Pour toute une série d’activistes de par le monde, tous orphelins de la politique (altermondialistes, militants de la cause des sans-papiers, mouvements écologistes et anti-consuméristes, activistes de l’anti-copyright ou du logiciel libre, etc.), Internet constitue un véritable laboratoire dans lequel on cherche moins à « faire mal » et à « faire nombre » qu’à « faire sens ». Ce laboratoire d’expérimentation politique - dans lequel chacun cherche à « maîtriser sa parole de bout en bout » - permet de renouveler les causes, de reconfigurer les répertoires d’action de l’action politique, leurs intrigues narratives et leurs dramaturgies esthétiques au point que l’on peut parler d’un véritable « médiascape » dans lequel se construit un nouvel imaginaire politique à l’échelon mondial.
Croisant les apports de la science politique et de la communication, de la sociologie pragmatique et des théories critiques de l’action collective, cette somme s’attache à récapituler les grandes étapes de l’activisme sur Internet au cours des dix dernières années (1995-2005) dans différentes régions du monde et à les situer dans leurs héritages culturels et historiques, du cinéma expérimental aux expériences des radios pirates en passant par les /tactical media /ou les situationnistes.
- Le site Internet : http://www.devenirmedia.net/ (avec des centaines de liens et de vidéos regroupant le corpus de recherche de ce travail)
Une partie du cadre théorique, bibliographique et empirique de ce livre a été développé et expérimenté dans un cours intitulé “Dissidences numériques : arts, technologie et politique” que j’ai assuré conjointement avec Laurence Allard à l’Université Lille 3 de septembre 2004 à juin 2007. J’en profite pour remercier les étudiants qui nous ont chaque année surpris et stimulé par leur imagination, leur engagement et leur virtuosité → voir leurs “actions” sur le blog de Politechnicart