Ecoles à Genève : l’informatique en logiciels libres

un article du quotidien suisse Le Courrier

Genève DéMARCHE PARTICIPATIVE - D’ici à 2013, les ordinateurs du primaire tourneront avec un système d’exploitation GNU/Linux et des logiciels open source.

Repris d’un article de PHILIPPE BACH
publié par Le Courrier, quotidien suisse indépendant

Un quotidien publié sous licence creative commns BY-NC-ND

L’école genevoise va progressivement migrer vers des logiciels libres pour équiper les ordinateurs du corps enseignant et ceux des élèves. Dès l’automne, deux établissements du primaire essuieront les plâtres avec, en soutien, un sérieux appui informatique. Chacun d’eux pourra en effet compter sur un mi-temps d’informaticien mis à sa disposition pour opérer cette mutation. D’ici à 2013, l’ensemble de l’école primaire devrait ainsi avoir migré vers des logiciels libres. Après le primaire, dès 2010, le Cycle et l’enseignement supérieur devraient embrayer. Avec une vingtaine d’établissements qui auront opéré leur révolution informatique à l’horizon 2013.

Migration progressive

En clair, le système d’exploitation – Windows XP pour Microsoft et MacOS pour Macintosh – sera progressivement abandonné pour des logiciels libres et ouverts (dont le code source n’est pas verrouillé et propriété d’une multinationale). L’alternative en logiciel « open source » s’appelle actuellement Ubuntu. Elle est relativement peu utilisée, contrairement à la suite bureautique Open Office qui s’est déjà imposée au DIP[1]. Très complète, elle comporte, outre un traitement de texte, des tableurs ou de quoi faire une présentation de type Powerpoint.

Démarche participative

Pour l’Etat, les avantages sont multiples. « L’information gérée par l’Etat est une ressource stratégique dont l’accessibilité par l’administration et par les citoyens, la pérennité et la sécurité ne peuvent être garanties que par l’utilisation de standards ouverts et de logiciels dont le code source est ouvert au public », peut-on lire dans le plan de déploiement. Le processus enclenché par le Service écoles-médias (SEM) se veut participatif. Le processus a été mené de manière transparente, sur la place publique dès le début. Résultat, cinq écoles ont manifesté de l’intérêt pour être projet pilote. « C’est de très bon augure pour la suite », se réjouit Manuel Grandjean, directeur du SEM. L’instruction publique est pour lui un bon endroit pour mettre en oeuvre cette migration. « Le travail d’enseignant intègre largement la collaboration et la mise en commun de ressources », note-t-il. Dans le crédit de 26 millions de francs voté récemment par le Grand Conseil pour mettre en oeuvre l’administration en ligne, une partie sera affectée à la mise en place des outils permettant cette collaboration.

A Genève et dans le monde

Une plate-forme est en train d’être élaborée pour permettre d’échanger, par exemple, du matériel pédagogique. Ce qui est déjà le cas actuellement, mais dans un cadre moins ergonomique et surtout partiellement réservé au corps enseignant. Le projet du SEM prévoit la mise à disposition de ce matériel – « théoriquement, à la planète tout entière » – selon une licence créative common qui garantit la propriété intellectuelle mais autorise tout usage non commercial. « On est véritablement dans une défense du bien commun », explique Manuel Grandjean. L’idée des logiciels libres est bien celle d’une mise en commun et d’un partage des ressources. Pas de piller le travail des autres. « L’Etat de Genève contribue activement à ces logiciels », souligne le directeur du SEM, « par exemple, nous développons un système de salle de classe multimédia que n’importe quelle école pourra ensuite utiliser. Et si un établissement d’un autre continent y apporte une contribution, nous serons peut-être preneurs de cette amélioration. »

Tout n’est pas transférable

Ce passage vers les logiciels libres ne sera pas complet. « Dans certains domaines, il n’est pas possible de se passer complètement de Microsoft ou de Macintosh », résume M. Grandjean. Lesquels ? « Nous sommes en train de tester un système qui va remplacer les labos langues équipés de vieux Revox, qui ont trente ans. Or, dans ce domaine, il semblerait que Macintosh soit la référence. On ne va pas changer une Ferrari pour une 2CV juste parce qu’elle est open source. » La démarche entreprise au niveau du DIP s’inscrit dans un cadre plus vaste, à savoir une migration progressive de l’informatique de l’Etat vers des logiciels libres. Bien des serveurs informatiques de l’administration cantonale tournent déjà avec GNU/Linux, la plate-forme la plus adaptée pour cette informatique gérée par des professionnels. Mais dans les usages plus courants, les prochaines étapes vont concerner, par exemple, la généralisation d’Open Office dans tout l’Etat.

Posté le 23 mai 2009

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