De l’économie du savoir vers celle de la création, ou l’émergence d’un nouveau paradigme

Plusieurs études récentes dans le domaine de la gestion des connaissances le démontrent : les organisations tant publiques que privées devront sous peu composer avec un nouveau paradigme. La majorité des experts du domaine s’entendent en effet pour affirmer qu’une nouvelle économie est à nos portes : place à la société de la création et de l’innovation ! [1]

Repris d’un article publié par le Cefrio dans son bulletin Sistech

Créativité, création, conception, design…

Or bien que la tendance soit importante et éminemment sérieuse [2], force est de constater que les termes employés pour la nommer sont loin de faire consensus. « Âge créatif », « ère de la créativité », « société de la création », « économie des idées », « paradigme de la conception » sont en effet autant d’expressions pour désigner une nouvelle réalité qui fait de la création et de la génération d’idées un véritable impératif organisationnel.

Par ailleurs, les spécialistes s’entendent aussi sur les principales causes de cette transition de l’économie des connaissances vers celle de la création. Pour Réal Jacob [3] et Pierre-Jean Benghozi [4], la création constitue en effet aujourd’hui le principal facteur de différenciation des organisations et partant, de leur compétitivité. Recherche de positionnement donc, et ce, non seulement par rapport à la concurrence étrangère, mais aussi relativement aux exigences des consommateurs qui réclament désormais des produits et des services hyperdiversifiés, personnalisés, sur mesure, à moindre coût, et de plus en plus rapidement. Laurent Simon [5] abonde dans le même sens. Il estime que « l’un des principaux vecteurs de pérennisation des organisations est l’innovation dont les principales sources sont les pratiques de création ».

Mais qu’entend-on par les termes « création » et « créativité » appliqués au contexte organisationnel ? Des définitions formulées par les experts du domaine, on peut dégager certaines dimensions cruciales lorsqu’il est question de création. Quand on parle de création, on fait ainsi référence à :

  • un processus collectif, nourri des interactions des différents acteurs de l’organisation (dirigeants, employés, clients, fournisseurs, etc.) ;
  • qui correspond à l’expression d’idées ou de solutions novatrices dont certaines seront combinées entre elles ;
  • en vue de leur mise en œuvre concrète au sein de l’organisation, mise en œuvre qui, elle, renvoie au concept d’« innovation ».

Et du côté des organisations ?

Comment les organisations peuvent-elles s’inscrire dans le courant et devenir parties prenantes de cette société de la création ? Quels seront, par exemple, les rôles que ses différents acteurs devront adopter (dirigeants, cadres, employés, syndicats, etc.) ? Comment cela se vivra-t-il au quotidien des organisations ?

On l’a vu, à la source de la création, réside l’interaction. Pour devenir créatives, les organisations doivent donc miser sur la socialisation, soit les interactions entre les travailleurs, à l’intérieur des organisations comme avec le milieu externe. Pour ce faire, selon Réal Jacob, de nouvelles formes organisationnelles fondées sur l’horizontalité, les réseaux, les équipes et la virtualité doivent être adoptées.

Et la tâche n’est pas mince ! Les sources consultées sont d’ailleurs unanimes pour décrire l’ampleur de la transformation qui attend les organisations. Pour prendre le virage qui s’impose, elles devront innover à tous les niveaux, que ce soit dans leur modèle d’affaires, leur modèle de gestion, leur structure organisationnelle, dans l’organisation du travail, dans l’aménagement des espaces de travail, et, au premier plan, elles auront à instaurer un changement profond de leur culture. En effet, le discours seul ne tiendra pas la route ; l’action devra se concrétiser, s’enraciner et transcender toutes les sphères de l’organisation

Extrait d’un article de l’édition de novembre 2006 du bulletin e-Veille réalisé pour le ministère des Services gouvernementaux. Consultez les autres articles du bulletin pour en apprendre davantage sur la gestion des connaissances et le travail collaboratif appliqués au contexte des organisations publiques.

Rédactrices : Catherine Lamy, directrice adjointe, Enquêtes et veille stratégique, CEFRIO, et Gisèle Vachon, chargée de projet, CEFRIO

Pour en savoir plus :

CEFRIO, Réseau CEFRIO, vol. 6, no 1, Votre organisation… un espace de création ?, novembre 2006.

[1Le CEFRIO a d’ailleurs publié à la fin de l’année 2006 une nouvelle édition du périodique Réseau CEFRIO, édition intitulée Votre organisation… un espace de création ? et précisément consacrée à la thématique de l’économie de la création.

[2De prestigieux périodiques lui ont en effet consacré au moins une de leurs éditions, tandis que le Forum économique mondial en a fait le thème principal de sa dernière rencontre de Davos.

[3Réal Jacob est directeur scientifique au CEFRIO et professeur titulaire du Service de l’enseignement du management, HEC Montréal.

[4Pierre-Jean Benghozi est directeur du Pôle de Recherche en économie et gestion à l’École polytechnique, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) (Paris, France).

[5Laurent Simon est professeur agrégé au Service de l’enseignement du management de HEC Montréal.

Posté le 20 janvier 2007

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