Un article reprise du site Artesi http://www.artesi.artesi-idf.com/ de l’agence régionale d’Ile de France des technologies et de la société de l’information
On dépeint parfois le web et la vie associative comme deux mondes étrangers l’un à l’autre. Le monde associatif serait-il bousculé par les nouveaux outils et les nouvelles formes d’expression et d’action que le web permet à chacun ? Tout est-il pour le mieux si l’on dit que dans un monde devenu franchement individualiste, l’internet permettrait au moins aux individus de reconstruire du collectif quand ils le souhaitent ?
Aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il y a une faible proportion de sites associatifs parmi les sites web de référence, thématiques ou territoriaux, certains responsables associatifs s’interrogent d’ailleurs eux-mêmes sur ces phénomènes… Le web associatif n’est pas observé. Absent des politiques publiques nationales et territoriales et des « diagnostics » et « observatoires », il n’est pas dans les radars d’un monde politico-économique qui a ignoré et précarisé le fait associatif tout en déplorant l’affaiblissement du lien social.
Or, il n’y a pas de baisse de la « natalité » associative ces dernières années, et parmi les associations qui se créent, rares sont celles qui n’utilisent pas l’internet pour se faire connaître, échanger avec leurs adhérents et leur environnement, voire mobiliser. Au reste, le champ militant, qu’il prenne ou non les formes « classiques » de structures, est parmi les plus créatifs dans ses pratiques des TIC, et participe du « fait social internet » le plus contemporain. Sauvons la recherche, Pasdezerodeconduite, le « non » à Edvige ou les mouvements lycéens des dernières années auraient-ils eu la même portée sans l’internet ? A côté de la parole individuelle de blogueurs « citoyens » influents, ces mouvements dont on ne connaît pas ou peu les « chefs » illustrent l’apport du web à des constructions plus horizontales et multipolaires, « peer to peer » comme l’architecture du réseau. Précisément, l’autonomie des citoyens, l’ empowerment (la « capacitation ») de chacun au sein de la société civile, sont l’affaire des associations les plus anciennes et en premier lieu celles de l’éducation populaire. Il est important de voir comment l’internet peut se mettre au service de cette vision d’un citoyen rendu plus apte à être citoyen, à accéder au débat public malgré l’expertise qu’il requiert dans de nombreux domaines, à éclairer ses choix par la prescription de ses pairs plutôt que par l’argument d’autorité du sommet, à diversifier ses référents. S’il y a aujourd’hui un enjeu pour les associations, ce n’est pas celui de la maîtrise technique d’un ensemble d’outils, mais de la montée en qualité de leurs pratiques de ces outils, qui sont aussi des dispositifs sociaux.
En bref, il se passe quelque chose entre les associations et l’internet, en ce moment !
C’est dans ce contexte que, le 17 novembre 2008, la journée Démocratie en réseaux de la Région Ile de France mobilisera plus de trois cents acteurs associatifs, citoyens et territoriaux. Dans un contexte où les TIC, en voie de banalisation, ne remplissent plus les salles, ce qui se dit lors de ces rencontres tourne autour de la coopération, du maillage, du renforcement de la trame de notre société (exister en ligne, c’est pouvoir se relier aux autres) ; du partage d’informations et de connaissances, et de la nécessité d’un espace public non-marchand ; d’enjeux politiques comme ceux d’un débat public accessible, d’une élaboration collective permanente : on parle d’une « conversation » qui s’installe dans la société. Certaines associations font leur apprentissage. Elles ont compris le parti qu’il y avait à tirer de cette meilleure maîtrise de l’internet au service de leurs actions. Mais surtout, elles commencent à apprendre à se relier entre elles, au sein d’un territoire comme d’une thématique politique ou sociale. Or le principe même du « tissu » associatif a toujours été ce maillage, ces liens réciproques, ces fils tendus entre les actions convergentes. C’est lui qui est aujourd’hui curieusement faible sur la Toile, et qu’il est utile de renforcer, de rendre visible et lisible.