“Nous sommes tous des hackers !”

Reprise d’un article publié par Internet actu
Dans Coopération, Interfaces, Usages, design, par Hubert Guillaud, le 28/04/09

(magazine en ligne sous licence Creative Commons)

L’Institut pour le Futur (IFTF) vient de publier a publié il y a un an, à l’occasion de la Grande Fête du Do It Yourself (DIY) organisée par Make Magazine, après plusieurs mois de recherches sur le sujet, une carte (.pdf) qui en synthétise les acteurs, les tendances et les implications.

Et de constater l’émergence de 2 forces qui animent ce mouvement, l’une sociale, l’autre technique, “en passe de transformer la façon dont les biens, les services et la façon dont on expérimente les “choses” sont conçues, construites et distribuées”. Cette culture émergente des “faiseurs” se constitue à la frontière du bidouillage et de la personnalisation des produits que chacun acquière. Une culture qui est certainement favorisée par le numérique qui demande, plus que les produits non numériques, à s’adapter à l’utilisateur.

“Nous sommes tous des hackers”, clame Mark Ward pour la BBC Technology, reprenant les propos de Mark Frauenfelder, rédacteur en chef de Make. “L’internet a rassemblé des communautés auparavant isolées”, rappelle ce dernier, soutenus à la fois par la facilité d’approvisionnement, la possibilité de montrer ces bidouillages (comme ont le voit sur le site Instructables.com) et par le renouvellement des formes de regroupement, que ce soit des festivals comme les Dorkbot ou la création de lieux dédiés au bidouillage, des “HackerSpaces”, comme les appelle Wired ! .

Ainsi, Noisebridge est un espace collectif pour hacker installé à San Francisco où l’on apprend à programmer, à construire des objets électroniques faits de capteurs et de leds. On dénombre 96 lieux pour hackers à travers le monde, selon HackerSpaces : des espaces de cohacking (à l’image des espaces de coworking comme la Cantine à Paris), tentent de nous faire vivre les technologies par la pratique de leur détournement et de leur personnalisation. La France en recense un à Vitry-sur-Seine : le TMPLab.

Les experts de l’IFTF soulignent que ce mouvement DIY est fondé sur une culture hacker (“une culture du bricolage, du piratage du code, de la soudure des circuits, de la création de médias”…) dont il y a beaucoup à apprendre : sur l’organisation en réseau, la façon de récompenser les “demandeurs de solutions” (et pas seulement ceux qui les trouvent), l’accès ouvert, l’engagement actif et sa valorisation, la transparence, la célébration des bidouilleurs… Mais aussi la créativité ou la mentalité des participants. Il serait d’ailleurs plus juste de parler d’un mouvement “Faisons-le nous-mêmes” (Do it Ourself) qu’un “Faites-le vous-mêmes” (Do it yourself), parce que l’implication y est premiè ! re et que ce n’est pas une injonction, mais bien une appropriation. Le schéma proposé par l’IFTF distingue ainsi plusieurs leviers : la sociabilité, la motivation économique, la quête d’authenticité, la valorisation du professionnel-amateur, l’accessibilité (“Si vous ne pouvez l’ouvrir, il ne vous appartient pas !”) et la volonté de tout rendre accessible en open source.

Pourtant, expliquent très bien les experts de l’IFTF, cette culture n’est pas appelée à remplacer l’industrie traditionnelle. A l’avenir, les tenants de cette culture seront appelés à être plus liés aux fabricants traditionnels, que ce soit par des formes de coopération ou de concurrence, contribuant à brouiller toujours plus avant les frontières qui les séparent.

Via Putting People First.

Lien permanent et réaction en ligne : http://www.internetactu.net/2009/04/28/nous-sommes-tous-des-hackers/

Posté le 2 mai 2009

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