Initiative 2009 : Sciences & Démocratie

Les 26 et 27 janvier se tiendra à Belèm (Brésil - Amazonie) un événement d’importance. En liaison avec le Forum social mondial qui se tiendra toute la semaine, deux jours seront consacrés au Forum mondial Sciences & démocratie.
Toutes les infos sur le site du forum : http://fm-sciences.org

L’initiative de parole que je vous propose ici s’incrit dans ce cadre. Ayant participé depuis le début aux réunions et aux échanges pour la mise en place du Forum S&D, j’ai envie de préparer l’événement en réfléchissant à voix haute, avec vous qui accepterez de recevoir ces petits papiers électroniques.

C’est un exercice exigeant, tant pour l’auteur que pour les lecteurs inondés de mails longs et denses. J’ai déjà expérimenté cette situation lors de la première phase du Sommet mondial sur la société de l’information en 2003.

Mais c’est aussi un exercice passionnant : prendre le temps de réfléchir autour d’un événement, avec une audience, quelle qu’en soit la taille, d’ami(e)s prêt(e)s à lire, réfuter ou argumenter, sans se perdre dans la critique stérile, ou les rapports de force langagiers.

Cette initiative vous parviendra par mail... si vous acceptez de vous inscrire sur le site http://airlibre.org. Sinon, vous pourrez lire les textes à votre gré sur ce site, ou sur tout autre site qui reprendra les messages qui sont diffusés en licence creative commons by-nc. Le site airlibre.org doit devenir l’entrepôt de mes publications. Mais pour l’instant, il est embryonnaire. Vous le verrez évoluer si vous revenez régulièrement sur cette adresse.

Le Forum mondial Sciences & démocratie poursuit, à mon avis, deux objectifs :

  • Permettre aux chercheurs des Universités et Centres de recherche de réfléchir aux conditions dans lesquelles il(elles) peuvent exercer en toute indépendance leur métier. La recherche est de plus en plus soumise aux pressions industrielles et militaristes. Comment défendre l’idée d’une recherche répondant avant tout aux intérêts de toute la société, disposant des moyens et de la protection publique suffisants pour analyser, comprendre, dévoiler, expliquer et transmettre au public les conséquences de l’introduction des nouveaux dispositifs techniques, biologiques, organisationnels, dans notre société.
  • Permettre aux mouvements sociaux de construire une nouvelle alliance avec les chercheurs. L’imaginaire scientifique, la culture de la recherche, à la fois culture d’excellence et culture de critique, sont nécessaires pour inventer un monde libéré des pesanteurs marchandes, et de leur rythme frénétique, pour s’ouvrir sur le temps de la réflexion collective. Alors même que la science et la technique sont sources de nouveaux risques, pour la planète comme pour les relations sociales, les mouvements sociaux doivent s’emparer de ces sujets non sur le mode de la peur, mais sur celui de l’orientation positive vers la satisfaction des besoins de toutes et tous, et la protection de l’écosystème fragile de notre planète.

C’est autour de ce nouvel enjeu démocratique fondamental que je vous invite à réfléchir en ce début de 2009. Il s’agit d’envisager la question du point de vue d’emblée mondial qui est à la fois celui de la recherche, et celui des mouvements altermondialistes. Alors que le réseau internet d’un côté, et l’économie globalisée de l’autre, nous rendent inter-dépendants, la science est trop souvent utilisée pour reproduire les inégalités et les dominations du "Nord" sur les autres. Nous n’avons qu’une seule planète, et c’est de son équilibre global, écologique, social, économique, militaire, géopolitique, culturel dont il est question quand on évoque la place de la science dans la décision collective. La nouvelle alliance entre les formes théoriques de la recherche, ses apports critiques et d’analyse, et les nouveaux mouvements sociaux du vingt et unième siècle peut transformer notre vision du monde et des étapes et méthodes du changement global dont il a urgemment besoin.

Pas une mince affaire, mais un chemin sur lequel chacun peut dès maintenant poser sa pierre, à l’image des sciences qui se construisent par l’apport incrémental de chaque chercheur.

Caen, le 1 janvier 2009
Hervé Le Crosnier

Posté le 14 janvier 2009 par Hervé Le Crosnier

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