Bibale une proposition de service de partage proposé par un entrepreneur brestois du web2.0

Petite interview de Mathias Herberts, porteur du projet Bibale-[>http://www.bibale.com/] qui permet de gérer et prêter gratuitement ses livres, CD, DVD et jeux vidéo.

Tu viens de proposer Bibale un nouveau service de prêt sur internet peux tu nous le présenter ?

Avec plaisir, Bibale est un service qui propose deux fonctionnalités
complémentaires.

La première est le référencement de ses livres, CD, DVD et jeux vidéo
que l’on peut virtuellement ranger dans des étagères. À chaque objet
on peut associer des tags, une note et un commentaire et un moteur de
recherche permet retrouver facilement ce que l’on a rentré (ou ce que
d’autres ont rentré).

La seconde fonctionnalité est édifiée sur la première, il s’agit de
faciliter la mise en relation des personnes possédant un objet avec
ceux souhaitant y avoir accès. Il est possible de faire une recherche
sur tout Bibale mais difficile de savoir si le résultat en question
est à côté de chez soi ou à l’autre bout de la planête ! Pour pallier
à ce problème, Bibale a la notion de Club. Un club est un point de
rencontre géolocalisé auquel les utilisateurs qui le souhaitent se
rattachent et au travers duquel ils peuvent partager des étagères.
L’idée est que les clubs se superposent aux lieux où les gens ont déjà
des interactions, lieu de travail, association, école, bref un endroit
où les gens se connaissent et se rencontrent. Bibale permet alors de
focaliser la recherche sur un ou plusieurs clubs, et de trouver à
proximité ce que l’on cherchait. Il suffit ensuite de contacter le
détenteur de l’objet que l’on cherche (que l’on connait sûrement) et
de se faire prêter le livre ou CD en question. Bibale offre la
possibilité d’enregistrer très simplement le prêt pour que les deux
parties n’oublient pas ce qu’elles ont et depuis quand.

Voilà en quelques mots la description du problème que Bibale essaye de résoudre.

Pourrais tu nous présenter en quelques mot ton parcours et ton choix
de t’impliquer dans le développement de services utilisant les outils du
web2 ?

Mon parcous est à la fois typique et atypique.

Du point de vue
académique je suis diplômé de Telecom Bretagne (promo 1996), j’ai un
DEA d’informatique et j’avais commencé une thèse sur les systèmes
distribués. Sur le plan personnel j’ai toujours eu une passion pour
l’informatique dès lors qu’elle est connectée, au milieu des années 80
je baignais dans les milieux minitelistes avec notamment MCB*STAR du
club Microtel de Rennes, QBBS ou Teaser.

Au milieu des années 1990
j’ai participé à la création de l’association Infini dont j’ai été le
directeur technique jusqu’en 2000.

Sur le plan professionnel, après quelques mois de thèse je me suis
rendu compte que le monde de la recherche n’était pas pour moi donc
j’ai arrêté ma thèse et je suis parti travaillé, d’abord dans une SSII
puis au Crédit Mutuel de Bretagne où j’étais en charge du socle
technologique et de tout ce qui touchait à l’Internet.

Et puis un jour Google m’a contacté pour une opportunité, je me suis prêté au jeu de
leur marathon de recrutement et j’ai eu une proposition. J’ai alors
pris un congé sabbatique et je suis parti travailler à Dublin, mais
partir sans sa famille n’est pas une bonne idée et une fois les
options pour l’avenir envisagées j’ai décidé de démissionner et de
rentrer en France, transformé par ces quelques mois passés chez
Google.

À mon retour j’ai fouillé dans mes cartons de projets pour
voir si j’avais un os à ronger et j’ai pris la décision début
septembre de consacrer tout mon temps à Bibale.

3) Pourquoi cette idée de mise en relation et de prêt ?

L’idée initiale est celle du référencement, et tout simplement pour
répondre à une problématique que j’avais.

Mon entourage lit
énormément, des bouquins achetés mais aussi des bouquins empruntés à
la bibliothèque, et à plusieurs reprises j’ai eu la mauvaise surprise
d’offrir un livre déjà lu :-(

En permettant de référencer les livres
lus, Bibale permet de résoudre ce problème. Voilà comment l’idée
initiale est venue. Parallèlement à cela j’ai toujours prêté des
bouquins et j’ai toujours été frappé par deux choses, d’une part le
fait que l’on cotoie sans le savoir au quotidien des gens qui ont
potentiellement les mêmes centres d’intérêt que nous, et d’autre part
que les livres sont faits pour être lus et que les bibliothèques de
chacun regorgent de trésors introuvables pour la plupart dans les
bibliothèques publiques. Ce constat associé à la plateforme de
référencement a donné naissance à la mise en relation et à la gestion
du prêt.

4) C’est là un service complémentaire de ce qui proposé par les
bibliothèques as-tu eu l’occasion d’en discuter avec des personnes en charge de ce service et quelles sont les premières réactions ?

C’est effectivement un service complémentaire, une anecdote résume
bien cela. Récemment on souhaitait emprunter la trilogie de Stieg
Larsson, Millenium. Adhérents à la bibliothèque de Guilers on est allé
voir si l’ouvrage était disponible, la réponse était non, il fallait
se mettre en liste d’attente avec ..... deux mois minimum d’attente
pour le tome 1 !

Parallèlement à cela, Bibale commençait à tourner
avec une quinzaine d’utilisateurs de la première heure, utilisateurs
qui à eux seuls avaient déjà référencé deux exemplaires de la trilogie
 ! En permettant d’exposer au plus grand nombre et de proposer le
contenu de sa bibliothèque au prêt entre amis, Bibale pousse dans le
même sens que les bibliothèques, i.e. vers toujours plus de lectures.

Je n’ai évoqué la chose avec un responsable de bibliothèque qu’une
seule fois, mais pas suffisamment en détail pour mettre en évidence la
complémentarité et les synergies possibles. Ce serait avec plaisir que
j’échangerai sur le sujet.

Je pense que Bibale peut être une plateforme utile aux bibliothèque en
cela qu’elles peuvent s’en servir pour mettre en avant leur fonds,
leurs acquisitions et le travail des bibliothécaires comme les listes
de lectures ou les animations spécifiques. L’aspect local étant très
important dans Bibale je pense qu’il y a plein d’usages à inventer.

5) Quelle est ta vision de cet internet du web2.0 qui permet des échanges de
tous vers tous et comment vois tu le développement de nouveaux usages ?

Pour moi l’Internet est un moyen formidable de créer du lien social,
et Bibale s’inscrit dans cette logique.

L’aspect local, voire
hyperlocal est important, et l’Internet peut apporter un réel plus
dans l’apport de solutions simples à des problèmes de tous les jours.

Mais la France n’est pas le pays le plus facilitateur pour le
développement de ces usages, notamment parce que la culture
d’ouverture et de partage ne semble pas aussi développée que dans
d’autres pays.

Pour ne prendre que l’exemple de Bibale, je m’appuye
aujourd’hui sur les Web Services d’Amazon ou Google pour trouver des
ouvrages parce que la BNF qui gère le dépôt légal en France ne propose
pas d’API pour accéder à ces données (alos que la bibliothèque du
Congrès aux USA le fait).

Les usages ne pourront se développer que si
les porteurs de projets ont des données sur lesquels les construire,
c’est un état d’esprit fondamental à adopter si l’on veut construire
des services de qualité.

Posté le 14 janvier 2009 par Michel Briand

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