Au moment même où se tenaient à Brest le 4ème Forum des Usages Coopératifs, les Pouvoirs publics annonçaient que, dans le cadre de la RGPP (Révision générale des politiques publiques):et pour rendre l’État exemplaire en matière de dépenses de fonctionnement, le nombre de sites internet publics, actuellement de plus de 570, serait divisé par 10 d’ici à fin 2012.
Plutôt que de rendre compte des plénières, tables rondes ou ateliers qui se sont tenus à Brest entre le 30 juin et le 2 juillet 2010 – à cet égard, le site - forum-usages-cooperatifs.net – est exemplaire (vidéos, interviews, photographies, présentations … en ligne), il nous parait plus important de pointer, dans le contexte coopératif, l’inanité de l’annonce gouvernementale.
En effet, est-il bien raisonnable d’annoncer le passage du nombre de sites internet publics de 570 à 57 et que cela signifie-t-il ?
Un site Internet public est logiquement un site opéré par un service public qui a pour vocation de rendre un service (informations, documentations, transaction, interaction…) au public : administré, citoyens…
Y-a-t-il a redire, qu’en fonction de leurs contenus, ces services soient fragmentés (Etat, Etat déconcentré, thématiques diverses, institutions et organismes dépendants…) En bonne logique et pour maintenir des contenus francophones, intéressants ou utiles à nos concitoyens, l’ensemble des bases de données qui, en « back-office », génèrent ces sites devront être maintenus…. les dépenses affectées à cette maintenance, aussi !
S’il s’agit de faire des économies sur les « front office » - la publication des informations ou la mises en ligne de services - pourquoi n’en conserver que 57 ? Un unique portail du style – gouvernement.gouv fr – pourrait faire l’affaire ! Il suffit d’ailleurs de le "googleliser" pour obtenir quelques centaines de réponses qui, dans leur grande majorité, renvoient vers des sites publics.
Mais la logique de l’adressage sur Internet, afin de bien distribuer les contenus, obligerait de tout façon à créer bon nombre de « sous-domaines » à un « nom de domaine » unique, chacun de ces sous domaines ayant ses spécificités de publication : envisagerait-on de publier sur la même interface une feuille d’impôts, les textes de lois ou la liste des soldats tués durant la Guerre de 14-18. Résultat des courses, il est probable que, toutes publications réalisées, la facture n’ait pas diminué de beaucoup. !
N’aurait-il pas mieux valu proposer : Axe n°7 de la révision générale des politiques publiques : rendre l’État exemplaire en matière de coopération, de collaboration (NDLR : on sait cela connote) et de mutualisation
A la logique comptable (ou plutôt à la logique « calcul mental niveau CE1 : 570 :10 = ? 57<570 mais aussi 1<570. CQFD), l’Etat ne devrait-il pas être plus actif en favorisant la mutualisation des informations, d’éviter la ressaisie des données, de condamner les modèles hiérarchiques au profit du réticulaire, la logique des experts à celle de l’intelligence collective…. au risque d’avoir à affronter les pré-carrés, les silos, la rétention et la gabegie.
Fort heureusement, étaient présents, dans le cadre du Forum des Usages collaboratifs, au milieu d’élus locaux et fonctionnaires territoriaux en charge des TIC, d’associatifs qui savent que leur survie économique passe par l’usage de l’Internet et du numérique, quelques représentants (experts et techniciens) des TIC à l’échelle de l’Etat. Nul ne doutera qu’ils soient conscients de ces contradictions, encore faudra-t-l qu’ils disposent des moyens à porter la bonne parole et à aider à sa mise en œuvre.