Service de Formation Continue (UBO) à propos de Bureau Libre Free-Eos - Interview de Mr. Bruno le Berre

Bruno Le Berre est enseignant au Service de Formation Continue à l’Université de Bretagne Occidentale. Il est membre, depuis 2003, d’un groupe d’experts, au Ministère de l’Education Nationale, qui a travaillé à la mise en place du Certificat Informatique et Internet : C2I (ce certificat est aujourd’hui un passage obligé dans son cursus universitaire). Il intervient également à l’échelle régionale dans le cadre du Campus Numérique de Bretagne. Au titre de ses activités associatives, il est le correspondant local des « Amis du Monde Diplomatique ».


Comment avez-vous découvert le CD bureau-libre free eos et qu’est ce qui vous a plu dans ce projet ?

  • "Je crois que l’on a été associé rapidement. Les universités se sont très naturellement greffées sur ce projet.
  • Ce qui m’a plu c’est l’idée même d’un cédérom comme celui-ci. Car en tant qu’enseignant nous avions un double problème : nos étudiants ont besoin de logiciels de traitement de texte, tableur, de retouche d’image... pour travailler. Tous n’ont pas les moyens de se payer les produits de Microsoft, d’Adobe,... Le risque était qu’ils se mettent dans l’illégalité en copiant ces logiciels propriétaires. Il n’y avait pas d’alternative satisfaisante et l’arrivée du cédérom a été un soulagement.
  • Un atout fort du cédérom c’est son graphisme. Il y a quelques années nous avions eu aussi des initiatives sur l’université, de diffuser des cédéroms de logiciels libres, mais la diffusion se faisait à toute petite échelle, il y avait tout un travail pour la mise à jour et l’aspect graphique n’était pas satisfaisant. Le coté visuel a beaucoup contribué faire connaître le cédérom Bureau Libre."

Comment s’est passée la diffusion ? Quels retours en avez-vous eu ?

- "Dès juin 2005, puis en août 2005 nous avons commander des cédérom de bureau libre. En juin 2006, nous en avons commandé 3000 puis 5000 pour juin 2007. Le premier tirage a été un tel succès que l’on a dû en retirer rapidement !

  • Les syndicats étudiants ont apporté leur soutien à cette initiative et l’ont fait savoir au président de l’université. Il est toujours agréable d’avoir ce genre de retour. Les étudiants ont regretté que certains n’aient pas pu avoir le cédérom, ce qui a conduit à un retirage."

Qu’est ce que le Bureau Libre a apporté comme changements ?

  • Aujourd’hui, lorsque je suis en cours, je constate qu’un certain nombre d’étudiants travaillent avec Open Office, Pdfcreator, Gimp... C’est encore une minorité. Quelque chose s’est passé car ce n’était pas le cas avant !
  • Certains étudiants ont des ordinateurs portables et on voit qu’ils ont adopté les outils de Bureau Libre. Ce sont des outils qui répondent à leurs besoins. Je m’en rends compte concrètement lorsqu’ils me rendent leur travail dans un format « OpenDocument » . Comme nos étudiants ont d’abord été formés sur des suites offices de Microsoft, cela leur demande un temps de ré-appropriation pour Open Office. Il y a des outils qu’ils ont adopté très rapidement comme « Firefox »[1] en le considérant en avance sur son concurrent direct.
  • Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sont un enjeu majeur pour les étudiants. et elles se trouvent symbolisées par le C2i [2]. Ce certificat concerne tous les étudiants au niveau Licence. Après évaluation de leur niveau, une formation adaptée leur est proposée. Cette certification concerne aujourd’hui également les personnels enseignants et administratifs des notre université. Dés le départ, le ministère a fait le choix d’une certification ouverte, sans exclusive, qui s’intéresse à l’usage des TIC au quotidien, en y incluant le recours aux logiciels libres.
    Récemment se sont déroulés à Brest, les « Assises du Campus Numérique de Bretagne ». Nous voyons bien, au travers de cette manifestation régionale, une présence forte du ministère sur ces sujets. Les TIC sont un enjeu national.
  • L’idée du Libre avance. Pour preuve le projet d’expérimentation sur 3 ans mis en place à l’IUT. Les ordinateurs vont être équipés d’un système d’exploitation Linux et la bureautique sera aussi en Libre sous OpenOffice. Ceci va concerner tous les étudiants de l’IUT, ainsi que le personnel. Ce projet pilote sera évalué et permettra, en fonction des résultats, d’envisager d’autres migrations vers le Libre."

Est ce que les utilisateurs connaissent les logiciels libres ?
Avez-vous noté leurs intérêts ?

  • "Le point de départ est le besoin concret des gens : comment « générer du pdf » ou « pour le courrier ». Là, il leur faut des solutions, elles se trouvent sur le cédérom Bureau Libre. Nous leur expliquons la manipulation si besoin. Pour la messagerie nous leur présentons « Thunderbird » et comment archiver, répertorier leurs courriers, leurs contacts...
  • Quant à ceux qui connaissaient les logiciels libres, pour eux c’est une reconnaissance !. Il y avait des gens qui militaient déjà, ils sont très positifs lorsqu’ils parlent de bureau libre. Lorsqu’ils ont des travaux pour rendre aux enseignants, certains revendiquent l’usage du format libre. Il y a eu des initiatives du côté des étudiants en organisant, ces dernières années, des conférences : ils ont invité en mars dernier, Marie-Laure Dainesi, directrice générale des associations du CETRIL mais aussi auparavant , Nicolas Jullien (Laboratoire Marsouin), Philippe Rivière, journaliste au Monde Diplomatique...
  • Le Libre à l’université ne s’arrête pas à Bureau Libre c’est aussi la plate-formation à distance « Moodle », des serveurs sous Linux, des gestionnaires de bases de données, des systèmes de publication sur internet SPIP, wiki..."

Avez vous organisé des moyens d’information sur ces questions ?

  • "Je constate qu’il y a un manque d’information global sur le Libre même si les choses progressent. Au niveau de la formation des personnels à l’université on essaye de les former aux outils propriétaires et au Libre. Le C2i [2] propose cette ouverture où les individus ne sont pas enfermés dans des marques mais plutôt orientés vers des familles d’outils, vers des fonctionnalités et des usages.
  • Envisager une migration révèle des difficultés organisationnelles. Les logiciels libres sont l’inconnus et les individus craignent ce qu’ils ne maîtrisent pas : le frein majeur c’est celui-là. Si l’on installe ces outils cela signifie la nécessité d’un accompagnement fort."

Quelles sont les manques et les demandes que vous avez entendus ? Avez-vous des suggestions pour améliorer le CD et son usage ?

  • "Le Campus Numérique de Bretagne et le C2IMES proposent des ressources mutualisées dans l’enseignement supérieur. Nous utilisons beaucoup ces ressources et nous aimerions bien les regrouper. L’idée serait de rassembler dans un même support : logiciels libres et ressources de formation libres.
    Nous aimerions y ajouter« Formist » un guide pour apprendre à chercher de l’information en ligne. Ce travail a été fait par des documentalistes et propose des ressources électroniques pour l’étudiant et l’enseignant.
    Le cédérom Bureau Libre, des ressources libres pour le C2i et ce guide serait un ensemble qui répondrait bien à nos besoins.
  • Lors des Assises du Campus Numérique de Bretagne, nos collègues étrangers ont fait part de leur intérêt concernant Bureau Libre. Le représentant du Sénégal, notamment, a fait part de son grand intérêt. Il aurait cependant préféré disposer Bureau Libre sur clé-USB car cela semble mieux répondre à ses besoins.
  • Pour l’instant le cédérom est un produit fédérateur. Pour l’avenir, comment allez-vous évoluer ? Demain, aurons-nous Bureau Libre, nos ressources C2i... sur cédérom. DVD ou clé USB ? Il est encore trop tôt pour le dire.
  • Je viens de découvrir le nouveau site www.bureau-libre-free-eos.info, il est magnifique ! ». C’est vraiment un support qui manquait pour diffuser et échanger sur le projet (devenu réalité) de Bureau Libre."

Entretien de M. Bruno le Berre effectué par Valérie Dagrain le 11 Juin 2007


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Posté le 8 juillet 2007 par Valérie Dagrain

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