Usages des TIC des communes bretonnes avec leurs différents partenaires

Cet article propose une approche des usages des TIC des communes bretonnes cette fois-ci à travers leurs relations avec l’extérieur (faisant suite aux articles sur les usages en interne et l’équipement ). Y sont abordées les différentes relations avec les partenaires d’une mairie et la place des échanges numériques. Le cas des appels d’offres, relations entre la mairie et ses fournisseurs, y est notamment évoqué. Enfin, en dernière partie nous y étudions certains facteurs expliquant une plus forte diversité des « relations numériques ».

Un article de Jocelyne Trémebert signalé par la lettre d’information de Marsouin, laboratoire des usages en Bretagne et repris du site http://www.marsouin.org/

Accéder à l’article sur le site de Marsouin

En 2005, nous avions déjà constaté que les communes étaient nombreuses à utiliser le Web en tant que source d’informations. Elles se rendaient sur les sites publics nationaux, régionaux, sur des sites de conseil juridique. Pour cette troisième édition de notre baromètre auprès des mairies, nous avons souhaité aborder par mode les relations avec les différents partenaires. Certaines communes sont encore au mode papier (fax, courrier postal, navette), téléphonique ou face à face, alors que d’autres envoient des courriers électroniques ou se connectent sur les sites Web. Les usages des TIC étant encore en 2007 davantage liés au partage d’informations qu’au travail collaboratif.

Les « relations numériques » avec les partenaires

Nombreux sont les partenaires d’une mairie, des services centraux de l’Etat, aux fournisseurs en passant par les services déconcentrés, autres collectivités locales, partenaires privés, partenaires associatifs ... Le tableau suivant reprend un certain nombre de partenaires, précise la nature des différents échanges ou procédures et fournit un rang numérique. Ce dernier est établi à partir du taux de communes ayant déclaré dans l’enquête [1] avoir des échanges numériques avec l’entité, via des échanges de courriers électroniques ou via un site Web.

(voir le tableau sur le site de Marsouin)

En tête viennent les échanges avec l’intercommunalité avec 80% de mairies indiquant une « relation numérique » . Ce n’est pas très étonnant dans le sens où, pour rappel, 98% des communes bretonnes appartiennent à une structure intercommunale et dans l’enquête 46% déclarent que leur intercommunalité a mis en place des projets liés aux TIC.

En seconde position on trouve le centre de gestion avec 70% des réponses. Il faut dire que le principal atout du centre de gestion pour les collectivités est de réunir un pôle de compétences juridiques, techniques et médico-sociales. Gérant à la fois la documentation, l’emploi, les carrières, l’organisation des concours et même pour certaines communes la paie, le remplacement, la prévention, l’assurance groupe, le lien avec la CNRACL, ce dernier s’affirme en cela, selon le centre de gestion des collectivités d’Ille et Vilaine, comme « le partenaire-personnel ».

Les mairies en tant qu’employeurs sont aussi amenées à faire elle-même ou à travers leur mandataire (expert-comptable, centre et association de gestion agréés) les déclarations de cotisations. 64% font leurs déclarations de cotisations URSSAF en ligne, 3% déclarent s’y mettre bientôt ; pour la DADS-U, Déclaration Automatisée des Données Sociales Unifiée, déclaration des rémunérations annuelles des salariés sous forme simplifiée, elles sont 81% en ligne , 3% ont également l’intention.

Instruisant, finançant les opérations de logements aidés par l’Etat, les aides à l’amélioration de l’habitat et la rénovation urbaine, informant les collectivités des règles qui s’appliquent à leur territoire, définissant et portant la politique locale de sécurité routière et de transports, en charge de la prévention des risques et de l’environnement, la Direction Départementale de l’Équipement est un interlocuteur de choix pour les mairies. De la simple demande de renseignements d’urbanisme, à la demande de permis de construire en passant par les déclarations de début et fin de travaux, les échanges sont nombreux. Aussi une mairie sur deux fait ses demandes en ligne (53%) mais cette proportion chute légèrement (31%) quand il s’agit de transmettre des actes aussi en ligne.

Les échanges concernent souvent des grands formats (plans) et elles sont alors nombreuses à avancer que l’usage du numérique est alors très pratique. 23% déclarent la numérisation faite par les services du cadastre (la mise à jour devant alors être assumée par la commune). Pour 26% cela a été pris en charge au niveau de l’intercommunalité. Un tiers l’ont fait de leur propre chef, sûrement en passant par un prestataire. Ces plans numérisés et même souvent vectorisés leur permettent alors de travailler à la parcelle et sont souvent enrichis d’informations sur les différents réseaux (EDF, eau, assainissement, téléphone, schéma éolien ...). Les nombreuses couches peuvent entretenir des relations entre elles, être croisées, interrogées... et sont liées à des flux de données. Constatons néanmoins que les communes jouent souvent le rôle de consommateurs d’informations plutôt que créateurs, surtout qu’elles sont nombreuses à ne pas profiter de toutes les informations offertes par leur SIG, une bonne utilisation demandant une pratique très régulière.
Restent 21% des communes qui déclarent travailler encore avec du format papier. Pour 73% la numérisation est espérée alors que pour 8% elle est attendue avec appréhension (plus 10% d’indifférents et 10% qui ne se prononcent pas).

Les échanges entre les mairies et le Trésor Public, sont en pleine évolution, notamment suite à l’arrivée de l’application Hélios, refondant les applications informatiques de la gestion du secteur public local en une application unique. Le système de gestion informatique s’en trouve modernisé, « en rénovant non seulement le service comptable de base mais aussi en proposant des services innovants à ses partenaires ». « Les « plus » escomptés sont :

  • la possibilité, pour le Trésor public, de proposer des services mieux adaptés aux besoins spécifiques de chaque collectivité ou établissement public local ;
  • des avancées notables dans la voie de la dématérialisation des titres de recette, des mandats de paiement et des pièces justificatives ;
  • la généralisation des moyens modernes de paiement (prélèvement ou TIP, paiement par Internet) pour le recouvrement des recettes locales ;
  • la possibilité donnée aux ordonnateurs de consulter via Internet, en mode sécurisé, les informations budgétaires, financières et comptables détenues pour leur compte par leur comptable du Trésor public [2] ».

Ainsi, Hélios permet donc d’échanger les écritures comptables, de paye, de facturation ... Mais en plus, il fournit également des services liés à la dématérialisation, c’est-à-dire l’envoi par voie électronique (via Internet) à la Trésorerie des bordereaux, titres de recette et mandats de paiement (signés électroniquement) et des pièces justificatives (factures, bulletins de paye...). Les documents transmis ainsi sont conformes à l’arrêté ou la délibération, signés électroniquement pour en garantir l’intégrité et en certifier le caractère exécutoire. Seulement, 57% des communes de notre échantillon échangent encore par papier. Il faut dire que le déploiement d’Hélios n’est pas encore terminé, certaines trésoreries n’étant pas encore prêtes. 63% de ces communes déclarent que les échanges entre ordonnateurs et comptables ne sont pas dématérialisés car leur trésorerie ne le propose pas actuellement (dont 18% qui précisent que c’est en-cours). Le diagramme circulaire qui suit nous informe d’ailleurs quant à leur position vis-à-vis de ce nouveau système.

Nous verrons par la suite que la numérisation des plans cadastraux par exemple est de loin davantage attendue, atteignant les 73% de réponses « espérée ».

Les mairies échangent peu entre elles par voie numérique, que ce soit pour des renseignements liés à l’Etat Civil, pour des partages d’expérience ... une sur trois d’après les résultats de l’enquête. L’utilisation du fax est encore prépondérante, surtout que souvent les documents échangés sont à la base papier et non numérisés. Elles sont également seulement une sur trois à échanger avec les associations de la commune par ce biais. Pourtant, comme nous l’a précisé un adjoint, leur rôle est aussi d’aider les associations à venir sur Internet.

Ce n’est qu’en neuvième position qu’apparaissent les échanges avec les autres sites de la mairie (locaux techniques, CCAS, crèches, écoles, offices du tourisme, campings municipaux ...). C’est sûrement lié au fait que les agents techniques sont peu utilisateurs d’Internet, c’est souvent le responsable qui y a accès (voir l’article précédent sur les usages en interne ). Pourtant recevoir par mail (ou sur des espaces partagés, un Intranet ...) des informations du type plannings, tableaux comparatifs des offres des fournisseurs, pourrait s’avérer intéressant pour ces derniers.

  • L’INSEE, la Préfecture et le Conseil Général arrivent en fin de peloton en matière « d’échanges numériques ». Ces partenaires sont récemment allés vers les mairies pour leur proposer de nouveaux services liés à la dématérialisation. Certaines mairies y ont déjà souscrit : 13% échangent numériquement parlant avec l’INSEE, 8% avec la Préfecture et 8% avec le Conseil Général. Ainsi pour l’INSEE, les communes tiennent à jour une base de recensement avec les radiations suite à des décès. Cette base est papier « pour les signatures et pour les personnes âgées ». Les communes pourtant préfèrent majoritairement l’envoyer encore par courrier. Il en est de même des listes de recensement pour la Préfecture et de tous les actes liés au Contrôle de la Légalité. Pourtant, selon la Caisse des Dépôts et Consignations, « l’application permet aux agents et élus de transmettre leurs actes (délibérations, arrêtés...) à leur préfecture et de recevoir automatiquement un accusé de réception électronique ayant valeur légale. Cela simplifie et optimise les transmissions des divers documents soumis au contrôle de légalité et permet aux agents de se concentrer sur le contrôle plus que sur le classement des courriers réceptionnés ».

Le cas des marchés publics

Posté le 9 août 2008

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