Elle se déroulera dans le *petit Amphi de Télécom Bretagne* de *12H30 à 13H45*.
LabSTICC-UMR CNRS 3192 – TELECOM BRETAGNE
La théorie de l’information, en tant que science établie, a tout juste soixante ans. Elle a été à l’origine de nombreuses innovations technologiques et du formidable essor des télécommunications qui ont été son champ d’application principal. Cependant, si la science est jeune, l’objet de son exploration - l’information - est vieux comme le monde. Qu’il s’agisse de son écriture, de sa protection, de son transport, de sa restitution ou de son interprétation, l’information est la substance première des systèmes, matériels ou humains, qui communiquent et évoluent. Il est donc naturel que les concepts et les techniques qui ont émergé de la théorie de l’information et plus particulièrement des procédés de correction d’erreurs, s’ouvrent au monde et contribuent à répondre au grand défi scientifique de ce siècle : la pensée artificielle.
La première partie de l’exposé présentera les retombées les plus marquantes de la théorie de l’information sur les télécommunications. Il y sera spécialement observé que, si la théorie de l’information fournit les bases conceptuelles, les modèles et les outils d’analyse des systèmes de communication, elle ne donne pas directement les clés des solutions pratiques. Ce n’est pas une science déductive. Les algorithmes mis en œuvre dans les systèmes de télécommunications modernes doivent donc s’appuyer sur des avancées pluridisciplinaires qui offrent à la théorie de l’information les méthodes et les moyens d’appliquer sous des formes variées le premier de ses commandements : la diversité. Un exemple récent de croisement réussi de connaissances issues de plusieurs disciplines : mathématiques, physique et électronique est donné par le "principe turbo" qui régit le traitement distribué de l’information dans les récepteurs de télécommunications. La première application du principe turbo a concerné le codage correcteur d’erreurs (diversité temporelle) et a débouché sur l’invention des turbocodes.
La seconde partie de l’exposé sera consacrée aux liens qui peuvent être établis entre la structure des décodeurs modernes et le réseau neural biologique, dans une commune vision du traitement de l’information, distribué, parallèle et probabiliste. L’enjeu est celui d’une nouvelle approche de l’intelligence artificielle, avec des retombées importantes pour les applications des sciences cognitives, notamment à travers les concepts de "pensée artificielle" et "recherche artificielle". Mais la route est encore longue avant que les premières machines pensantes véritablement bio-inspirées ne soient disponibles pour contribuer aux progrès de l’humanité. Ce sera probablement la grande affaire des vingt ou trente ans à venir.
