Une conférence est organisée le Jeudi 12 novembre 2009 au Siège de l’UNESCO à Paris pour lancer le Manifeste sur l’avenir des systèmes
de connaissance avec la participation de
- Francesco Bandarin, Directeur du Centre de l’UNESCO pour le patrimoine
mondial, - Claudio Martini, Président de la Région Toscane,
- Vandana Shiva, activiste indienne et membre du CA de la Commission
Internationale sur le futur de l’Alimentation et de l’Agriculture, - Danielle Mitterrand, Présidente de France Libertés – Fondation Danielle
Mitterrand, - José Gualinga, représentant du peuple Kichwa de Sarayaku, Amazonie
Equatorienne
De l’urgence de repenser les paradigmes de la connaissance
Manifeste sur l’Avenir des systèmes de connaissance :
Souveraineté de la connaissance pour une planète en bonne santé
L’humanité est aujourd’hui confrontée à de multiples crises : implosion financière et
effondrement de l’économie, chaos climatique, crises énergétique et alimentaire.
Comment en est-on arrivé à ce point ? Quelles solutions envisager pour retrouver un
équilibre avec notre planète ?
À l’origine de ces multiples crises, le Manifeste pointe un modèle de
connaissance réductionniste. Ce modèle est fondé sur des visions fragmentées du
monde, qui assimilent processus et systèmes vivants à des machines librement
modifiables et manipulables, dans le but de créer de la richesse. En ignorant les
complexités et les interdépendances du vivant, cette approche a provoqué un écart
croissant entre les citoyens du monde et les experts, entre la nature et la connaissance
scientifique limitée, entre l’économie réelle et l’économie financière.
Le Manifeste démontre comment ce modèle de
connaissance a engendré l’instabilité et l’insécurité qui
dominent dans le monde d’aujourd’hui. Agir comme si
le monde était une machine conduit à un monde
dans lequel les processus et les systèmes vivants
sont détruits. Il est donc devenu impératif de
promouvoir de nouvelles façons de penser, de nouveaux
paradigmes du savoir et des connaissances afin de
trouver des solutions réelles et durables pour notre
planète. Dans ce contexte, le Manifeste propose un
renouveau des modèles de connaissances basé sur des
visions du monde plus holistiques (« tout est
interconnecté ») et moins anthropocentriques
(« l’homme est une partie et non le maître de la
biosphère »), prenant en compte une réalité planétaire
devenue incontestable : de mauvais choix risquent
de nous mener à une destruction irréversible.
L’introduction des brevets et autres droits de propriété intellectuelle ont ouvert la voie à
la privatisation de la connaissance scientifique et la commercialisation de la
connaissance. Cette marchandisation du savoir crée un terreau fertile pour
l’appropriation et l’exploitation des savoirs traditionnels par des
multinationales, un phénomène qui aggrave encore plus les inégalités de richesses.
Aujourd’hui, la biopiraterie est une conséquence directe de l’appropriation illégitime des
savoirs traditionnels des communautés autochtones par des intérêts privés. La
connaissance perd ainsi son caractère de bien commun au profit d’intérêts
commerciaux, et devient une simple marchandise.
Le Manifeste soutient que l’alliance de la connaissance et du pouvoir est devenue une
menace pour la liberté de l’homme et la sécurité de l’humanité. Il est temps de défendre
la valeur intrinsèque de la connaissance en tant que bien commun de l’humanité
auquel on doit garantir un accès libre et égal pour tous. Une synthèse holistique
entre les connaissances traditionnelles et une science moderne écologique est
indispensable au retour à une planète en bonne santé. Le monde doit être repensé autour
des interdépendances existant entre les parties du système global, sur la base du respect
de la pluralité et de l’égale dignité de toutes les formes de connaissance.
Le Manifeste appelle à une démocratisation des connaissances à tous les niveaux. Elle ne
peut être garantie que par une participation égale et démocratique de tous les
citoyens à la construction de ces connaissances, et par une réhabilitation des
savoirs traditionnels des communautés autochtones et des femmes, qui ont guidé
l’évolution de l’humanité depuis des siècles.
Le Manifeste lance un appel global au respect de la souveraineté des connaissances
traditionnelles en tant que droit fondamental des peuples à créer, utiliser, faire
évoluer et partager leurs savoirs.