Le rapport Attali est bien gratuit

un article repris du blog musical de PhilAxel un site publié sous licence Creative Commons

Le rapport de la commission pour la libération de la croissance française présidée par Jacques Attali se trouve bien ce matin entéléchargement gratuit sur le site de la documentation française, comme prévu depuis le début de cette commission. Comme pour les autres rapports publics depuis une décision de Lionel Jospin en 1997 (le discours d’Hourtin), sa publication gratuite n’empêche pas qu’il puisse bénéficier d’un contrat de co-édition, comme ce fut le cas de tous les grands rapports publics de ces dernières années. L’éditeur s’engage alors à laisser le document en accès gratuit sur le site de la documentation française, tout en éditant une version agrémentée, s’il le souhaite, de bonus, explications, références etc.C’est exactement le principe que je défends ici pour la musique au travers des licences Creative Commons (Non commercial/Non remix). De surcroit, dans le cas présent, les droits d’auteurs de la version papier sont reversés, non pas aux auteurs de la commission, qui je le rappelle, sont tous bénévoles, mais à l’état par l’intermédiaire de la documentation française. Un journaliste des Echos, au lieu de commenter à l’avance les principales mesures sur le fond comme l’ont fait la plupart de ses collègues, a simplement copié/collé un brouillon du rapport une semaine avant sa publication gratuite (quelle performence journalistique !). L’editeur XO a donc porté plainte car il s’estime victime d’un préjudice, lui qui a déjà accepté une publication gratuite sur le site de la documentation française et engagé des frais pour publier la version papier. La publication des Echos est en effet, rappelons-le, une publication privée qui bénéficie bien a des acteurs privés : les actionnaires des Echos. Si une “privatisation du rapport public” a eu lieue, n’est-ce pas donc plutôt le fait des Echos qui prive l’état des ressources de la vente de la version papier ? Cette histoire assez claire et assez simple, se transforme actuellement sur le Net en une rumeurs populiste de la pire espéce. Je souhaitais juste ici, modestement, rétablir la vérité sur cette polémique. Et vous constaterez ainsi que quelquefois, ce sont les blogs qui rectifient les approximations des journeaux traditionnels.

Décidément, Jacques Attali est un très bon client pour les rumeurs les plus imbéciles. Vous verrez, il sera bientôt accusé d’avoir assassiné la princesse Diana ou égorgé des petits poussins avec ses dents. Jacques Attali savait très bien depuis le début que ce texte serait publié gratuitement sur Internet, sur le site de la documentation française, comme tous les autres rapports publics.Et cette histoire ne le concerne absolument pas mais concerne la documentation française, XO et les Echos.

Permettez-moi donc de soumettre simplement une petite idée à mes amis journalistes qui passent une mauvaise période, contraint eux-aussi à faire de l’audience à n’importe quel pris, y compris celui du populisme le plus dangereux pour la démocratie : travaillez autant que Jacques Attali sur le fond des sujets, commentez les propositions de sa commission (qui comportait plus de 40 personnes), chiffrez-les, expliquez-nous leurs conséquences aussi bien positives que négatives ; au lieu de faire des copiés/collés de brouillons de textes publiés gratuitement la semaine d’après. Nous attendons cela de vous, de l’analyse, de l’expertise.

Et en passant, je rappelle que j’ai publié un livre il y a presque trois mois maintenant, qu’il a été envoyé gratuitement aux journalistes de la presse écrite nationale, et que visiblement à ce jour, aucun ne l’a lu, alors qu’il traite justement de ces questions du financement de l’information. Car les questions du financement et des droits d’auteurs, sont les mêmes pour la musique que pour l’information. Dans un cas comme dans l’autre, avec la toile, nous passons de supports matériels à des supports immatériels, de biens rivaux à des biens non rivaux. Et ça, c’est l’économiste Jacques Attali qui en parle le mieux, parcequ’il travaille en profondeur sur ces questions depuis plus de trente ans ! C’est pourquoi je lui ai demandé d’écrire la préface de mon livre.

C’est dans ses ouvrages , ainsi que dans ses articles publiés gratuitement sur le site de l’Express, que j’ai trouvé les réponses les plus claires à mes questions sur ce sujet, même si je parcours tous les jours, par exemple, les titres en ligne de cet excellent journal qu’est Les Echos dans mes flux rss.

L’article et ses commentaires

Posté le 24 janvier 2008

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