HADOPI : Christine Albanel et Franck Riester persécutent le Logiciel Libre

une protestation de l’association April

Une alliance transpartisane emmenée par Martine Billard (GDR) [1], Patrick Bloche (SRC) [2], et Jean Dionis du Séjour (NC) [3] s’est formée jeudi 12 mars 2009 à l’Assemblée nationale pour défendre les droits des auteurs et utilisateurs de logiciels libres. Malheureusement, Christine Albanel et Franck Riester ont rivalisé de parti pris pour s’opposer à l’abolition de discriminations majeures instaurées par la loi DADVSI..

La loi DADVSI du 1er août 2006 a créé une insécurité juridique majeure pour les auteurs et utilisateurs de logiciels libres [4]. Elle a également été l’occasion d’une grande première mondiale : la loi permet explicitement d’interdire à un auteur de logiciels libres de diffuser son logiciel avec son code source [5] Des députés de tous les groupes, à l’exception du groupe UMP, ont tenté par leurs amendements au projet de loi « Création et Internet » de rétablir l’égalité devant la loi.

La ministre de la culture Christine Albanel et le rapporteur UMP Franck Riester [6] ont formé un duo de choc pour refuser aux auteurs et utilisateurs de logiciels libres de jouir des mêmes droits que tous les citoyens français.

À grands renforts de mauvaise foi, ils ont prétendu que l’interopérabilité était inconstitutionnelle et contraire à la directive EUCD, et refusé de lui redonner toute la place qu’elle mérite [7]. Les arguments pourtant solides de la tenace Martine Billard (GDR) [8] de Patrick Bloche (SRC) et de Jean Dionis du Séjour (NC) n’y ont rien fait.

De la même manière, Christine Albanel et Franck Riester se sont obstinés à limiter le droit moral des auteurs de logiciels libres : ils ont refusé de lever la possibilité d’interdire la publication d’un code source [9].

« Alors que leurs prédécesseurs péchaient essentiellement par incompétence, Christine Albanel et Franck Riester se sont aujourd’hui rendus coupables d’un parti pris inédit contre le logiciel libre. Il est regrettable qu’aucun député UMP ne soit intervenu pour leur rappeler les enjeux liés au Logiciel Libre et à l’interopérabilité » déclare Frédéric Couchet, délégué général de l’April.

« Il est incompréhensible que ceux qui prétendent défendre le droit d’auteur nient le droit moral des auteurs de logiciels libres » ajoute Benoît Sibaud, président de l’April. Toutefois, ce ne serait pas la première négation de droits fondamentaux [10] à laquelle se livreraient les promoteurs de ce projet de loi. Ce n’est pas non plus la dernière. « Il ne fait désormais plus aucun doute que ce projet de loi va nier en bloc les droits des auteurs et utilisateurs de logiciels libres, et imposer à tous un filtrage des contenus et une surveillance de leurs communications numériques. Nous appelons tous les députés et l’ensemble des citoyens à s’y opposer par tous les moyens en leur pouvoir » conclut-il.

Références

1. Groupe des députés de la gauche démocratique et républicaine.

2 . Groupe des députés socialistes, radicaux, citoyens et divers gauche.

3. Groupe des députés du Nouveau Centre.

4. Voir le document EUCD.INFO : Que fait la DADVSI ?

5. Article L.331-7 du code de la propriété intellectuelle
« Le titulaire des droits sur la mesure technique ne peut imposer au bénéficiaire de renoncer à la publication du code source et de la documentation technique de son logiciel indépendant et interopérant que s’il apporte la preuve que celle-ci aurait pour effet de porter gravement atteinte à la sécurité et à l’efficacité de ladite mesure technique. ».
Voir l’article d’EUCD.info : L’autorité des mesures techniques : une usine à gaz inefficace et coûteuse en capacité de censurer le libre ?

6. Franck Riester s’était d’ailleurs déjà illustré pour son opposition à l’interopérabilité lors des débats en commission des lois. Voir le communiqué de l’April : Riposte graduée :le rapporteur s’oppose à l’interopérabilité. L’April appelle à la mobilisation

7. Amendement n° 304 de M. Bloche, M. Christian Paul, Mme Erhel, Mme Karamanli, M. Mathus, M. Brottes, M. Françaix, M.Gagnaire et les membres du groupe Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Amendement n° 331 de M. Dionis du Séjour et les membres du groupe Nouveau Centre

Amendement n° 421 de Mme Billard, M. Brard et les membres du groupe de la Gauche démocrate et républicaine

L’April remercie tous les députés qui ont contribué au dépôt de ces amendements, visant à la suppression de la protection des DRM empêchant l’interopérabilité ou le libre usage de l’oeuvre, et plus particulièrement Madame Billard, Monsieur Bloche et Monsieur Dionis du Séjour qui les ont défendus en Hémicycle.

8. La députée a démontré à la ministre et au rapporteur qu’ils mentaient purement et simplement.Consulter le compte-rendu des débats pour plus d’informations :

9. Amendement n° 305 Rect. de M. Bloche, M. Christian Paul, Mme Erhel, Mme Karamanli, M. Mathus, M. Brottes, M. Françaix, M. Gagnaire et les membres du groupe Socialiste, radical , citoyen et divers gauche
Amendement n° 337 de Mme Billard, M. Brard et les membres du groupe de la Gauche démocrate et républicaine

Ces amendements visaient la suppression de la possibilité pour un titulaire de droits sur un DRM d’empêcher la publication du code source si cette publication aurait pour effet de « porter gravement atteinte à la sécurité et à l’efficacité du DRM ». Cette disposition introduite par la loi DADVSI était incompatible avec le logiciel libre et privilégiait le droit d’auteur du DRM par rapport au droit
moral de tout auteur de logiciel libre.

10. Voir le communiqué de presse de la Quadrature du Net : « HADOPI à l’Assemblée : Une surdité coupable »

Posté le 15 mars 2009

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