait.

Distance critique et/ou implication aux côtés du pouvoir ? L’alternative demeure quand les sociétés, les États, les politiques décident d’entrer dans la “société de l’information”, et organisent des sommets successifs dans toutes les parties du monde sur cette “société de l’information”. Comment peser sur les choix sans se compromettre avec le pouvoir ? Comment accepter qu’un discours critique reste impuissant et mis à l’écart ?
Distance critique et/ou implication aux côtés du pouvoir ? La recherche en Sic se voit plus que jamais prise dans cette alternative : produire des études sur les usages et développer une analyse critique des industries culturelles tout en se faisant financer par les groupes industriels, ou produire une recherche critique sur les réseaux en demandant de l’aide aux multinationales de télécommunication...

Une des formes de l’implication mènera à s’engager un engagement dans la mouvance militante, à développer le “débat citoyen” sur les Tic ou la télévision, à dénoncer les effets désastreux des technologies au plan social ou géopolitique, à s’impliquer dans la mouvance qui se désignera (et se fera désigner comme) “la société civile” et sera appelée à donner son avis dans les sommets successifs...

La distance critique fera produire une réflexion conceptuelle, permettra au débat épistémologique de progresser, critiquera les concepts de la pensée dominante et les discours du politique. Ce sera ainsi fait dans les textes qui suivent pour la “société de l’information”, la “fracture numérique”, ou la “société civile”...

Parce que le propre des Sic est, depuis trente ans, de produire des analyses et des recherches qui combinent les approches sémiotiques, sociales et techniques, elle est au cœur de ces contradictions et de ces paradoxes.
Parce qu’elle prend en compte le fait technique et questionne la couche la plus concrète du réel tout en questionnant ses effets sociaux comme ses relations avec la création et la constitution du sens, elle se trouve le plus souvent engagée dans le paradoxe critique plus que dans la pensée de l’ingénierie.

Parce qu’elle travaille sur le sens, et le relie au fait technique et aux groupes sociaux, elle l’enracine dans le débat politique et l’actualité sociale plus que la sémiotique des origines ne le faisait.

Parce qu’elle est attentive au fait social et qu’elle s’attache aux groupes, aux rituels, aux usages, au pouvoir, et les met en relation, avec les sphère technique, médiatique, économique, elle s’aventure sur des terrains minés par l’idéologie et fortement politisés.

Les travaux proposés dans ces Actes témoignent de cette position particulière et doublement paradoxale.
D’abord le paradoxe récurrent de l’intellectuel, pris entre la distance (la critique, l’abstraction, le modèle) et l’implication dans les affaires de la cité (l’engagement, le récit, la dénonciation).

Ensuite le paradoxe de l’interdiscipline, qui passe d’un monde à un autre, de la machine au sens, de l’écran ou du pixel aux forces politiques, du support à la création de sens, de l’économie aux groupes sociaux.

C’est sans doute la première force des textes présentés ici de ne se laisser enfermer ni dans un discours dominant ni dans un paradigme scientifique obligé pour questionner l’internationalisation de la communication.

Deuxième fil. Une recherche entre empirisme et modélisation

En Sic, le chercheur observe, enquête, prélève. Il peut aussi vouloir généraliser, proposer des analyses de portée plus vaste que le seul terrain observé. D’un côté le récit de ce qu’on a vu, de l’autre le modèle abstrait et les idées générales. Deux mouvements, inductif et déductif, font passer d’une posture à l’autre. Deux écueils possibles : la recherche purement empirique qui n’apporte rien hors du terrain observé, et le discours théorique sans ancrage dans le réel, sans preuve convaincante, sans étude de terrain pour l’argumenter.

S’agissant d’internationalisation et de communication, les deux postures extrêmes sont fréquentes. D’un côté, l’analyse sans terrain, les grandes idées brassées sans preuve, les donneurs de leçons des magazines et les essayistes qui dissertent sur le choc des civilisations, l’avenir radieux (ou l’apocalypse) de la société en réseaux et les bienfaits (ou les méfaits) d’une “société de l’information”. De l’autre, des observations précises, focalisées, des récits compilés, des terrains décortiqués et cartographiés millimétriquement jour après jour, mais sans perspectives, sans généralisation possible, sans leçon à tirer et d’un empirisme désespérant.

Ces écueils menacent sans cesse le chercheur, vite accusé (et d’abord par ses pairs) de ne pas avoir de terrain qui justifie son propos, ou au contraire de rester accroché à son terrain sans ouvrir sur une perspective plus générale. C’est le mérite des chercheurs publiés dans ce volume de permettre, collectivement, d’échapper à ces deux écueils, et d’offrir, par la suite de leurs textes, une vision d’ensemble des questions soulevées par l’internationalisation de la communication, mais appuyée sur l’étude d’innombrables terrains, dans les pays les plus variés.

Troisième fil. Des apports scientifiques autour de thématiques récurrentes

Qu’ils se rendent compte de travaux sur les entreprises, les contacts interreligieux, la circulation des connaissances ou l’appropriation de machines par les acteurs sociaux, plusieurs thèmes courent à travers les textes de ce recueil. On peut les considérer comme l’apport propre des Sic, lors de ce Congrès, sur des processus observés, analysés et décrits ailleurs, en d’autres lieux et par d’autres disciplines. Quatre thèmes ressortent d’une lecture attentive de ces textes : la culture et la relation à l’Autre, le pouvoir et ses formes, l’objet technique et son statut, les nouvelles activités qui apparaissent.

  • a. La culture et ses nouvelles formes, la question de l’autre, celle de sa représentation et de son acceptation

La culture et ses nouvelles formes, la question de l’autre, celle de sa représentation et de son acceptation (ou non) constituent un premier thème qui court à travers cet ouvrage. Le contact croissant entre les différentes cultures est un fait central, que permet et impose l’internationalisation de la communication. La technique met en contact aussi bien des chercheurs en communication de l’Europe industrialisée avec ce qui se passe au fin fond de l’Afrique, que des paysans roumains isolés dans leur pays avec l’univers de la telenovela latino-américaine ou des internautes qui partagent leurs journaux intimes sur la Toile. Cette ouverture (cette mondialisation) n’est pas la première. On rappelle ici l’ère Meiji et l’idéologie du “péril jaune”, là les conséquences de la première guerre mondiale. Mais une mise en contact n’implique en elle-même ni compréhension de l’autre, ni tolérance. Sa première conséquence peut être au contraire le rejet de l’Autre, et les exemples en sont ici nombreux, des représentations de l’Autre émergentes dans le monde arabe à la construction des héros de films hollywoodiens. Au-delà de ces attitudes de refus, facteurs d’ignorance et de stigmatisation, on se demande aussi si ces techniques qui mettent en contact forment de nouveaux médias, suscitent de nouvelles formes de culture ? Ce pourrait être le cas des jeux vidéo chez les internautes comme de la vidéo elle-même dans des communautés émigrées loin de leur terre natale. Les manifestations de cette culture nouvelle apportent avec elle un déplacement de frontières anciennes comme entre sphères privée et publique, tant dans les médias classiques que sur les réseaux, comme elles posent certaines questions juridiques, comme celle des droits de propriété, en termes inédits.

  • b. Le pouvoir, la citoyenneté et leurs nouvelles formes

Le pouvoir, la citoyenneté et leurs nouvelles formes constituent le second thème récurrent qui parcourt ces textes. Cette question revêt plusieurs aspects. D’abord parce que l’époque est celle des sommets mondiaux de la société de l’information ; d’une réflexion internationale sur les nouvelles formes de citoyenneté et de relations entre les pays, à la fois en Europe, à l’heure de sa construction, et entre le Nord et le Sud ; des analyses de la “société de l’information” et des relatifs échecs de nombre des sommets internationaux de l’Onu. Des analyses critiques des idéologies développées sont proposées ici. Mais si on démonte l’idéologie de la “société de l’information”, on s’attache aussi à l’inégalité entre pays du Nord et pays du Sud, à l’expression consacrée de fracture numérique et à ce qu’elle veut recouvrir. Pour poser qu’au Sud, vu les déséquilibres financiers, technologiques et humains il n’existe que trois types de solutions : l’intégration, l’aliénation ou l’assimilation. Et pour rappeler que l’appropriation de technologies ne peut jamais se décréter mais reste, en tous lieux, le fait de groupes sociaux qui décident de l’assumer. La coopération, l’aide aux pays émergents prennent ainsi un tout autre sens selon l’endroit d’où on les vit : l’aide ou la coopération tels qu’ils sont vécus au Nord peuvent être décrits au Sud comme aliénation ou exploitation.

Un second aspect de cette question du pouvoir se cristallise autour des termes de citoyenneté et de gouvernance.

  • Qui participe désormais à l’exercice du pouvoir ?
  • Comment peut-on le faire avec les technologies ?
  • Qui gouverne dans les réseaux ?
  • Les formes internationales de communication suscitent-elles des formes internationales de citoyenneté, un espace public d’une nouvelle forme ?

On observe, à ce sujet, des mouvements politiques plus ou moins interdits qui cherchent un espace d’expression et d’échange, des usagers et des associations qui prétendent représenter la “société civile”, des instances politiques prises par leurs objectifs propres, des entreprises avec leurs normes et contrats, des experts d’organismes techniques...

Tous en quête de nouveaux modes de pouvoir et de citoyenneté à un niveau qui n’est plus national. Outre la citoyenneté elle-même (e-government, etc.), des questions fondamentales comme la liberté des médias, la structure des échanges économiques, voire la structure du pouvoir sont ici en jeu. Là encore, le chercheur peut raconter ou décrire, modéliser ou observer, faire de l’ethnographie comme monter ou démonter des idéologies et la richesse des textes qui suivent tient de la diversité des approches proposées comme de celle des lieux d’observation.

  • c. L’objet technique et son statut
    L’objet technique et son statut constituent un troisième thème qui relie ces textes. Les processus d’internationalisation reposent sur des objets. Qu’on transporte des hommes, des images ou des données, on le fait grâce à des machines, des objets. Quel est le statut de ces objets qui transforment les relations entre les hommes ? L’objet technique existe pour et par des groupes sociaux. Il représente à la fois des usages, du capital cristallisé, une technicité et des modes de production, un symbole et un signe de communication. Il produit et conditionne du sens dont il permet la circulation. C’est pourquoi la technique ne peut pas se laisser appréhender par la seule approche de l’ingénierie. La caractéristique collective des textes rassemblés ici est de permettre le passage constant de l’approche sociale à l’approche technique, de l’approche sémiotique à l’approche sociale. L’objet technique est indissociable du sens et du pouvoir, des hommes et de ce qu’ils en font. Dans les processus d’internationalisation observés ici, chacune de ces réalités continue d’exister, d’une manière qu’on pourrait qualifier de plus radicale, parce que, à travers l’internationalisation, des modes d’être toujours plus différents sont mis en contact de manière toujours plus proche par ces objets.
    d. Nouvelles activités humaines et techniques
    Enfin, les recherches présentées lors de ce Congrès permettent d’appréhender, de décrire et d’anticiper de nouvelles activités humaines et techniques. Non que la technique et le passage à l’échelle internationale suppriment les cadres anciens de l’activité de communication. Mais parce que s’élaborent avec l’internationalisation et les réseaux de nouveaux modes de création, d’édition, de diffusion de l’information que nombre de chercheurs observent et modélisent ici, tant entre les différents acteurs de l’entreprise ou de l’organisation qu’entre différents pays.
    Des fonctions nouvelles et de nouvelles pratiques se structurent, liées à la forme hypertextuelle, aux nouvelles médiations et intermédiations qui s’instituent. Là encore, sur les plans technique, social, et sur celui de la création et de la circulation du sens, ce volume permet de prendre la mesure de l’émergence de phénomènes nouveaux, complexes et encore peu étudiés.

La genèse de ce volume

Les textes qui composent ces Actes tiennent aussi des conditions de leur production. Le choix comme thème de l’internationalisation a été fait en 2003 par la Commission « recherche » de la Sfsic. L’appel à communication lancé en juin 2003 (reproduit à la fin de l’ouvrage) comme la composition du comité scientifique ont été conçus à partir de deux impératifs : l’ouverture à des chercheurs issus d’autres pays que la France, et la prise en compte de tous les champs couverts par les Sic, de la communication scientifique à l’étude des médias, de la communication politique à la communication en entreprise ou à l’analyse des usages sociaux des technologies. Les propositions de textes puis les textes rédigés ont fait l’objet d’expertises en double aveugle. Jusqu’à l’impression de ces Actes, un anonymat total a fait qu’aucun expert ne connaissait ni l’identité ni l’origine de l’auteur qu’il lisait, ni l’identité des autres experts qui lisaient le même texte.

Les conséquences d’un tel dispositif sont multiples. On insistera sur un effet bien particulier. Au cours du processus de sélection, les experts ont choisi 100 propositions de communication parmi les 220 initialement envoyées, puis retenu finalement les quatre-vingts textes qui suivent, produits par 52 femmes et 34 hommes.

Dans un anonymat total, ils ont sélectionné des textes qui montrent, une fois rassemblés, trois caractéristiques : le grand nombre de communications proposées par des jeunes chercheurs (y compris doctorants), l’existence d’une proportion non négligeable de textes proposés par des chercheurs non français, et la disparition de la parité, au profit des femmes qui sont la majorité des auteurs. Ce volume porte ainsi la marque, en quelque sorte, de sa fabrication, celle que les auteurs par les travaux qu’ils ont choisi d’exposer, et les experts par les choix qu’ils ont opérés, ont collectivement produite, à la suite du mouvement d’ouverture à l’international décidé par la Sfsic.

On fait le pari que la jeunesse et le renouvellement des auteurs signe la vitalité des Sic et la capacité de la Société française des sciences de l’information et de la communication à en rendre compte, en s’attachant à faire émerger, sur des problématiques d’une urgence sociale et politique réelle, des travaux sélectionnés par un comité international aussi varié qu’indiscutable.

Direction scientifique et éditoriale, Bruno Ollivier (UAG)

ISBN 2 49114872-49-02
Prix 25 €

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Posté le 8 juin 2004

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