lundi 14 janvier 2008 Paris

Journée "Nanotechnologies et débats publics.Quels apports des sciences sociales ?",

organisée par le Réseau Risques et Sociétés R2S

Journée "Nanotechnologies et débats publics.Quels apports des sciences sociales ?", organisée par le Réseau Risques et Sociétés R2S, avec le soutien du Service de la Recherche et de la Prospective du MEDAD, Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables,

Paris, Amphithéâtre de l’INRA, lundi 14 janvier 2008

Nombreux sont les acteurs qui considèrent que l’organisation de débats publics sur les nanotechnologies, comme sur d’autres questions scientifiques et techniques controversées, constitue une impérieuse nécessité. Après l’électronique et les biotechnologies, cette nouvelle frontière scientifique et technologique est lourde d’enjeux économiques. En outre, les risques, les incertitudes, et les implications sociétales, éthiques et politiques sont à la hauteur des promesses technologiques.

D’abord aux Etats-Unis dès 2001, ensuite au Royaume-Uni, puis en Europe (à l’initiative de la Commission Européenne) les débats publics autour des nanotechnologies se sont multipliés, sous des formes variées. Plus récemment en France, des démarches participatives ont été organisées à l’initiative de différentes catégories d’acteurs. En l’espace d’à peine un an, on a ainsi assisté à : des débats publics organisés par le Conseil Economique et Social, l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques, la Cité des Sciences et de l’Industrie, l’association Vivagora, ; des conférences de citoyens organisées par la Région Ile-de-France et par EpE-APPA (Entreprises pour l’environnement et Association pour la prévention de la pollution atmosphérique) ; la publication de rapports d’experts par le Comité de la Prévention et de la Précaution, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail, le comité d’éthique du CNRS…

Cet engouement pour le débat public mérite d’être questionné dans la mesure où il renvoie à des attentes contradictoires de la part des différents acteurs impliqués. Le consensus apparent sur la nécessité d’une mise en discussion publique de la question des nanotechnologies s’accompagne en effet d’une forte ambivalence en ce qui concerne les objectifs poursuivis. Schématiquement, pour les promoteurs des nanotechnologies, le recours au débat public est largement in-fluencé par le précédent des OGM, dont le rejet par les publics européens est mis sur le compte d’une mauvaise communication. Le débat public constitue dès lors un mode de communication qui doit favoriser l’acceptabilité des nanotechnologies. Du point de vue de certains opposants, le débat public est saisi comme une opportunité pour faire entendre des points de vue alternatifs et mettre en cause l’assimilation entre innovation scientifique et progrès, qu’incarneraient les nanotechnologies. Pour d’autres encore, la participation du public doit permettre d’éviter un pilotage exclusivement technocratique et remettre la dimension politique et les procédures démocratiques au cœur du développement de ce domaine technoscientifique.

A cette ambivalence des objectifs s’ajoutent un certain nombre de difficultés spécifiques à la nature même des nanotechnologies. Le débat public étant organisé en amont du développement (peut-être pour la première fois dans l’histoire des techniques), les choix semblent encore en principe largement ouverts. Ce carac-tère amont du débat constitue sans doute l’intérêt, mais aussi une difficulté majeure, car il implique pour les citoyens « profanes » et les parties prenantes de saisir les implications concrètes d’entités qui n’existent pas encore. Alternative-ment, les débats peuvent se focaliser sur des éléments relatifs à la gouvernance du développement des sciences et des techniques : pour qui et par qui doivent-elles être développées ? Quelles sont les responsabilités en cas de problème ? Comment connaître et réguler les risques ? …

La mise en débat des nanotechnologies est également compliquée du fait du caractère flou et protéiforme des nanotechnologies : si l’on définit les nanotechnologies par l’échelle nanométrique, le champ concerné est immense et les nanotechnologies ont potentiellement des applications dans l’ensemble des domaines d’activité (l’électronique, le médical, l’alimentaire, les cosmétiques, etc.). Comment délimiter le champ des débats ? les questions sont-elles les mêmes (ou se posent-elles de la même manière) d’un champ à l’autre ?

Enfin, les nanotechnologies sont généralement considérées comme des composantes élémentaires qui ont vocation à jouer un rôle permissif pour lever des verrous : mis à part pour les nanoparticules, les consommateurs ne pourront pas, le plus souvent, identifier le rôle des nanotechnologies dans leur quotidien. Quel-les sont les « prises » des participants sur les débats pour des objets aussi intangibles ?

Impératif du débat, ambivalence des objectifs et caractère largement insaisissable des phénomènes en cause : la combinaison de ces trois caractéristiques conduit à souligner la difficulté de l’entreprise ! Dans ce contexte, ce séminaire vise trois objectifs complémentaires :

  • faire un premier bilan des expériences de participation du public dans les nanotechnologies, en France et à l’étranger : quels types d’expériences ? à quelle initiative ? quels impacts ? à quels types de débats ont-elles donné lieu ? et qu’est-ce qui est mis en débat ? (…)
  • s’interroger sur la signification de la prolifération des débats publics sur les innovations et sur les risques. S’agit-il comme certains le revendi-quent d’un nouveau paradigme des relations sciences et sociétés, d’un tournant délibératif, de nouvelles formes de gouvernance ?
  • considérer enfin la diversité des apports des sciences sociales : recherche intervention, approches normatives, approches critiques… Quels types de connaissances sont produits ? Quelles articulations entre production de connaissances et contextes d’action ?

Programme

Matin

  • Introduction de la journée
    O. Borraz, P.B. Joly, A. Kaufmann
  • Le cas de Grenoble
  • Pierre-Benoit Joly (Directeur de recherche à l’INRA, Unité TSV)
  • Alain Kaufmann (Directeur Interface Sciences-Société, Université de Lausanne)
  • Brice Laurent (Chercheur, Ecole des Mines de Paris)
  • Dominique Vinck (Professeur à l’Université Pierre Mendès France et à l’Institut National Polytechnique de Grenoble)
  • La conférence de citoyens organisée par la Région Ile de France
    Cécile Blatrix (Maître de conférences à l’Université Paris XIII)
    Daniel Boy (Directeur de recherche au Cevipof, Sciences Po)
    Marc Lipinski (Vice-président du Conseil Régional Ile-de-France, chargé de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation scientifique et technique)
  • Discussion sur les expériences françaises : quel bilan ?

Après-midi

  • « Engagement du public » : une nouvelle donne dans les rapports science-société ?
    Brian Wynne (Professeur de Science Studies et Directeur Associé du CESAGEN, Université de Lancaster)
  • Participation du public et régimes de production des savoirs
    Dominique Pestre (Directeur d’étude à l’EHESS, Centre Alexandre Koyré)
  • Opening up or closing down : les débats participatifs et l’exploration démocratique des techniques
    Andy Stirling (Professeur, SPRU et Directeur du Centre SPRU-IDS, Université de Sussex)
  • Contributions des sciences sociales : postures et enjeux épistémologiques
    Arie Rip (Professeur émérite de Philosophie des Sciences et des Tech-niques à l’Université de Twente)
  • Discussion

Assemblée générale de R2S

Inscription : gratuite mais obligatoire (nom, statut, coordonnées) auprès de Isabelle.Bourdeaux@msh-alpes.fr avant le mercredi 09 janvier 2008

http://www.msh-alpes.prd.fr/risques...

Posté le 29 novembre 2007

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