La course à la collecte de données - 5 réflexions sur les blogs, forum, wikis

Je fais partager 5 réflexions personnelles, issues d’un constat de cet été 2008, concernant l’évolution de la collecte d’information personnelles et son utilisation.

1. Les blogs, un espace facile pour recueillir des données personnelles ?

  • En France, le décollage de l’usage grands publics des blogs a été facilité, entre autres, auprès des jeunes publics, par la radio NRJ.
    Le manque de diversité d’offres ces dernières années a éconduit les jeunes sur le site de cette Radio aux procès réccurrents en terme d’éthique et messages sexistes explicites. Pour avoir un blog, les jeunes avaient le non-choix de se créer rapidement leur blog depuis le site de cette station radio et d’en subir les messages mais aussi les clauses, les formats.
  • C’est en soit une bonne illustration de la nécessité de la concurrence et d’une concurrence qui prennent conscience des enjeux de pratiques et d’éthique lorsque ce sont des mineurs qui publient des données personnelles.
  • Conclusion : Cela n’a t’il pas été un premier moyen rapide de récupérer très facilement de l’information personnelle ?

2. Les blogs en silo, piège à collecte de données ?

  • Depuis plus d’un an, j’archive des informations concernant des blogs qui sont générés automatiquement. L’objectif de ces blogs : faire croire que ce sont des vrais sites personnels. Mais pour quels buts ?
  • En typologisant ces sites on arrive à donner une forme à ce parasite volontairement crée et diffusé dans le web. A quoi ressemblent-ils ? Ils ressemblent à un vrai blog mais ne comportent aucune information personnelle échappée accidentellement, ce qui est un bon indicateur de "faux blog" ; les images sont toutes coupées très volontairement, les publicités portent fréquemment sur des produits de l marque Vuitton et les contenus sont souvent générés "au kilomètre", à la chaine. Une autre caractéristique de ces faux sites est qu’ils sont volontairement sexistes : sans aucun sujet, le contenu rempli part automatiquement sur un saupoudrage régulier de ce type dont vous remarquerez le côté impersonnel : "je ne comprends pas mon ordinateur, c’est normal je suis blonde, donc trop bête. pfff. Je suis donc partie acheter un sac Vuitton pour me remonter le moral...".
  • D’un point de vue architecture : le site renvoit vers d’autres liens pour donner l’illusion d’une vie sur le site. Or, ces liens sont des clones de ce même blog "fantôme". Nous voilà tombé dans un http://fr.wikipedia.org/wiki/Tore, un espace refermé sur lui-même et un piège pour les curieux-ses de passage.
  • Quel est l’objectif final ? est-il de collecter des données ? faire perdre du temps ? diffuser de la propagande sexiste ? inciter à la consommation ?
    Je n’ai pas de réponse dans la mesure où ce que j’ai personnellement appris en tout aussi inquiétant. En enquêtant sur ce type de blog et en insistant pour contacter les rédacteurs j’ai réussi à en extraire ces témoignages : j’ai découvert que ce sont principalement des femmes, elles s’occupent de la cohésion entre les les contenus générés au km et la cellule de travail qui va piocher des photos prisent sur Internet. Ces photos sont floues et coupées, jamais personnelles...
  • On y apprend finalement, qu’il y a un supérieur, sur une forme de plate-forme qui manage et surveille la production de ces animatrices de blogs à la chaine. Au début je pensais voir émerger une nouvelle forme d’activités professionnelles illégales...mais ce qui m’inquiète est cette nouvelle forme d’exploitation humaine sur l’utilisation massive des blogs comme espace de propagande sexiste et consumériste.

Petite remarque personnelle : ces sites bénéficient fréquemment de bons outils pour se faire référencer et occupent donc les premières places sur google par exemple. Cette blogsphère s’approprie un espace d’expression et décuple une fausse expression publique. Cette forme de censure, non réprimée alors que les sites sexistes sont répréhensibles, cache les sites de jeunes au moment où ils commencent à s’approprier les outils et construire et exprimer leurs idées, organiser leur vie visible depuis le web.

3. Speed dating, une nouvelle façon de récupérer rapidement des données personnelles ?

  • Actuellement je me pose une autre question du côté TIC/flexibilité/BarCamp/opencoffee. Face au constat que les technologies évoluent vite, des formules ont été crées pour se rencontrer, échanger, réduire les rencontres formelles et aller directement auprès des jeunes développeurs. Cela s’est traduit par plusieurs déclinaisons de type explorcamp, barcamp, open coffee ; dont les contenus sont co-construits via des wikis par les participants et dont la participation ouverte a aussi pour objectif d’essaimer ce modèle vers les villes isolées.
  • Or, j’apprends depuis peu que les formules BarCamp "se vendent", que les entrepreneurs rencontrent mais "piochent surtout des jeunes talents" des pays du sud... et ensuite ? Alors comment mieux accompagner et conseiller ces entreprises plutôt que d’assister à l’assèchement intellectuel local ?
  • Autres problématiques : Durant ces speed dating, beaucoup d’informations personnelles circulent et très vite. On peut se demander où disparaissent certains entrepreneurs, quelles entreprises de portage gèrent ces données internes, où est-ce extarnalisé, où sont traitées nos données ?
    Personnellement j’organise un BarCamp très prochainement, la diversité des acteurs sera ma priorité et les inscriptions seront libres. Mais cette flexibilité des TIC n’est elle pas exploitée par certains entrepreneurs peut soucieux de pérenniser les compétences de leurs employés ?

4. Les collectivités, collectrice d’information sur sa population pour aménager le territoire ou surveiller sa population ? Les réseaux sociaux ne se retournent-ils pas contre les habitants ?

  • Tactique de censure du web participatif - Mode d’emploi :
  • Ingrédient 1 : Une communication descendante faible
    Imaginons une ville qui organise des événements de type web 2.0 mais que ces outils d’expression ne soient en fait que des blogs en silo, n’offrant aucune possibilité de contacter, de se logger, de s’enregistrer ou de soumettre des publication. La population subie un nouveau media véhiculant des informations censées être produites par elle-même ! Le risque étant que ces modèles soient abandonnés sous le prétexte que la participation (qui n’a pas été techniquement initié) n’a pas été au rendez-vous.
  • Ingrédients 2 : Une communication ascendante impossible
    Des sites de ville impossibles à contacter ou qui changent d’adresse mails très régulièrement ; des services TI push sur des chemins choisis (opposé à une lpromenade libre pull) ; un réseau social de ville qui donnerait l’illusion d’une forme de liberté d’expression alors que les données personnelles sont accessibles par la ville.

5. Les "forums" versus les "Wiki" - Information diffuse/Information construite. Comment aider les associations à exploiter leurs données publiques ?

  • Constat : De nombreuses associations structurent ou fédèrent leurs sites sur des portails et communiquent via des forums. Ce qui rend très difficile le moyen de les contacter car il faut s’enregistrer sur un forum et écrire dans un espace décentralisé.
  • Les informations qui y sont contenus ne sont pas identifiées par les membres comme des données publique/publiables. On voit clairement que les associations ne situent pas toujours où se situent l’information privée de publique. Les données ne sont pas toujours exploitables pour eux-même et n’ont pas toujours consciences de cette richesse inexploitée.
    Parallèlement, des entreprises de veille possédant des outils de traitement de l’information peuvent les analyser très rapidement durant que les associations sont aveugles de leurs propres actions.
  • Actuellement je travaille sur un wiki pour une association afin de mettre en exergue toute la perennité structurante de l’information de l’association. Cette nouvelle visibilité d’eux-même a permis un nouveau pilotage des actions. A quand un service qui permette de rapprocher le contenu des forums et le traitement de ces informations structurantes pour les décideurs et membres (les wiki par exemple) ?

L’aggrégation et l’indexation de ces données est la richesse du groupe.

Valérie Dagrain

Posté le 1er octobre 2008 par Valérie Dagrain

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