Publication : « La démocratie électronique » à la documentation française

Internet prend une place de plus en plus importante dans la vie démocratique française. Dans le domaine politique, les blogs d’élus et surtout des candidats à l’élection présidentielle 2007 se développent. Dans le domaine administratif, Internet permet de rapprocher l’État et le citoyen en favorisant la transparence et la simplification des procédures.

Mais l’existence d’une "fracture numérique" – 50 % des foyers français ne sont pas connectés – permet-elle de parler de démocratie électronique ?

Regards sur l’actualité fait le point sur cette question dans son dernier numéro.

Editorial

repris du site de la documentation française

Le thème de la démocratie électronique est au cœur du projet d’internet et cela que l’on envisage les usages politiques ou les usages administratifs de ce dernier.

Sur le plan politique d’abord, l’internet apparaît comme un prodigieux outil de diffusion d’informations qui peut aider les internautes à devenir ces citoyens éclairés qu’une démocratie vivante suppose. Il peut aussi stimuler l’implication des citoyens dans des actions collectives destinées à faire entendre leurs revendications, accompagnant la mutation culturelle des formes du militantisme que l’on constate aujourd’hui. Avec l’essor des sites web, des forums de discussion politique et des blogs, il offre aussi des instruments et des espaces relativement ouverts et horizontaux pour le débat politique et contribue ainsi à revitaliser l’espace public. Enfin, à plus long terme, on peut imaginer de se servir de l’internet pour associer davantage les citoyens aux décisions politiques, notamment en organisant des consultations ou des votes électroniques.

Avec l’informatisation de l’administration, l’internet associe les pouvoirs publics nationaux et locaux, les services administratifs et les usagers avec le souci constant d’améliorer la transparence de l’administration, de simplifier les procédures et d’en raccourcir les délais, de rapprocher l’État du citoyen, de faciliter le contrôle des élus sur les finances publiques et de partager les gains de productivité dégagés par l’administration électronique. Bref, l’internet permet de mettre le citoyen au cœur de l’administration en réseaux en cours de construction en faisant de mon.service-public.fr la base et la première étape d’une administration électronique citoyenne et démocratique.

S’agit-il pour autant de promouvoir une démocratie électronique directe, éventuellement mondiale, comme celle dont le philosophe Pierre Lévy se fait le héraut ? Plus modestement − et moins dangereusement −, il s’agit plutôt de profiter des outils qu’offre l’internet pour éclairer et stimuler notre démocratie représentative et pour rendre l’administration plus efficace et moins coûteuse.

Reste qu’on ne saurait parler de démocratie électronique tant que la moitié des foyers français (et 37 % des Européens) ne sont pas connectés ou ne savent pas se servir de l’internet comme c’est le cas aujourd’hui malgré les efforts déployés depuis 1997 par les pouvoirs publics pour réduire cette fracture numérique. Du programme d’action gouvernemental pour la société de l’information (PAGSI) lancé en 1997 par Lionel Jospin à l’opération « Internet accompagné » de 2006, tous les gouvernements successifs se sont en effet attachés à renforcer les équipements informatiques des Français, à améliorer la couverture électronique du territoire, à étendre les points d’accès publics à l’internet, à développer l’e-administration et à favoriser une acculturation technique minimale des « exclus » de la société de l’information. La résorption de la fracture numérique dans ses dimensions tant géographique que sociale reste toutefois encore largement un combat d’avenir

Sommaire

  • Éditorial
  • Internet : histoire et enjeux démocratiques

(Patrice Flichy)

  • Les usages politiques de l’internet

(Thierry Vedel)

  • Réduire la fracture numérique

(Fabien Granjon)

  • Les enjeux de l’administration électronique

(Pierre de La Coste)

  • Démocratiser la gouvernance de l’Internet

(Bernard Benhamou)

  • Pour ou contre des statistiques ethniques

(Patrick Simon, Bariza Khiari)

  • Le renforcement du rôle de la CNIL

(Mathieu Gaudemet, Romain Perrary)

  • Chronologie de la vie publique (septembre 2006)

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Posté le 19 février 2007 par Michel Briand

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