e-Stas 2009 et l’empowerment pour la citoyenneté

Créatif à Malaga les 26 et 27 mars 2009

Après avoir abordé la fracture numérique en 2006, facilité les échanges et le partage d’expériences en 2007 et 2008, la Fondation espagnole des Cibervoluntarios a organisé sa quatrième rencontre e-Stas à laquelle a participé le Greta du Velay pour CRéATIF.

C’est la deuxième participation de CRéATIF à cet évènement et je vous conseille de lire l’article très complet de Stéphanie Lucien-Brun et Jérôme Combaz sur e-Stas 2008.

En 2009, comme dans ses précédentes éditions, e-Stas a rassemblé des témoignages très riches en insistant sur les interactions entre participants grâce à des techniques d’animation dynamiques et des moments d’échange conviviaux.

Le thème était donc l’innovation pour l’empowerment de la citoyenneté (en espagnol : innovacion para el empoderamiento de la ciudadania).

L’empowerment est un concept difficilement traduisible par un seul mot français puisqu’il regroupe plusieurs notions. L’empowerment, c’est quand un individu se prend en charge par lui-même et améliore son autonomie de décision et d’action. Plusieurs tentatives de définitions ont été données par les intervenants comme par les participants qui se sont notamment prêtés au jeu de l’interview minute par les jeunes journalistes d’Agora News. On peut aussi l’approcher en creux : « c’est ne pas attendre que quelqu’un vienne résoudre tes problèmes » (Carlos Argüello).

L’espagnol qui hispanise très rapidement les mots importés parle d’« empoderamiento », un néologisme plus efficace et plus signifiant que l’« autonomisation », parfois utilisé en français mais qui sonne mal et reste incomplet.

Des témoignages très variés ont montré des situations d’utilisation des nouvelles technologies permettant de participer activement à la vie sociale et politique. On peut en citer quelques uns :

  • Óscar Espiritusanto, fondateur de PeriodismoCiudadano.com, un site portail qui veut rassembler toutes les expressions du journalisme citoyen dans les pays hispanophones ainsi que les ressources liées.
  • John Lesieur, un canadien, créateur d’un navigateur internet adapté aux enfants autistes. ZacBrowser est gratuit et se télécharge sur le site.
  • Kenneth Banks, qui développe des usages des technologies en relation avec l’anthropologie et le développement. Kiwanja.net

rassemble ses travaux, notamment autour des usages mobiles. Il a créé FrontlineSMS, un logiciel de gestion de SMS, mis à la disposition des ONG et des associations.

  • Carlos Argüello qui a développé avec succès de nombreuses activités dans le multimédia aux Etats-Unis et qui est retourné au Guatemala pour développer une entreprise qui forme et emploie de jeunes guatémaltèques.
  • Jack Dorsey, le co-fondateur et président de Twitter

Des interventions plus théoriques et les échanges ont essayé d’analyser et de conceptualiser le rôle des TIC dans ses relations avec l’empowerment et la citoyenneté.

En voici un résumé à partir d’une intervention de Yolanda Rueda, présidente de la fondation Cibervoluntarios.

"Les TIC permettent l’expression de nouvelles formes relationnelles, de nouveaux modèles productifs et de nouvelles formes de participation. Pour Raúl Zambrano, conseiller pour le Pnud, ce changement de paradigme, le « paradigme social 2.0 », est une opportunité pour innover. Mais l’innovation sociale requiert un contexte, une culture et des moyens. La recherche et l’imagination, aussi, sont nécessaires pour innover. L’empowerment des leaders est utile pour favoriser l’empowerment des groupes qu’ils animent.

Internet peut devenir un canal privilégié de participation. Sa démocratisation a fait tomber des barrières, ouvert la voie à des expressions nouvelles, à l’accès à l’information et à l’obtention de ressources.

Si les technologies sont un outil puissant pour accompagner l’empowerment de la citoyenneté, des barrières demeurent. Pour Alvaro Blanco, les obstacles des TIC au développement humain sont générés par l’accès physique, la barrière financière et par un manque de connaissances mais aussi par une excessive protection de la propriété intellectuelle, par un manque de conscience du communautaire et en définitive par un manque d’empowerment. Pour Luis Millan, après l’accès qui doit être universel et une culture numérique, ce qui est nécessaire, c’est la liberté d’utiliser la technologie. Mais générer une culture technologique, c’est aussi permettre aux individus de réaliser que leur contribution peut avoir un impact majeur, c’est favoriser de nouvelles formes de participation, de relation et finalement de pensée.

Cependant il faut rester conscient qu’il n’y a pas l’internet et le reste mais que l’internet et le virtuel sont des dimensions du réel."

Pour en savoir plus :

L’adresse originale de cet article est http://www.creatif-public.net/article1163.html

Posté le 26 août 2009 par Pierre L. Carrolaggi

©© a-brest, article sous licence creative common info