"Wi-Fi peut renforcer l’identité locale et le dynamisme urbain"

Reprise d’une interview d’Anthony Townsend fondateur de NY wireless publiée par Internet actu

Anthony Townsend est le cofondateur de NYCwireless, une association destinée à promouvoir le sans fil public dans la ville de New York.

Créée en 2001, l’association veut assurer une mission de relais et d’éducation pour généraliser l’utilisation d’accès Wi-Fi gratuits dans la ville.

Internet Actu nouvelle génération : Quelle est la taille du réseau NYCwireless aujourd’hui ?

Anthony Townsend : Le réseau étant basé sur une démarche bénévole des utilisateurs, nous ne le savons pas avec précision. La meilleure estimation, basée sur notre carte en ligne (http://www.nodedb.com) est d’environ 200 noeuds dans la zone métropolitaine de New York. Mais nous n’établissons pas de statistiques plus précises.

Iang : Quel est le principal usage du sans-fil au sein de ce réseau ? Wi-Fi est-il simplement perçu comme un moyen d’accéder à l’internet, ou bien constatez-vous des usages spécifiques ?

Anthony Townsend : A l’origine, il s’agissait seulement d’accéder à l’internet. Toutefois, nous menons des efforts conjoints avec des artistes, des activistes, des joueurs et des groupes communautaires pour créer de nouvelles applications d’un réseau local, dans le but de renforcer l’identité locale et le dynamisme urbain. Je suis d’ailleurs urbaniste de formation. Ces applications sont encore émergentes, mais on en voit déjà quelques exemples, comme NodeRunner, BlockTalk ou quelques projets à vocation artistique.

- NDLR : NodeRunner vise à transformer la ville en terrain de jeu grandeur nature : deux équipes s’affrontent et doivent découvrir les noeuds Wi-Fi installés dans les endroits publics, prendre des photos prouvant qu’elles ont bien identifié la position du noeud, et ainsi collecter des points...

  • BlockTalk a pour but de mettre en place des "neighbornodes" dans la ville. Ces "noeuds de voisinage" prennent la forme de panneaux d’affichage de grande taille, visibles à une centaine de mètres à la ronde. Les utilisateurs à proximité du noeud peuvent émettre des messages publics à destination de leurs voisins, qui peuvent répondre à leur tour, créant ainsi un réseau de panneaux d’affichage alternatif et communautaire.

Iang : Comment travaillez-vous avec les élus locaux de la ville de New York ?

Anthony Townsend : Il n’y a rien de formalisé, bien que nous soyons intervenus plusieurs fois dans des auditions menées par le Conseil de la ville sur la question de l’amélioration des accès à haut débit.

Mais il ne nous voient ni comme des concurrents, ni comme des innovateurs. Ils nous ignorent, en quelque sorte.

Iang : Avez-vous des problèmes pour installer des points d’accès dans les lieux publics ?

Anthony Townsend : Oui, beaucoup de problèmes. Cependant, on travaille généralement avec les propriétaires des immeubles pour installer les équipements à des endroits qui surplombent les jardins publics ou les places.

Iang : A long terme, comment allez-vous maintenir au niveau requis l’implication des volontaires, pour assurer la qualité du réseau et son développement ?

Anthony Townsend : C’est un problème important, que nous ne traitons pas encore. Je crois que les individus bénévoles doivent être responsables de la qualité d’un noeud Wi-Fi, et de la maintenance d’un secteur sans fil, de la même façon qu’ils ont à balayer ou à payer les notes d’électricité.

Nous fournissons de l’information et de la formation. Notre prochaine grande étape sera le lancement d’un service d’émail sécurisé, NYCwireless SafeMail, et la démonstration des dangers des communications non protégées sur les réseaux publics.

Iang : En termes de modes d’accès, quelle est votre vision du futur : pensez-vous que les réseaux communautaires en accès libre vont coexister avec les hotspots commerciaux en accès payants, ou au contraire que les accès Wi-Fi seront majoritairement gratuits aux Etats-Unis ?

Anthony Townsend : Je crois que les accès Wi-Fi seront gratuits et fournis par les propriétaires des endroits physiques. Les coûts seront absorbés par d’autres biais, par exemple via l’augmentation du prix des biens et des services, des frais de scolarité, des taxes, etc., d’une façon qui dépendra de l’endroit où se trouve le point d’accès.

Les américains ont clairement montré qu’ils ne souhaitaient pas payer pour des accès Wi-Fi.

Propos recueillis par Cyril Fiévet

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Posté le 12 avril 2004 par Michel Briand

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