" Révolutions Numériques "

Débat, à l’initiative du PCF le samedi 8 novembre 2008 à Paris

Une information reprise du site Artesi http://www.artesi.artesi-idf.com/ de l’agence régionale d’Ile de France des technologies et de la société de l’information

La massification de l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans la plupart des champs d’activités humaines (industrie, arts, information, éducation, divertissement, recherche...) constitue un objet politique majeur de notre temps.

D’abord parce cette révolution technologique sert de justification idéologique à une recomposition radicale de la société, visant la destruction de tous les mécanismes de régulation, de socialisation des échanges et des services publics : un capitalisme total.

Ensuite parce que se trouve posée en grand la question de la maîtrise et de l’accès à ces outils, tant en terme d’infrastructures que de contenus. Il faut y voir l’un des enjeux les plus considérables de notre temps : économique, culturel, démocratique. A marche forcée se met en oeuvre un modèle compatible avec les intérêts du capitalisme, organisant la fabrique d’une opinion moutonnière, brevetant tous les biens communs, bridant la créativité des citoyens et banalisant toute force de travail intellectuelle, par exemple celle des artistes et des chercheurs.

Face à cette mécanique, d’autres logiques tentent de mettre au monde ce que serait une société de la connaissance. Elles font la démonstration que le partage, l’élaboration en commun constituent un modèle socialement efficace et individuellement épanouissant. Leur engagement adresse à l’espace politique une interpellation qui doit être entendue :

« La société de la connaissance sera ou ne sera pas ».

Poursuivant le travail d’analyse critique et de proposition qu’il a entrepris sur la révolution informationnelle, le PCF organise, le samedi 8 novembre 2008, une journée de travail pour contribuer à faire converger ces luttes et alternatives.

Au programme de cette journée qui se tiendra à l’Espace Oscar Niemeyer 2, place du Colonel-Fabien - Paris 19e

Matinée : état des lieux et des luttes, nouveaux antagonistes, nouvelles alliances, nouveaux enjeux.

9h00 - Accueil des participants
Ouverture des travaux par Jérôme Relinger (animateur du secteur « révolutions numériques et société de la connaissance » du PCF)

  • 9h30 - Travail salarié et Capital dans l’économie de l’immatériel libéral ?

Intervenants confirmés :

  • Philippe Aigrain (chercheur)
  • Jérôme Relinger (PCF)

Entre continuité et rupture, la révolution informationnelle bouleverse le capitalisme.
Elle semble lui ouvrir les portes d’un nouvel âge d’or tant par son potentiel inimaginable de développement des forces productives que par les champs nouveaux ouverts à son exploitation (économie et finance dérivée, connaissances scientifiques, culture, information, éducation,...). Dans cette mutation, marques, environnement imaginaire de l’entreprise et relation au consommateur, prennent le pas sur le produit et l’appareil productif lui-même.
Ainsi, un poème, un code génétique, une position boursière, une sonate de Bach sont numérisés, discrétisés en une marchandise unique : l’information.
Pourtant, alors qu’il est à la fois l’outil et le nouveau champ de bataille de la guerre permanente que se livrent les principaux acteurs du capitalisme mondialisé, cet emballement ne parvient pas à conjurer les contradictions majeures du capitalisme et même contribue à les aiguiser un peu plus : difficulté à mobiliser, à rémunérer et donc à assurer la reproduction de la force de travail intellectuel, asphyxie créative par l’appropriation privée et la marchandisation de biens communs immatériels (économies de rentes adossées aux brevets, au concept de propriété intellectuelle), instrumentalisation et ralentissement de la recherche fondamentale, coût social et environnemental de la déterritorialsation des processus de production,...
Sur fond de bouleversement de l’équilibre capital-travail, le numérique peut-il servir l’intérêt général ou est-il condamné à l’asservissement libéral ?

  • 11h00 - Psychopouvoir, hyper surveillance et fabrique du consentement : le pire des mondes est-il arrivé ?

Intervenants confirmés :

  • Henri Maler (Président d’Acrimed),
  • Frank Mouly (Commission Médias du PCF)

Terrain de la guerre économique, la révolution informationnelle est également au coeur de la bataille idéologique. La fabrique permanente de l’opinion, le contrôle médiatique et sémantique devient un enjeu de classe central.
Derrière l’abondance des canaux prévaut un nouvel impérialisme culturel, une véritable industrialisation des processus de domination idéologique des salariés, des consommateurs et des citoyens : de l’école aux think tanks, du cinéma au Web, de l’information au marketing.
La généralisation et la sophistication de nouvelles technologies de contrôle et de surveillance généralisée (RFID, biométrie, vidéosurveillance, DRM...) dans un contexte de désert législatif, accélère cette évolution qui sert directement les multinationales de la production et de la diffusion de loisirs.
Quelle analyse critique et quelles ripostes à cette préemption des consciences, du désir et au fond, du possible ?

Après-midi : Vers la gestion démocratique de l’intelligence collective. Un nouveau communisme : l’informationnel

  • 14h00 - Libérer les biens communs, dépasser la propriété intellectuelle

Intervenants confirmés :

  • Hervé Le Crosnier (universitaire),
  • Francis Parny (Membre du comité exécutif du PCF chargé de la Culture)

Contradictoirement, l’ère du numérique rend possible la transcription technique d’une nouvelle extension sans limite de la captation intellectuelle, de la traçabilité des oeuvres et des consommateurs.
Mais elle contient aussi une évocation concrète du dépassement de ce système à péage, issu de « l’âge de la rareté », profitant au propriétaire et au distributeur plus qu’à l’auteur, obligeant au paiement de l’usage et réduisant les possibilités d’appropriation.
Nous vivons la possibilité offerte à l’Humanité, pour la première fois de son histoire, d’accéder à une société de la connaissance partagée, d’ouvrir la perspective d’un nouvel universalisme en construction dans la mondialisation, condition première du vivre ensemble dans un monde de plus en plus complexe.
Se réapproprier comme des biens communs les oeuvres, la biosphère, le génome, l’espace public, les logiciels, les normes et les standards pourraient être la finalité et le processus même de ce qu’il conviendrait d’appeler un « communisme informationnel »
Entre révolution et respect du droit d’auteur, quel dépassement de la propriété intellectuelle pour une économie de la création profitable à tous, à commencer par les artistes et leurs public.

  • 15h30 - Propositions pour un renouveau de la gauche
  • Débat en présence d’Olivier Dartigolles, porte-parole national du PCF

Des propositions concrètes existent, qui sont aussi une source de renouvèlement propositionnel du socle commun de la vieille gauche. Elles sont à même de menacer sérieusement le capitalisme cognitif : plate-forme publique d’échange permettant l’universalisation du savoir par la socialisation des profits, nouveaux services publics de création et de diffusion des savoirs immatériels dans des formats publics inaliénables, encouragement à l’élaboration de la connaissance collaborative, éducation permanente et formation populaire, financements publics conditionnés par les formats des réalisations, libre diffusion de la culture scientifique, droits d’auteur du salarié... Autant de pistes pour enfin faire entrer les usages immédiats et réalistes dans la conduite des moyens révolutionnaires, et combattre réellement l’hégémonie culturelle du capitalisme.

Plus d’informations : ntic.pcf.fr

Posté le 3 novembre 2008

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