L’Institut National des Télécommunications recherche un post-doctorant pour un an sur les "Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) vertes" dans le cadre d’un projet intitulé "ECOTIC" (voir PDF ci-joint pour les détails du projet)
Profil recherché :
- DocteurE en sociologie ou science politique
- FamiliariséE avec les questions d’écologie et de développement durable des entreprises
- Intéressé par les dimensions techniques : TIC, ACV, etc.
Le post-doc est à pourvoir au plus vite.
Le contexte du projet
De nombreux indicateurs montrent que l’environnement est considéré comme un enjeu
incontournable dans le domaine des TIC. Les études du cabinet Gartner l’annoncent,
l’équipementier Bull le répète dans ses lettres internes. Des regroupements d’industriels cherchent
à promouvoir ces nouvelles approches
etc. Les industriels cherchent à innover au travers du GeSI (Global e-Sustainability Initiative). Les
initiatives sont donc nombreuses. Elles entendent relever le défi présenté au chapitre 4 de l’Agenda
21, qui porte sur les « modes de production et de consommation durables ».
D’autres actions doivent suivre. Il est aujourd’hui question de mettre en place un étiquetage
énergie, comme pour les réfrigérateurs. La Directive EuP (Energy-using Products) vise à normaliser
un certain nombre de caractéristiques des appareils. A l’heure actuelle aucun ordinateur
commercialisé n’a reçu l’eco-label européen4. Les circuits de collecte des appareils usagés qui se
sont mis en place doivent rétroagir sur la conception. Cela ne se fait pas sans problèmes ni
ambiguïtés, comme l’a précédemment montré l’étude menée par plusieurs chercheurs du GET.
Du côté des consommateurs, le « marketing vert » a fait son apparition, et certaines études
montrent qu’une part croissante des consommateurs sont prêts à modifier leurs comportements
d’achats en faveur des produits verts. Les magazines dédiés se multiplient et les grands titres de
presse ont tous leur catégorie « écoconso ». Greenpeace a mené une campagne bien suivie contre
les fabricants trop peu soucieux de l’environnement. Certains, comme Nokia, cherchent à en tirer
parti pour se positionner. Depuis la loi NRE, toutes les grandes entreprises ont à rédiger des
rapports sur leur responsabilité sociétale et environnementale (ou « responsabilité globale »). Elles
communiquent depuis, plus ou moins longtemps et de manière plus ou moins ciblées sur les efforts
environnementaux réalisés.
Pourtant, les consommateurs ne semblent peu enclins à acheter des équipements TIC « verts ».
Les équipements présentés comme « verts » ne suscitent pas d’engouement massif. Jusqu’ici, seuls
les individus les plus militants achètent « vert », malgré une opinion favorable à l’écologie et à
l’éco-consommation. Des pistes pour expliquer ce fait paradoxal doivent donc être identifiées.
Contenu scientifique
Hypothèse de départ
Est défini comme « vert » ce qui est considéré comme une régulation physique non susceptible de
détériorer l’environnement à long terme. Il reste à voir si le « vert » est à distinguer du « durable »,
qui inclut la dimension économique et sociale du développement durable.
Approche
- Un état de l’art sur la double question de la consommation et la production
d’équipements TIC verts, incluant une bibliographie étendue :
- 1. le marketing vert et son analyse comparée selon les catégories de biens :
identification de déterminants à l’achat de "produits verts" sur différentes
catégories de biens de consommation et apport à la compréhension de la
consommation émergente d’équipements TIC verts. Suivant l’hypothèse d’un
« retard relatif » de la consommation verte de TIC par rapport à d’autres catégories
de biens (alimentation, transport, habitat, habillement, loisirs...), il s’agit
d’identifier les mécanismes de la consommation verte et du marketing vert ;
- 2. Les pratiques écologiques du secteur des TIC : étude des stratégies de réponses
apportées par les équipementiers TIC face au défi écologique. Panorama des
démarches mises en oeuvre avec une analyse possible sous l’angle des théories
institutionnelles (réponses aux modifications de l’environnement économique, social
et réglementaire)
- Des entretiens de terrain (focus group) : avec les industriels, les distributeurs, les
associations de consommateurs, autres acteurs (2 focus group : un avec des consommateurs,
l’autre avec des non consommateurs, H et F, âges de 20 à 40, actifs). Une analyse
conceptuelle des termes mis en jeu par les acteurs pourra alors être menée ;
- une enquête sur l’usage des Analyses de Cycles de Vie (ACV) par les différentes parties
prenantes. Il existe des centaines d’ACV, dont les faiblesses sont bien connues : problème de
pondération des différents impacts, de périmètre des analyses etc.
L’enjeu est de mieux
connaître les usages qu’en font les acteurs qui s’en servent afin de promouvoir leurs solutions
- Analyse économique de l’usage de l’argument « vert » dans un contexte d’innovation :
s’agit-il de pousser l’innovation ou au contraire de protéger ses marchés etc. ? S’agit-il de
promouvoir certaines normes au détriment d’autres ? Si oui, comment sont choisies les normes,
par qui ?
- Analyse des stratégies d’acteurs influençant les politiques publiques liées aux TIC
(analyse de publications, des institutions, des réseaux, des modes de décision) en vue de
produire une cartographie des acteurs en fonction du type de stratégie mise en oeuvre
(niveau France et UE). Il s’agira également du point de vue des politiques publiques de
répondre aux interrogations suivantes : Quels rôles pour les acteurs publics (Etat, collectivités
locales) dans la promotion des technologies vertes ? Quels sont les usages publics
(backoffice/frontoffice) des TIC vertes ? Quels gains/quels pertes par rapport aux technologies
traditionnelles et actuelles ?
Résultats attendus
Nous souhaitons identifier les dynamiques sociales sous-jacentes à l’enjeu écologique dans
l’orientation et l’organisation de la production et de la consommation. Clarifications conceptuelles,
évolution des régulations, anticipation des enjeux à venir en termes économiques, sociaux et
écologiques.
techniques.