Le logiciel libre dans les administrations en Europe

Bonne année... libre pour les administrations européennes

Le mouvement de migration des administrations vers des solutions libres
a connu une brutale accélération en 2003. Et devrait encore s’amplifier
en 2004.

Un article tiré de la Lettre temPS réels n° 66 - mardi 6 janvier 2004

lettre d’information du PS sur les TIC

et site sous Spip ...

Qu’il s’agisse de s’affranchir du fournisseur unique, d’améliorer la
sécurité de leurs systèmes d’informations (via l’accès au code source),
de diminuer les coûts (de développement, de déploiement, de possession),
de réduire la facture des licences, ou encore de permettre aux acteurs
nationaux du logiciel de se développer, la plupart des gouvernements de
l’Union européenne se tournent vers des solutions libres ou « à source
ouverte ».

Livres blancs, guides de migration, cadre commun d’interopérabilité :
partout, on passe de l’expérimentation à la formulation de politiques.

La Commission prêche l’interopérabilité et préconise le recours aux
logiciels libres.

Le gouvernement israélien a décidé de ne pas renouveler ses licences
Microsoft Office en 2004.

Il a commencé, lundi 29 décembre, la distribution de milliers de CD-Rom
contenant la suite bureautique OpenOffice. En Israël, c’est le ministère
des Finances qui gère toutes les dépenses de l’administration. C’est
donc sous son autorité et son impulsion que les pouvoirs publics vont
progressivement être équipés de logiciels non propriétaires.

Où en est-on en France ?

Un député UMP, Marc Le Fur, a eu la bonne idée de poser la même
question écrite à chaque ministre du Gouvernement pour lui demander
"quelles mesures ont été prises pour favoriser l’utilisation de
logiciels libres, tels que Linux, dans ses services". Les six premières
réponses donnent quelques indications sur la pénétration du logiciel
libre dans les administrations : au niveau des serveurs, avec Linux,
mais aussi, de plus en plus, sur le poste de travail, avec OpenOffice.
Expérimentations, tests, études, évaluations, groupes de travail.... La
démarche est souvent prudente, mais le mouvement de migration semble amorcé.

Dans sa question écrite, Marc Le Fur demandait à chaque ministre de
lui indiquer "le coût représenté par l’achat de logiciels informatiques
pour ses services, pour les années 2001 et 2002"

Un autre député UMP de son côté, Bernard Carayon, s’alarme du fait que
« les services de l’État et ses établissements publics utilisent, y
compris pour des fonctions sensibles, des solutions informatiques
étrangères (s’agissant aussi bien de l’audit, de la fourniture de
solutions ou de leur soutien) ne présentant pas, c’est le moins que l’on
puisse dire, toutes les garanties de sécurité. Les ministères opèrent
leurs choix sans contrôle, sans coordination, ni doctrine ou assistance. »

Le gouvernement Raffarin et les ministres concernés (Fonction publique
et Réforme de l’Etat) ont fait preuve, jusqu’ici, d’une grande prudence
en matière de « politique du logiciel ». L’ADAE semble poursuivre la
politique de promotion du libre engagée par l’ATICA, comme le rappelait
Jacques Sauret, directeur de l’ADAE, lors de la 5ème journée du libre
dans l’administration, le 18 juin dernier.

Le secrétariat d’Etat à la Réforme de l’Etat prépare un plan stratégique
pour l’administration électronique. Prévue pour l’automne 2003,
l’adoption de ce plan stratégique a finalement été reportée à février 2004.

- Lentement mais sûrement, les administrations françaises passent au libre

- Le logiciel libre disparaît du droit francais

- 5ème journée du libre dans l’administration, le 18 juin 2003


Allemagne

  • Accord du ministère de l’Intérieur avec IBM et Suse, publication d’un
    "Guide de migration du gouvernement fédéral pour le logiciel libre"... A
    ce jour, plus de 500 entités publiques, ministères et municipalités ont
    choisi cette option.

Royaume-Uni

  • L’OGC (Office of Government Commerce), organisme qui gère les dépenses
    des services de l’administration, a publié en 2002 une directive
    recommandant l’utilisation d’applications informatiques "à source
    ouverte". L’ensemble des administrations centrales, régionales et
    locales seraient concernées. L’OGC juge les logiciels ouverts et/ou
    "libres" suffisamment sûrs pour les systèmes du gouvernement. "S’il est
    correctement configuré, un logiciel à source ouverte offre un niveau de
    sécurité au moins équivalent à celui des systèmes propriétaires, tout en
    étant actuellement moins sujet à des attaques via internet."

Le gouvernement britannique a lancé neuf programmes d’évaluation de
Linux afin d’estimer les économies que pourraient faire les ministères
en migrant vers des solutions Open source. Les neufs projets pilotes
seront expérimentés dans plusieurs ministères, y compris auprès du
Bureau du Premier ministre. IBM a été retenu pour ce programme.


Italie

Une Commission d’experts au ministère italien de l’Innovation et des
technologies préconise le recours à des logiciels libres dans
l’administration publique : l’adoption de ce type de logiciels doit
toujours être basée sur une analyse coûts bénéfices.


Danemark

En octobre 2002, le conseil danois de la technologie (Danish Board of
Technology) rendait public un rapport, "open source et administration
électronique". Le rapport évalue un certain nombre d’expérimentations en
cours, notamment celle de la municipalité de Hanstholm. Il estime à 500
millions d’euros (3,7 milliards de couronnes danoises) sur quatre ans le
montant des économies rendues possibles par un large recours aux
solutions logicielles open source.


Suède

Statskontor, l’agence nationale de gestion publique, a réalisé une
étude de faisabilité concernant le logiciel libre dans les
administrations. Pour les auteurs du rapport, « les normes et les formats
ouverts comme le logiciel ouvert sont des composants importants pour
garantir une concurrence accrue, améliorer l’interopérabilité et réduire
les coûts pour l’administration publique ».


Norvège

En 2002, le gouvernement norvégien avait annulé le contrat exclusif
qui le liait à Microsoft. Il réagissait ainsi au nouveau programme de
licences de Microsoft (la "Software Assurance", censée entrer en
application le 31 juillet 2002). Le gouvernement norvégien veut
désormais faire jouer la concurrence dans les secteurs privé et public,
permettant d’obtenir des logiciels de meilleure qualité, à un prix
inférieur.

Pays-Bas

Le gouvernement néerlandais désire promouvoir les normes ouvertes dans
le secteur public. Un programme a aussi été mis sur pied, l’OSOSS (Open
Standards and Open Source Software in Government), qui visera à mettre
sur pied les "bonnes pratiques" et à rendre accessible toutes
informations relatives à la promotion de standards ouverts et des
logiciels libres au sein du secteur public.

Suisse

Le Conseil fédéral a reçu le mandat d’évaluer les avantages et les
inconvénients d’une introduction progressive de logiciels libres dans
l’administration suisse. Le Conseil a statué que des logiciels libres
sont déjà utilisés et qu’une stratégie relative à l’emploi de logiciels
libres serait élaborée en 2003. L’unite de stratégie informatique de la
Confédération (USIC) prépare une stratégie concernant les logiciels
libres et gratuits dans l’Administration fédérale. Celle-ci a été
présentée le 1er septembre 2003 lors de la Journée des administrations
publiques consacrée aux logiciels libres


Voir aussi


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Posté le 21 janvier 2004

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